Coincé entre les bains du Couloubret et les machines à sous du Casino D’Ax les Thermes, le coeur du Ludovia vient de battre bien fort pour la 13è fois. La dynamique ne se dément pas d’année en année. Chacun des 800 participants a donc pris un bain numérique aux aspects très divers, riches et variés. Les jeudis et vendredi qui ont clos l’université de Ludovia#13 ont été l’occasion, outre les moments festifs, de rencontrer à nouveau les enseignants, chefs d’établissements et acteurs engagés dans le numérique dans les classes, incluant même quelques élèves. Si les tables rondes restent relativement modestes dans leurs propos et les avancées qu’elles proposent, les temps d’Explorcamp, Fabcamp, barcamp etc… sont beaucoup plus riches, mais plus difficiles à saisir dans leur globalité. L’image de la ruche bourdonnante correspond assez bien à ces moments d’échange. Pour retrouver les tables rondes, on pourra se rendre sur le site de l’université d’été et y retrouver les comptes rendus des blogueurs.
Apprentissage de l’anticipation ?
S’il a beaucoup été question de code, il a très souvent été question du logiciel Scratch et de ses clones. De l’usage classique pour débuter dans la programmation au pilotage de mini-drones par des élèves on a pu voir l’étendue des initiatives possibles. Au moment où le code semble prendre pied au primaire et au collège, les enseignants ont pu mesurer ce qu’il était possible de faire. Ils ont pu aussi découvrir nombre d’initiatives proposées par leurs collègues. La soirée festive ainsi que la remise des prix le vendredi ont clos cette semaine bien remplie.
Revenons sur l’ensemble de la semaine pour tenter d’en tirer quelques enseignements.
– Un premier point mérite d’être signalé la raréfaction des tablettes remplacées par les robots. Cette tendance marque bien la prise en compte de l’injonction au code. On regrettera cependant que l’on ait parfois l’impression de ré-entendre feu Seymour Papert et son logo, remplacé par le MIT (dans lequel le même Papert a longtemps travaillé) et le langage Scratch. La fameuse tortue, quant à elle est remplacée par de drôle de petits objets mobiles. Est-ce vraiment l’apprentissage du code, de l’algorithmique ou plus simplement un apprentissage de l’anticipation ?
La dynamique des acteurs de terrain
– Un autre point, la présence de Madame Becchetti Bizot, ancienne directrice du numérique pour l’éducation, actuellement chargée d’une mission ministérielle sur le numérique et les pédagogies actives dont on attend la publication du rapport. Manifestement elle a mis à profit ce temps de rencontre pour encore élargir son champ d’observation. Il faut dire que le nombre d’enseignants présents, mais aussi d’acteurs institutionnels divers était une occasion unique, tant la densité était grande.
– Le professeur Monteil a donné sa leçon, mais il n’a pas donné la leçon. En effet, outre l’exposé universitaire du début de matinée du mardi matin (cf. l’expresso de mercredi 24), il a pris le temps d’écouter, assisté d’Alain Seré Inspecteur Général de l’Education Nationale, des chercheurs et des participants de cette université. Il n’a pas non plus, au regret de certains, évoqué de manière approfondie les appels à projet eFran. Il a simplement situé ce qui était l’enjeu de la recherche en lien avec la pratique des enseignants. Malheureusement, ni dans le discours, ni dans les échanges qui ont suivi, face à ce lien si difficile depuis de nombreuses années, il n’a été fait de proposition réellement opérationnelle. Les suggestions de certains enseignants présents restant souvent du domaine complexe des statuts et des règlements, on a assez nettement ressenti qu’il manque, au sein des politiques éducatives, un véritable travail de mise en lien de manière durable entre tous les acteurs de l’éducation, chercheurs y compris.
– La dynamique des acteurs de terrain semble toujours aussi vive, en témoignent leur présence massive (800). C’est bizarrement dans les coursives et autres espaces improvisés que certains ont pu envisager des collaborations. Evoquons en particulier ce groupe de professeurs d’éducation musicale (pas loin d’une dizaine) qui a longuement échangé et engagé des projets en commun et d’entraide. Outre leur bonne humeur communicative, ils ont su mettre à profit ce bain numérique pour se dynamiser.
– Signalons quelques absences : Google et Microsoft n’ont été qu’indirectement présents, de même qu’Apple. Signalons quelques présences indirectes : twitter bien sûr, mais désormais Périscope qui a permis des diffusions en direct de moments clés de cette université, mais filmé par les participants eux-mêmes. Enfin parmi les présences habituelles, le ministère, Canopé ou encore nombre d’académies via plusieurs de leurs représentants, des collectivités territoriales.
Retour de la pédagogie ?
Quelques regrets cependant ont été signalés, certains récurrents. Les séances sous chapiteau sont certes conviviales mais deviennent parfois difficiles à suivre soit à cause de la chaleur écrasante, soit à cause du son inaudible, ou encore d’affichages trop petits. Certains auraient souhaité que plusieurs évènements soient filmés et ensuite partagés en ligne pour ceux qui n’auraient pas pu faire le déplacement.
Certes tout cela demande des moyens et il semble bien que l’organisation ait atteint son maximum dans la configuration actuelle. Ainsi la file d’attente à l’accueil le premier jour aurait mérité d’être allégée par une présence d’un plus grand nombre de personnels. Il est toujours difficile de tout concilier. Aurélie Julien et Eric Fourcaud, ainsi que les personnes associées (le STAFF), ont su réaliser un bel évènement, encore une fois. Le beau temps et la bonne humeur ont fait le complément pour assure à Ludovia sa place dans le paysage des manifestations particulièrement intéressantes à suivre pour tous ceux qui se questionnent sur le numérique en éducation.
Une tendance semble émerger, au-delà des matériels, le retour de l’humain et de la pédagogie ou de la didactique. Ce renversement, peu explicité mais pourtant sensible, indique que, semble-t-il nous entrons dans un nouveau temps du numérique éducatif, celui d’une banalisation qui remet l’apprendre au coeur des questionnements.
Bruno Devauchelle
Ludovia Acte 1
Ludovia : La leçon du professeur Monteil