Enseigner le colonialisme c’est possible. C’est même au programme comme en témoigne Joël Boutteville enseigne l’histoire-géographie en STMG au lycée Martin Luther King de Bussy (77). Il propose une séquence sur « Alger au début du XXème siècle » qui fait entrer les élèves dans une société coloniale à travers des parcours personnalisés à faire à distance ou en présentiel. « Ce qui m’a tenu à coeur c’est de prendre mes élèves de série technologique au sérieux avec des exigences adaptées mais de vraies exigences ».
La colonisation moins présente dans les programmes du lycée
Certes l’histoire coloniale est moins présente dans les programmes actuels du lycée. « Ca a été un thème plein et entier dans les anciens programmes », rappelle J Boutteville. « Aujourd’hui en série technologique, c’est abordé à travers le cadre d’étude sur la IIIème république où la colonisation n’est plus le coeur du sujet ». Mais dans ce chapitre, un sujet d’étude sur « Alger au début du XXème siècle » peut être pris.
« L’Algérie n’était pas une colonie mais des départements. Mais c’était bien une société coloniale », rappelle J Boutteville. « Vivre à Alger nous invite à réfléchir à ce qu’est vivre dans une société coloniale avec des communautés qui cohabitent mais ne vivent pas ensemble ». Mais pas plus. Le sujet retenu au programme évite les phases ou le régions où la violence coloniale s’exerce. « Le thème a peut-être été choisi pour éviter des réactions. Mais la colonisation e général est traitée dans le chapitre général du cours ».
Une séquence qui implique les élèves
La séquence imaginée par J Boutteville se décline en une douzaine d’activités de niveaux de difficulté différents qui sont proposés à des groupes de 3 élèves. « Les élèves se répartissent le travail selon leur appétence », dit J Boutteville, en optant par une sorte de contrat pour un niveau de difficulté. « Il ya des activités simples, comme collecter des informations dans des documents, et d’autres plus complexes », explique J Boutteville. Par exemple trois taches finales : un récit, un croquis cartographique et une synthèse à rédiger.
« Les enseignants peuvent proposer toutes les activités ou en piocher quelques unes. Certaines peuvent être faites à la maison à distance . D’autres sont plutôt à faire en classe. » L’institutionnalisation se fait à travers les trois taches finales.
Ruser avec le système
« Les élèves ont le choix de l’activité, ils peuvent ruser avec le système et ils aiment bien cela », explique J Boutteville. Il souligne un aspect important de cette séquence : le dossier documentaire comporte des éléments culturels. « J’ai apprécié de travailler sur des cartes postales d’époque et sur un texte littéraire de P Loti. L’approche est culturelle et pas seulement historique ».
« Ce qui m’a tenu à coeur c’est de prendre mes élèves de série technologique au sérieux avec une bonne problématique et des exigences adaptées, mais de vraies exigences ».
Propos recueillis par F Jarraud