« Non sens pédagogique » pour le Sgen-Cfdt, » la note de vie scolaire n’est pas une réponse adaptée à la difficulté scolaire et aux problèmes de discipline des élèves », estime le Snes. C’est dire que cette mesure est largement rejetée parles organisations professionnelles.
Une mesure Robien. La note de vie scolaire a été instituée par une circulaire publiée au B.O. du 29 juin. Elle est attribuée par le chef d’établissement en concertation avec le professeur principal et le Cpe chaque trimestre de la 6ème à la 3ème. Elle évalue 4 choses : l’assiduité, le respect du règlement intérieur, « la participation de l’élève à la vie de l’établissement » et l’obtention de l’Assr et de l’attestation de formation aux premiers secours. Ces deux derniers aspects peuvent donner des points supplémentaires.
« La note de vie scolaire est prise en compte pour l’obtention du diplôme national du brevet, dans les mêmes conditions que les résultats aux disciplines évaluées en contrôle en cours de formation. Elle est la moyenne affectée d’un coefficient 1 des notes de vie scolaire obtenues par l’élève chaque trimestre en classe de troisième ».
Une note contestée et contestable. Avec l’arrivée des conseils de classe du premier trimestre, la question de l’attribution de la note se pose avec urgence. Et la note devient un thème récurrent sur les listes de discussion des enseignants.
Les reproches adressés au dispositif relèvent à la fois de la pédagogie et de la vie des établissements. D’un côté, la note est perçue comme un retour à la note de discipline qui transformait en points inclus dans la moyenne les fautes de comportements ce qui aboutissait à instaurer une « double peine » largement dénoncée dans les établissements.
Ainsi, sur le site du Café, une CPE s’interrogeait. « Les professeurs devront-ils noter le comportement des élèves dans leur cours ? Sera-t-il mis en place des « détecteurs » de certificats médicaux de complaisance pour évaluer au plus juste l’absentéisme ? Faudra-t-il éplucher les causes des absences avant d’attribuer les points en moins ou se basera-t-on uniquement sur les totaux ? Les professeurs sont-ils formés à l’évaluation des comportements ? L’élève peut-il être jugé sur sa personnalité ? Aurons-nous assez de recul, d’objectivité pour noter des comportements ? Et aurons-nous assez de temps ? L’injustice de ce système ne portera-t-elle pas préjudice à l’évaluation pédagogique proprement dite ? Inciter les élèves à participer à des actions citoyennes pour obtenir une meilleure note, n’est-ce pas les pousser un peu plus à un comportement consumériste ? L’évaluation pourra-t-elle être justifiée clairement aux familles ? »
Le désordre dans les établissements ? A la lecture des messageries professionnelles, il apparaît que la note éveille des tensions dans les établissements. « Ce qui nous choque vraiment c’est qu’une personne s’est permis le droit de juger les élèves au niveau mise au travail » écrit par exemple un enseignant. Dans son collège, les surveillants ont élaboré une grille précise et proposent des notes minimums au conseil de classe. Autrement dit le pouvoir de noter n’est plus l’apanage du professeur. Ailleurs la note oppose le chef d’établissement à son équipe ou le professeur principal à ses collègues.
Comment y faire face ? Le fait que la note de troisième entre dans l’évaluation du brevet amène des comportements différents d’un établissement à l’autre et des prises de position opposées dans les syndicats. Dans un communiqué de fin novembre, le Snes invite les enseignants à ne pas noter. « Nous sommes persuadés que le meilleur service que nous pouvons rendre à nos élèves est de ne pas entrer dans l’engrenage d’une note qui n’aura aucun effet prévisible sur ceux qui perturbent le plus la vie dans les collèges et qui ne peut que créer des malentendus et générer des tensions supplémentaires avec les élèves, voire leurs parents ! ». Le Sgen-Cfdt demande aux enseignants de mettre 20 à tout le monde. Le Se-Unsa propose de porter un avis « sur les deux seuls premiers points à savoir : assiduité de l’élève et respect du règlement intérieur. Cet avis peut aller par exemple du « RAS » au comptage des absences tel qu’il se pratique dans l’établissement. Pour la majorité des élèves, le chef d’établissement devrait donc mettre une note égale ou proche de 20/20. Pour les autres, faire en sorte que la proposition ne soit en aucun cas inférieure à la moyenne générale des notes de l’élève, afin d’éviter le principe de la double peine ».
Une réforme exemplaire. Pourquoi rappeler ces détails ? Sans doute parce que la note de vie scolaire est assez représentative des échecs de nombre de réforme. Sensée mobiliser les élèves et les inciter à se concentrer sur leur travail, par là présentée comme plutôt favorable aux élèves des quartiers défavorisés, la note de vie scolaire met en lumière les contradictions de l’Ecole. Et d’abord l’impuissance ministérielle quand il initie une mesure qui s’oppose à l’éthique professionnelle des enseignants. La note génère également des tensions internes qui nuisent au fonctionnement du système. Enfin elle installe une profonde inégalité entre établissements et corrompt un peu plus les examens nationaux alors qu’elle était présentée comme un affermissement de l’Ecole républicaine.
Communiqué
La note de vie scolaire
Pour une CPE…