Par Serge Pouts-Lajus
Quel lycée demain ?
Les vacances sont un temps propice à la rêverie. Pour ce dernier numéro de l’année scolaire 2006-2007, le café pédagogique francilien aborde un thème à propos duquel il est permis de s’abandonner : quel lycée demain ? Pour tenter de répondre à cette question, nous avons enquêté dans deux domaines. Celui des TICE d’abord, thème obligé pour le café pédagogique mais dont il serait difficile de nier qu’il occupe une place importante dans le paysage lorsque le regard se tourne vers l’avenir. L’autre domaine est celui de la construction. Nous avons pensé que la programmation d’un nouveau lycée ou la rénovation d’un lycée existant sont autant d’occasions de se poser cette question : à quoi pourrait ou devrait ressembler un lycée en 2050 ? L’investissement nécessaire à la construction de bâtiments prévus pour durer plusieurs décennies oblige en effet à anticiper sur les évolutions que l’on prévoit ou que l’on souhaite. Dans le lycée de 2050, aura-t-on toujours besoin d’autant de salles de classes pour 30 à 40 élèves, de salles informatiques et combien, ou seulement un réseau sans fil parce que tous les élèves auront alors un portable dans leur cartable ou leur poche ? Aura-t-on encore besoin de rayons pour les livres dans le CDI ou seulement de points d’accès à des ressources numériques ? Le CDI sera-t-il toujours un centre ou sera-t-il distribué dans tout l’établissement ?…
Notre attente était un peu naïve. Les architectes que nous avons interrogés nous ont expliqué pourquoi le moment de la construction ou de la rénovation n’est pas forcément celui où il faut se poser des questions aussi radicales et tenter d’y répondre. Personne ne sait comment on enseignera, comment on apprendra et comment les lycées fonctionneront dans 30 ou 40 ans. Et mieux vaut ne pas suivre les recommandations de ceux qui prétendraient le savoir… La Région et ses architectes ne cherchent pas à inventer le lycée du futur ; ils se contentent de construire celui des prochaines années. Les architectes font ici leur travail. Ils conçoivent un bâtiment qui respecte le programme que leur assigne leur maître d’œuvre. Ils proposent, pour les espaces où des marges de manœuvre leur sont laissées, des évolutions qui ne traduisent pas forcément des préconisations du programme mais reflètent leur propre réflexion et leur créativité. Il s’agit des espaces d’accueil, de détente, de circulation, du restaurant, du CDI. Oui, il y a toujours un CDI dans les projets de nouveaux lycées, que les documentalistes se rassurent, et il est même de plus en plus vaste et sa conception de plus en plus réfléchie. Les seuls lieux qui demeurent inchangés dans leur forme, leur surface et leur nombre, ce sont les salles de classe, le lieu où bat le cœur de la machine pédagogique. Faut-il s’étonner de cette étonnante stabilité et la regretter ? Ne compromet-elle pas les possibilités d’évolutions des pratiques ? C’est un sujet difficile et intéressant, nous ne pouvons pas le traiter ici, il faudra y revenir.