Qui d’autres qu’André Antibi et son « Mouvement contre la constante macabre » (MCLM) pouvait en ce mercredi 4 juin réunir dans une même matinée l’actuelle directrice générale de l’enseignement scolaire Florence Robine, l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire du temps de Luc Chatel, Jean-Michel Blanquer, Mathieu Hanotin, un député PS de Seine Saint-Denis, vice président du conseil général et un ancien député UMP , Jacques Grosperrin, pour converger sur une idée simple : Ce qui fonde la valeur d’un diplôme, d’une évaluation, ce n’est pas son taux d’échec , mais le fait qu’on reconnaissance les compétences et les connaissances acquises par les élèves.
Depuis des siècles, notre système éducatif fonctionne, avec l’accord tacite de l’opinion publique, sur le principe que la valeur d’un niveau scolaire s’exprimait non au travers des connaissances et compétences validées, mais en relation avec le nombre de ceux qui y échouaient. Un enseignant qui donne la moyenne à tout le monde, un examen où la quasi-totalité des candidats sont reçus sont actuellement, comme ils l’étaient il y a 50 ans, discrédités par les médias, et souvent l’opinion, ce qui n’est pas le cas dans bien d’autres pays….
C’est cette révolution culturelle qui met en avant l’exigence d’une évaluation basée sur ce que l’élève doit savoir et non comme le dit André Antibi « sur le nombre d’échecs nécessaires pour qu’une évaluation soit crédible », auquel appelle le MCLM. Florence Robine, l’actuelle directrice générale de l’enseignement scolaire a souligné combien « cette évaluation à la française » pénalisait les élèves français et leur ôtait de la confiance en eux comme en témoigne le nombre parmi les plus élevés du monde de non-réponses des élèves français lors des enquêtes PISA. Elle a annoncé que le chantier de l’évaluation était une de ses principales préoccupations et que le ministre de l’éducation ferait des annonces sur cette question dans les semaines à venir. Elle a notamment déclarée « L’évaluation doit être bienveillante, ce qui ne veut pas dire laxiste , mais au contraire exigeante, avec des exigences claires aux yeux des familles et des élèves… »
La confiance en soi, l’estime de soi des élèves et des étudiants a été au coeur des discussions. Qu’est-ce que je souhaite que mes élèves maîtrisent ? Comment je permets que les modalités d’évaluation soient plus compréhensibles pour les élèves et leurs familles ? Comment construire une évaluation par contrat de confiance avec l’élève. Il est apparu que de l’école primaire à l’université, avoir confiance enseignants, élèves, les uns envers les autres, cela donne l’envie et le désir d’apprendre, mais la confiance ne se compartimentent pas et doit être au cœur du projet éducatif dans tous les moments de la scolarité.
Jean-Louis Auduc
André Antibi : Déjà 30 000 enseignants utilisent l’EPCC
Où en est le Mouvement contre la constante macabre aujourd’hui ?
C’est difficile d’évaluer le nombre d’enseignants qui utilisent l’évaluation par contrat de confiance (EPCC). Mais si j’additionne ceux que j’ai rencontré lors de conférence et qui ont marqué leur intérêt cela représente environ 30 000 professeurs.
Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire, a ouvert le colloque. Quelle relation le Mclcm a-t-il avec le ministère ?
Florence Robine a confirmé son soutien très net à l’EPCC. Je l’en remercie. Un conseiller de Benoît Hamon a demandé à nous rencontrer. C’est très encourageant pour nous. J’espère que l’on va entrer dans les projets ministériels sur l’évaluation. Car pour diffuser l’EPCC il n’y a rien de mieux que la formation continue. Encore faut-il qu’elle soit bien faite qu’elle soit proche des préoccupations des enseignants. Je ne veux surtout pas que l’on fasse du forcing. On envoie déjà beaucoup trop de recommandations vers les enseignants. Il faut savoir rester proche d’eux.