» Je suis tellement fatiguée ». C’est le leitmotiv de la lettre laissée par Christine Renon, directrice de l’école maternelle Méhul de Pantin(93) le 21 septembre, peu de temps avant son suicide. Ses mots interpellent l’institution éducation scolaire qui laisse les directeurs « seuls » face à un travail épuisant et parfois inutile. De l’institution scolaire elle n’espère qu’une chose c’est qu’elle ne salisse pas son nom. Le Snuipp 93 et Sud 93 réagissent.
Mme Renon souligne des injonctions inutiles : « franchement prendre les enfants sur le temps méridien cela peut les faire progresser ? », demande t-elle au sujet des APC. » En quoi les rythmes de l’enfant à Pantin sont-ils raisonnables ? ». « Je n’ai pas confiance au soutien et à la protection que devrait nous apporter notre institution. D’ailleurs il n’y a aucun maillon de prévu, les inspecteurs de circonscription ont probablement encore plus de travail que els directeurs. Et la cellule de crise, quelle blague. L’idée est de ne pas faire de vague et de sacrifier les naufragés dans la tempête ». Toute la lettre souligne la solitude du travail du directeur face aux problèmes nombreux et quotidiens comme les nominations d’enseignants à la rentrée ou les crises qui surviennent à l’école.
« Le travail des directeurs est épuisant…. Les directeurs sont seuls », dit-elle. » Je suis tellement fatiguée ». Mme Renon s’est donné la mort en remerciant les parents, ses collègues, » les enfants qui ont fréquenté et qui fréquentent l’école », les animateurs de la ville.
« La solitude de la mission de direction d’école dans les tâches quotidiennes administratives et organisationnelles qui s’accumulent devient, au fil des années insupportable », déclare le Snuipp 93. « Le manque de formation et d’accompagnement pour les directrices et les directeurs d’école lors de la gestion de situations de crise renforce le sentiment de solitude face à des décisions impactant familles, élèves et collègues. Les directives ministérielles, rectorales et académiques se superposent, sans jamais faire le lien avec les professionnels de terrain pour les mettre en cohérence, en vérifier la faisabilité … Cette marche forcée de réformes rejetées par la profession, via les instances paritaires ministérielles comme académiques ou départementales, contraint de nombreux collègues à mettre en œuvre sous la pression hiérarchique des mesures qui heurtent leur professionnalité, voire qui bafouent leurs valeurs humaines et professionnelles ».
Le syndicat dépose une alerte sociale. » Cette alerte doit ouvrir des discussions pour que la mort tragique de notre collègue et camarade ne soit pas vaine ». Le Snuipp 93 et Sud 93 saisissent le CHSCT. » Nous demandons au Ministre que cesse la mise en place d’organisations du travail pathogènes. Malgré de nombreux suicides dans l’Education Nationale, le ministère n’a pris aucune décision pour mettre fin à ces situations », déclare Sud 93.