Le co-teaching est une modalité pédagogique qui prend de l’ampleur dans les salles de classes des professeures et professeurs de langue vivante. Une pédagogie qui « place l’élève au cœur de nos pratiques, et, de ce fait, favorise les interactions entre élèves » explique Marie Douillard, professeure d’anglais à Pontchâteau.
Marie Douillard enseigne l’anglais dans un collège, à Pontchâteau, pour deux classes de cinquième. Un métier qu’elle a expérimenter lors de ses études en occupant un poste de contractuelle alternante au sein d’un lycée Nantais. Entre deux années de master, elle a eu l’opportunité d’enseigner le Français Langue étrangère (FLE) en Angleterre durant un an, « une expérience très enrichissante, en particulier sur le plan humain ».
Comment rendre l’oral actif et faire pratiquer les élèves?
C’est une excellente question. Il existe autant de pédagogies que de professeurs. Il est donc difficile de trouver une méthode unique. Néanmoins, des pistes sont envisageables, déjà connues pour la plupart. Des stratégies d’enseignement telles que les îlots fluidifiés, les travaux de groupe, les jeux de rôle, les plans de travail, les marchés de connaissances, ou bien les co-teachers, permettent de placer l’élève au cœur de nos pratiques, et, de ce fait, favoriser les interactions entre élèves.
Et vous, quels types de dispositifs mettez-vous en place ?
Depuis deux ans, j’ai la chance d’expérimenter avec les élèves un nouveau système pour favoriser les échanges en langue cible : les co-teachers. En effet, j’ai trop souvent constaté la passivité des élèves en classe – en particulier pour les secondes. Soit parce qu’ils ne se pensent pas capables de parler – une croyance, soit par le manque d’attrait pour l’anglais. J’ai donc décidé d’y remédier en mettant en place ce système de co-teachers. Le but est de créer une situation de communication qui relève du déficit informationnel poussant les élèves à communiquer. Les rôles – professeur/élèves – sont inversés. Le professeur s’efface au profit des élèves et de leurs interactions. Durant mes cours, les élèves ont l’opportunité de devenir professeur le temps d’une activité. Ils donnent les consignes – qui fait appel à la compétence de la médiation, peuvent corriger un exercice, réaliser une trace écrite avec toute la classe etc. Bien sûr, ce n’est pas parce que l’on s’efface, qu’on ne corrige plus les erreurs, que l’on n’aide pas les élèves, bien au contraire !
Les variantes sont infinies et s’adaptent très facilement aux besoins et difficultés de chacun!
Enrichissez-vous votre enseignement par es échanges internationaux ?
L’an passé, j’ai pu effectivement concrétiser un projet de correspondance avec deux collègues – l’un aux États-Unis et l’autre en Angleterre – pour mes classes de seconde. Outre l’apport culturel évident, les bénéfices sont multiples : la récurrence des échanges permet de créer un véritable lien entre les élèves et ainsi de fixer les apprentissages, les rendre plus concrets. La mobilité est également l’un de mes projets. Malheureusement je n’ai pas encore eu l’opportunité de le réaliser, mais j’espère que l’occasion se présentera dans les années à venir.
Les élèves adhèrent-ils au dispositif co-teachers ?
En ce qui concerne les co-teachers, oui ! Les élèves sont très motivés par ce nouveau concept. Le plaisir, la motivation sont des facteurs essentiels qui jouent sur le développement de la compétence orale. Si cette motivation est intrinsèque – pour le plaisir – alors les échanges seront facilités. Lorsque les élèves s’impliquent dans ces activités, les résultats sont, honnêtement, parfois au-delà de mes espérances. Certains, qui pourtant ont de vraies difficultés, se prêtent au jeu de manière très théâtrale et développent peu à peu de nouvelles stratégies comme l’auto-correction – auto-régulation – lorsqu’ils parlent en anglais ! De même, pour les rassurer, les élèves choisissent un binôme avec qui passer à l’oral, ce qui leur permet de diviser les tâches afin de ne pas surcharger leur temps de travail, déjà conséquent.
Auriez-vous des conseils à donner aux élèves pour apprendre l’anglais?
Le seul conseil que je peux donner aux élèves est le suivant : Faites de votre mieux ! J’ai conscience que pour certains, l’apprentissage d’une langue étrangère relève de la bataille, ne serait-ce parce qu’ils n’ont pas confiance en eux. Mais la vérité, c’est que chacun est capable de parler en anglais, si l’on s’en donne les moyens. Vous en êtes capable !
80% du temps passé en classe, vous permet d’apprendre à condition de s’investir – à l’oral notamment, fixez-vous des challenges de participation pour chaque cours. Les 20% restants, sont liés à votre méthode d’apprentissage, à votre temps de travail. Chaque élève est différent et sera amené à trouver la méthode qui lui convient le mieux !
Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda