Et si on pouvait proposer aux élèves des QCM en classe et avoir un retour immédiat sur leur réponse ? Les idées pour rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages en cours de maths fleurissent. C’était d’ailleurs le sujet de plusieurs ateliers aux dernières journées de l’APMEP. Mais un outil en particulier a retenu notre attention. Rencontre avec son créateur, Jean-François Parmentier.
Relancer l’attention des élèves
Jean-François Parmentier travaille à l’institut de recherche en enseignement des sciences de l’université Paul Sabatier de Toulouse. Il a profité des journées toulousaines de l’APMEP pour faire part aux professeurs de mathématiques d’une méthode qui pourrait leur être bien utile.
L’idée de départ est simple : des études menées à l’université ont montré que si l’attention augmente en début de séance, les étudiants décrochent ensuite progressivement. Au bout de 20 minutes, la moitié des étudiants ne suivent déjà plus ! Quand on pense que l’attention des plus jeunes est moindre, on peut s’inquiéter sur le nombre d’élèves vraiment attentif au bout de 50 minutes de cours au collège ou au lycée.
Alors des enseignants de l’ENS belge ont cherché un moyen de relancer l’attention régulièrement durant leurs cours. Un petit boitier interactif le leur permet : ils posent une question à la classe et les étudiants utilisent leur boitier pour voter anonymement entre les propositions de réponse. Ensuite les pourcentages de réponse pour chacune des propositions sont indiqués à la classe et les étudiants disposent d’un temps pour essayer de se convaincre les uns les autres. La question est ensuite posée à nouveau (et on espère que davantage d’étudiants choisiront la bonne proposition).
Mesurer la compréhension
En dehors de la question de l’attention, plusieurs avantages sont évoqués par les enseignants qui pratiquent cette méthode : elle permet d’avoir une idée rapide de la compréhension globale de la classe, elle amène les élèves à réfléchir à leur réponse spontanée, à communiquer et à argumenter (et donc à mémoriser), enfin les élèves ont un retour immédiat sur leur propre compréhension.
Le type de question posé est essentiel. Il est préférable d’éviter les questions calculatoires et privilégier les questions portant sur les concepts pour amener les élèves à réfléchir et savoir s’ils ont réellement compris. Pour stimuler la communication entre les élèves il est intéressant d’avoir des résultats partagés au départ : si tout le monde a la bonne réponse, plus besoin d’argumenter.
Des études sur l’efficacité de l’interactivité ont été faite au niveau du supérieur et elles montrent un gain non négligeable sur l’apprentissage des étudiants : là où un cours traditionnel fait progresser les résultats de moins de 30%, un cours interactif permet une amélioration de 30 à 70% (suivant le degré d’interactivité).
De l’interactivité à moindre frais
Il paraît bien sûr difficile d’équiper des classes entières de boitiers électroniques. Dans certaines régions, il est possible de monter des partenariat avec les universités déjà équipées. C’est le cas par exemple de l’université Pierre et Marie Curie à Paris ou de Paul Sabatier à Toulouse.
Mais des solutions gratuites ou quasi gratuites existent. On peut imaginer des cartons de couleurs mais on perd alors l’anonymat qui permet aux élèves de s’exprimer sans crainte.
On peut aussi utiliser des applications pour tablettes et smartphone permettant de scanner les réponses d’une classe. C’est le cas par exemple de VoteAR qui utilise des couleurs ou de Plickers qui fonctionne sur le principe des QR code.
Laure Etevez
Des études (en anglais) sur les effets des cours interactifs