Par Serge Pouts-Lajus
Entretien avec Philippe Ameller, de l’atelier Ameller-Dubois
Vous êtes l’architecte du nouveau lycée Louis Armand à Eaubonne. Comment avez-vous travaillé avec le Conseil régional ?
C’est un nouveau bâtiment mais pas un nouveau lycée. Il s’agit d’une extension qui se greffe sur le lycée existant restructuré. Nous avons travaillé étroitement avec les services du Conseil régional qui ont rédigé le programme avec l’équipe pédagogique du lycée. Le programme nous oriente vers des solutions éprouvées.
Quelle latitude ce programme vous a-t-il laissé pour la conception des espaces ?
Notre liberté n’est évidemment pas totale. Elle est contrainte par toutes sortes d’impératifs, de budget, mais également de sécurité. Nous avons une latitude importante pour la conception des lieux de vie, des espaces de circulation. L’un des points forts du lycée, c’est l’escalier du hall d’accueil. Nous avions d’abord dessiné un escalier très transparent qu’il a fallu refermer pour des raisons de sécurité incendie et de coût. Un architecte de l’agence, Renaud Djian, a proposé de le mettre en scène, ce qui fait penser effectivement à une œuvre de Mondrian.
Nous avons aussi choisi de placer le CDI à l’entrée du lycée face au parvis, une position évidemment symbolique. C’est un espace en double hauteur, très transparent mais protégé du soleil pour assurer une lumière homogène dans les salles de consultation.
Vous n’avez pas les mêmes possibilités pour les salles de classe. Comment percevez-vous les contraintes du programme ?
Dans les années 70, il y a eu des tentatives originales qui ont conduit à réaliser des salles de classe en carré, en hexagone ou en trapèze. Mais ces solutions se sont toujours révélées difficilement adaptables. L’équipe pédagogique qui l’avait proposé s’y plaisait mais cela ne correspondait pas aux souhaits des équipes suivantes. Les programmes actuels nous imposent des salles rectangulaires dont la surface et le rapport longueur/largeur sont peu susceptibles de variations. Le programme privilégie une salle conventionnelle qui permet de répondre au plus grand nombre de configurations. Je ne dirais pas que pour l’aménagement d’une classe l’architecte est sans moyens. Dans notre projet à Eaubonne par exemple, nous avons joué sur l’ambiance qui peut être très différente d’une salle à l’autre. L’orientation est le premier facteur. Sur la partie surélevée du lycée, nous avons conçu une salle presque entièrement vitrée avec des brise-soleils. D’autres salles, orientées au nord disposent de vitrages colorés. Nous avons joué aussi sur les couleurs dans la classe même, mais avec tact et prudence pour ne pas trop souligner notre intervention.
Comment intégrez-vous la place de l’informatique dans votre projet ?
En raison des risques de vol, il faut concentrer les équipements dans des lieux sécurisés. Les salles de classe disposent de prises pour l’informatique et parfois de vidéo-projecteur, mais les postes de travail sont essentiellement regroupés dans des salles informatiques dédiées.