Que veut dire 80% d’une classe d’âge au bac ? Claude Lelièvre revient sur les paroles de l’auteur de la formule, JP Chevènement. L’objectif fixé par l’ancien ministre est atteint. Mais les 80% de diplômés dans une génération n’ont été frôlés qu’une seule fois en 2012. En 2013, ce ne sera plus qu’un souvenir…
Certains soutiennent que l’on est en train d’y parvenir. D’autres affirment que cela a déjà eu lieu à l’horizon 2000, comme il était prévu. La solution dépend d’abord du sens que l’on peut attribuer à l’expression pourtant bien connue de « 80% d’une classe d’âge au niveau bac », qui n’est pas d’une clarté évidente.
Le mieux est sans doute de s’en remettre à son principal promoteur, à savoir Jean-Pierre Chevènement, d’autant qu’il s’en est longuement expliqué (avec des attendus quelque peu surprenants d’ailleurs ) lors de son audition par la Commission Thélot le 28 janvier 2004.
« L’objectif que je me suis donné a été d’amener une plus forte proportion de jeunes à poursuivre leurs études. La formulation que j’en ai donnée n’était pas excellente, car elle a introduit beaucoup de confusions. 80% au niveau du bac, ça n’était pas 80% au bac. Or j’observe que même Claude Allègre, qui était le conseiller de Lionel Jospin avant d’être ministre de l’Education nationale, fait cette confusion et croit que j’ai donné cet objectif. Non, j’ai dit 80% au niveau du bac. J’y suis souvent revenu par la suite, mais sans me faire vraiment comprendre parce que « au niveau du bac », c’est quelque chose que les gens ne comprennent pas. Cela veut dire en fait à 18 ans en terminale, et puis, réussisse qui pourra. Je n’étais pas partisan de l’abaissement des critères d’exigence au niveau du baccalauréat, mais je constate que mes successeurs, ou plus exactement l’administration, peut-être avec leur aval, inconsciemment peut-être, a assoupli constamment le niveau d’exigence, de sorte que le bac a été donné non plus à 50% de ceux qui s’y présentaient mais progressivement à 60-70%, peut-être même davantage. Donc on a assisté à un phénomène curieux, c’est qu’à la fois il y a eu un flot croissant de jeunes qui, comme je le souhaitais, poursuivaient leurs études, et en même temps le bac a été octroyé plus généreusement. Donc il y a eu un télescopage, que j’ai observé . Je m’en suis désolé parce que je crois que c’est une confusion qui s’est introduite dans l’esprit de ceux qui étaient les gestionnaires du système éducatif »
Et dès l’an 2000, il y a bien eu ( comme l’avait envisagé Jean-Pierre Chevènement) 80% d’une classe d’âge « au niveau bac » ( le taux de reçus au bac atteignant -par ailleurs- lui aussi 80% cette année là, un taux inimaginable pour Jean-Pierre Chevènement )
Claude Lelievre