L’Ecole ne découvre pas la violence institutionnelle, gouvernementale, managériale de la présidence macroniste. Elle y est confrontée depuis 7 ans de mise en place d’une politique verticale qui cherche à la broyer pour la soumettre à un ordre néolibéral de plus en plus décomplexé, de plus en plus assumé.
Avec la réforme de la voie professionnelle, le récent « choc des savoirs » en est l’expression la plus insupportable, la plus cynique. Enrobant d’une onctuosité jésuitique son langage et ses intentions, cette politique éducative n’a eu cesse d’attaquer les plus fragiles, pour mettre en place un système d’orientation de plus en plus précoce, se contentant d’exceptions consolantes pour légitimer la reproduction sociale.
Sur tous ces points, la victoire du Nouveau Front Populaire le 7 juillet, si fragile soit-elle, est porteuse d’espoir. Et à 20 heures, l’Ecole s’est remise à croire en un avenir renouant avec ses valeurs émancipatrices.
C’était sans compter sur Nicole Belloubet, qui, après le coup de la circulaire de rentrée pour rien, entre déni de réalité, et chant du cygne, continue de se projeter ministre de l’Education nationale, dans une ultime provocation.
Le mardi 9 juillet, comme si de rien n’était, et comme si rien ne s’était pas passé, elle annonce ainsi sans sourciller , entendre « suivre attentivement » la mise en place des groupes de niveau, pudiquement maquillés en groupes de besoin, « dans chaque collège, en 6e et en 5e, en français et en maths ». Magnanime, elle consent toutefois à reconnaître qu’ « il y a plusieurs manières de faire » et promet donc de veiller à l’évaluation « des groupes de besoin qui seront mis en place » pour en « tirer les conséquences ». Mais conclut, confiante, « qu’aucun gouvernement, quel qu’il soit, ne peut aller à l’encontre de différentes manières d’aider les élèves ». Formule consensuellement bien creuse et au caractère on ne peut plus sibyllin, qui ne mange par ailleurs pas de pain.
On ne doute pas qu’à date l’ensemble des collèges aient effectivement préparé pour la rentrée « dans chaque collège, en 6e et en 5e, en français et en maths », l’organisation, sous des formes diverses, de ces groupes, malgré leur massive contestation par les équipes éducatives, personnels de direction, enseignant·es, parents d’élèves.
Mais on ne doute pas non plus des capacités d’adaptabilité des établissements scolaires. Ils n’ont cessé ces dernières années, entre ordres et contre-ordres, d’en faire la démonstration. Les usines à gaz, on sait faire ; les défaire on sait faire aussi.
Alors, oui les moyens continueront de manquer à la rentrée, oui la crise de recrutement ne va pas se régler par magie, oui l’Ecole sera encore en souffrance. Mais il est essentiel qu’Emmanuel Macron respecte les résultats des élections du 7 juillet, sous peine de délivrer à tous les élèves de France une désastreuse leçon d’Education Morale et Citoyenne.
Il sera alors urgent, et possible, dès la mise en place d’un gouvernement issu du Nouveau Front Populaire, de décréter l’abandon des groupes de « niveau-besoin », et la dissolution du « choc des savoirs »…
Le rédaction du Café pédagogique