A quoi auront servi les Assises de la maternelle réunies par JM Blanquer ? Durant deux jours, les Assises ont conjugué communications de spécialistes qui n’ont pas apporté grand chose aux enseignants et tables rondes verrouillées et sans aucun enseignant. Au final la maternelle reste face à ses problèmes. Le ministère n’a fait aucune annonce précise. Ces deux journées semblent avoir eu pour seul but de mettre en valeur la décision d’avancer l’âge de la scolarité obligatoire. Une mesure qui n’apporte pas de changement si ce n’est éventuellement au financement du privé.
Comment parler des conditions d’accueil sans enseignant ?
Après une matinée consacrée à des communications sur le langage, l’après midi du 28 mars promettait. Au programme deux tables rondes sur des sujets chauds : les conditions d’accueil en maternelle et le travail en commun des atsems et des enseignants.
Les conditions d’accueil en maternelle laissent en effet à désirer. D’abord par la taille des classes. Le ministère annonce 25 élèves par classe en moyenne mais la réalité serait plutot 27. Des classes dépassent largement les 30 et les suppressions de postes à la rentrée 2018 en maternelle (800 selon le Snuipp) donnent à penser que la situation va se dégrader. Ensuite on observe de fortes différences entre les communes aussi bien pour la qualité des locaux et du mobilier qu’en ce qui concerne la présence d’une atsem dans chaque classe. Enfin la scolarisation à deux ans nécessiterait des locaux particulièrement adaptés et déjà une classe à part. Or 90% de ces enfants sont mélangés dans des classes multi niveaux.
Mais de tout cela il ne sera pas questions durant une longue table ronde à laquelle participe pourtant la seule enseignante (une directrice d’école d’application) invitée à participer aux Assises en deux jours. Chantal Brault, maire adjointe de Sceaux, présente les municipalités comme des co-éducateurs avec une forte volonté d’intervenir davantage dans les écoles. Viviane Chauchat, directrice, évoque un espace parents qui, dans son école Rep, facilite les démarches des parents.
Les vraies questions viennent de la salle. Un directeur évoque les disparités de financement entre les communes. Il souligne que des municipalités choisissent de modifier les rythmes scolaires sans consulter les enseignants. Certaines organisent les travail des atsems là aussi sans tenir compte du fonctionnement de l’école, par exemple pour la surveillance de la sieste. Il est vivement remis à sa place par la maire adjointe de Bordeaux, applaudie par un public où les enseignants sont rarissimes…
Comment parler du travail commun sans enseignant ?
La seconde table ronde doit traiter du travail en commun entre atsems et enseignants. Mais, aucun enseignant, aucun directeur ne participe à la table ronde et il n’y a finalement qu’une seule atsem… Finalement elle permet au collectif des atsems de prendre la parole. Gaelle Le Notre demande que le décret qui les inscrit dans la communauté éducative soit appliqué et que les atsems participent au conseil d’école. Les atsems demandent aussi une revalorisation en lien avec les nouvelles responsabilités qu’on leur donne.
Si les tables rondes passent largement à coté des problématiques annoncées cela ne doit rien au hasard. Leur composition ne permettait pas de les traiter. Le ministère a fait le choix d’une communication lisse, évitant tout réel débat.
Rendez vous raté
En conclusion de la journée, Jean-Marc Huart, directeur de l’enseignement scolaire (Dgesco) annonce une disposition législative pour appliquer la décision présidentielle. Il évoque l’ambition de faire de l’école maternelle une école du langage, de l’épanouissement et de la sécurité affective. « On renforcera des formations en ce sens », dit -il. « On renforcera nos liens avec les acteurs des collectivité territoriales ». Il conclut en disant « qu’on approfondira les perspectives des Assises lors des prochaines semaines ».
Organisées pour permettre l’annonce présidentielle, ces Assises n’ont pas réellement permis de débattre des difficultés de la maternelle. Le ministère annonce dans sa communication sa volonté de créer une qualification spécifique maternelle pour les professeurs des écoles et une meilleure reconnaissance pédagogique des atsems. Des projets qui n’ont été ni présentés ni débattus lors des Assises. Un rendez vous raté avec les professionnels.
François Jarraud