Sous les sourires, les poignards. C’est une relation quasi amoureuse qu’entretient le ministre de l’éducation nationale avec le Sénat. JM Blanquer dialogue avec des élus acquis à sa politique. Au point d’exprimer ouvertement de belles poussées réactionnaires comme lorsqu’ils demandent la suppression de la prime des Rep+.
Roucoulades et auto satisfaction
Au Sénat, JM Blanquer est chez lui et dispose d’une large majorité qui va des Républicains au groupe LREM. La sénatrice centriste Colette Mélot voit déjà les résultats du dédoublement en CP dans sa circonscription. Le sénateur LREM André Gattolin lui vote le prix d’excellence. Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias fait rire la Commission de l’éducation en déclarant au ministre « vous venez sur nos bases idéologiques : moins d’élèves ça marche mieux. Il y a des inégalités sociales en éducation ». Avant d’ajouter : « Mais il y a des soucis dans la réalisation ».
Les dédoublements sur 3 ans
Peu d’annonces ministérielles. Le 14 novembre, le président de la République a annoncé que les dédoublements de Cp et Ce1 se feraient sur l’ensemble du quinquennat. JM Blanquer avance 2018 et 2019 seulement. Il pense y arriver avec des préfabriqués « souvent de meilleure qualité que l’ancien » et le soutien annoncé de l’ANRU.
Toute admirative du ministre, Colette Mélot voit quand même que les dédoublements de CP se font aux dépens des remplacements. Là le ministre sort sa « stratégie d’ensemble des ressources humaines »…
Interdiction du portable et grandes formules
L’interdiction du portable est confirmée. « C’est faisable puisque certains collège sle font » affirme le ministre qui ironise sur l’intérêt soudain porté à sa pédagogie. « L’interdiction sera effective » assure JM Blanquer qui y voit « une transformation ethnographique » des cours d’école.
C’est que le ministre et les sénateurs semblent aimer les grandes formules. JM Blanquer dessine devant les sénateurs sa réforme : « 4 anneaux à temporalité articulée » où s’enchainent réforme de l’accès au supérieur , réforme de l’orientation, réforme du bac, réforme de la voie professionnelle.
Assaut sur la prime de Rep+
Mais la grande affaire du jour c’est la prime qui sera versée en Rep+. Annick Bilon, sénatrice centriste de Vendée, estime qu’on « a besoin d’enseignants animés par autre chose qu’une prime ». Olivier Paccaud (LR) fustige la mesure. « Vous allez donner la prime dans un secteur où les enseignants ont déjà les meilleures conditions de travail. Or il y a des classes à quadruple niveau en zone rurale. Ils n’ont pas de prime. Ils ont trois fois plus de travail ». Verser de l’argent à des enseignants fainéants pour des sauvageons de zone d’éducation prioritaire c’est vrai quel gâchis !…
François Jarraud