En organisant de nombreuses activités de terrain, Maxime Treiber, enseignant de SVT au lycée Samuel-de-Champlain à Chennevières-sur-Marne (94), invite ses élèves à être au plus proche de la biodiversité locale. Identification de différentes espèces de tritons, mise en place d’un potager pédagogique ou inventaire floristique, les lycéens s’impliquent dans des projets de sciences participatives. En lien avec des associations naturalistes, Maxime Treiber utilise ensuite ces données de terrain pour ses cours en classe. L’enseignant vise à terme « un suivi annuel de la biodiversité qui permettra éventuellement de mesurer les effets des actions proposées par les élèves ».
Pourquoi ce travail effectué sur le terrain autour des amphibiens ?
Nous avons été accompagnés par l’association naturaliste R.E.N.A.R.D. habilitée à manipuler les amphibiens. Le projet fait suite à une première activité permettant aux élèves d’apprendre à reconnaitre les amphibiens très présents en Ile-de-France (grenouille, crapaud, triton, salamandre) et d’être sensibilisés à la législation. Deux activités de terrains ont été proposées pour effectuer les relevés d’espèces. Pour le 1er atelier, réalisé dans l’après-midi, les élèves ont relevé deux pièges placés 24h plus tôt dans l’eau sur les berges du plan d’eau et ils ont pu identifier les espèces et le sexe des individus capturés en utilisant les critères d’identification. Pour le 2nd atelier, réalisé la nuit, les élèves étaient équipés d’une lampe frontale, de bottes et d’un filet pour se déplacer dans l’eau, y capturer les individus visibles et identifier leur espèce.
On a ainsi pu relever la présence de grenouilles rieuses (Pelophylax ridibundus), de tritons ponctués (Lissotriton vulgaris) et de tritons crêtés (Triturus cristatus). Tous les amphibiens sont protégés en France mais les tritons crêtés un peu plus encore puisque l’espèce est strictement protégée par une convention européenne. Cela implique la protection de son habitat : la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos de ces animaux est strictement interdite.
Quelle formation à la botanique est proposée à vos lycéens ?
On a proposé aux lycéens des activités d’initiation à la botanique à plusieurs occasions. Intégré à une séance de cours de SVT, les élèves ont découvert et dû identifier des angiospermes communes en utilisant la clé de détermination de la flore simplifiée « Sauvages de ma rue » du projet VigieNature Ecole. Des volontaires, dont des éco-délégués, ont été initiés par l’association R.E.N.A.R.D. lors d’une demi-journée d’inventaire dédiée à la reconnaissance de grandes familles d’angiospermes, à l’utilisation de clé de détermination et de flore plus complète. Les élèves impliqués l’entretien du potager pédagogique ont pu bénéficier de l’expérience des encadrants pour être initiés à la biodiversité des plantes cultivées.
Que font-ils sur le terrain ? Pour quelles exploitations en classe ?
Les élèves ont essentiellement fait des observations pour des inventaires (recensements ou inventaires protocolés pour un observatoire scientifique). Dans une zone délimitée (quadrat, transect, rue ou parcelle de terrain) imposée ou choisie, parfois avec une manipulation particulière (ex. : protocole vers de Terre de VigieNature ; utilisation de filets ou de piège à animaux). Ils ont utilisé des clés de détermination pour décrire la biodiversité d’un ou plusieurs taxons (richesse spécifique et /ou l’abondance). Ils ont également pris des photos qui devaient respecter quelques critères (cadrage, netteté, etc.) pour être exploitables. Ils ont fait remonter une partie de leurs données géolocalisées dans des applications dédiées sur Internet comme pour le projet Sauvage de ma Rue ou directement sur leur téléphone avec l’application INPN Espèce.
Les résultats des inventaires floristiques et faunistiques réalisés sur des quadrats avec des classes de seconde ont été utilisés pour étudier localement les échelles de la biodiversité ainsi que le rôle des êtres vivants dans les caractéristiques des sols. En 1ère spécialité SVT, les données de terrain sont utilisées pour travailler sur les communautés et la diversité écosystémique. En enseignement scientifique de Terminale, les données sont traitées pour étudier la biodiversité (richesse spécifique, abondance, …) et discuter des techniques d’échantillonnages.
D’autres données ont été utilisées en dehors de la classe, avec les éco-délégués et les élèves volontaires, pour un diagnostic de la biodiversité du lycée que l’on réalise dans le cadre du projet interacadémique « On s’active pour la Biodiv’ ». Ce projet vise, entre autres, à permettre aux élèves de questionner et comprendre les enjeux autour de la biodiversité, de favoriser le développement de la biodiversité à différentes échelles, y compris à l’intérieur de l’établissement, en réalisant des diagnostics et en menant des démarches scientifiques. Les données récoltées sont utilisées à des fins de connaissances et d’actions en faveur de la biodiversité. On espère pouvoir étendre l’inventaire à d’autres taxons, d’autres saisons et ainsi mettre en place un suivi annuel de la biodiversité, qui permettra éventuellement de mesurer les effets des actions proposées par les élèves.
Comment s’organisent les actions de vos éco-délégués ?
En début d’année, les éco-délégués sont répartis dans plusieurs groupes de travail selon leurs préférences et les projets qu’ils souhaitent mener. Chaque groupe est encadré par un ou plusieurs adultes et une fois par mois environ, chaque groupe est réuni pour faire le point sur l’avancement de leur projet. Nous organisons une semaine consacrée à la valorisation des actions EDD menées par les élèves au mois de mars.
Quelques mots sur l’éco pâturage proposé dans votre établissement…
Nous avons mis en place de l’éco-pâturage cette année pour 3 parcelles, une surface de 12000 m2 environ soit 70% des zones végétalisées du lycée et quasiment 100% des zones complexes d’entretien (milieu pentu et boisé). Il y a 7 moutons d’Ouessant (6 brebis et un bélier), c’est la plus petite race de mouton de France reconnue pour sa sociabilité, sa rusticité et sa robustesse. Les enclos, abris et système d’adduction ont été construits des élèves et des professeurs de l’établissement dans le cadre de projet pédagogique de classe et de volontariat.
Propos recueillis par Julien Cabioch