Las de ne pas être entendu depuis leur région d’origine, les six établissements de l’enseignement agricole public de Haute Normandie ont décidé de donner de la voix sous les fenêtres du Ministère de l’Agriculture, rue de Varenne.
Après les annonces de suppression de postes de contractuels, les précisions sur la carte de formations l’an prochain, l’impérieuse nécessité d’agir a succédé aux inquiétudes diffuses. L’arrivée du Bac Pro en trois ans, en sonnant le glas du Bepa, amène aussi des interrogations sur les effectifs. D’autant que dans un même temps, les seuils maximum de recrutement sont ramenés à 24 élèves par section. Au-delà, les candidats sont dirigés vers d’autres lycées, bien souvent privés. Pour certains, le spectre de la fermeture de sites se profile à moyen terme, en sacrifiant sur l’autel de la rigueur budgétaire des formations de proximité dont la qualité pédagogique a été maintes fois soulignées.
Au niveau local, une grève tournante est organisée sur l’ensemble des établissements. La région Haute Normandie n’est pas la seule à gronder, des mouvements sont en cours en Languedoc-Roussillon, en Rhône Alpes et en Midi Pyrénées, par exemple. Un mouvement national est prévu le 19 mai pour défendre le maintien d’un enseignement agricole public de qualité. Le Ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a diffusé mercredi un message auprès des personnels annonçant des moyens supplémentaires et le recrutement de 180 enseignants au niveau national. Message rassurant au premier abord mais qui vacille sous les coups de l’arithmétique : 180 postes créés contre 300 suppressions de contrat, une clarification paraît nécessaire avant de conclure à l’embellie.
Mais en ce jeudi matin pluvieux, ce sont les manifestants normands que l’on entend du bout de la rue de Varenne. Pendant qu’une délégation est reçue par la conseillère aux affaires sociales de Michel Barnier, une centaine d’enseignants chantent et lancent des slogans face à deux rangées de CRS. Au fil du temps, le dispositif policier se desserre face aux intentions pacifiques et aux accents joyeux du cortège. « Sans agriculteurs, pas d’agriculture, sans agriculture, pas de nourriture » scandent les manifestants. « Le Ministère avec nous » lancent-ils aux agents qui sortent à l’heure du déjeuner. Certains passent indifférents, d’autres expriment leurs encouragements.
Pour les enseignants présents, l’important est de rendre leur mouvement visible, de dépasser les frontières de leur région où le dialogue semble limité. Vendredi, un bilan sera fait pour décider de la suite du mouvement. Mais la plupart reviendront dès mardi 19 avec de nouveaux slogans.
Monique Royer
Le blog du mouvement normand