Evaluations
Evaluer les profs : Le sujet qui fâche…
Alors que le ministre veut payer les enseignants au mérite et que Luc Chatel se rappelle à son souvenir, la question de l’évaluation des enseignants est remise en selle rue de Grenelle. Car elle n’est pas neuve. Hélène Buisson-Fenet et Xavier Pons en proposent un intéressant historique dans un article de la Revista de la Asociación de Sociología de la Educación. Une histoire où JM BLanquer et Le Café pédagogique ont leur place dans l’alternance de réussite ou d’échec en la matière. Mieux : ils expliquent pourquoi certaines réforme de l’évaluation marchent et certaines échouent. A bon entendeur…
Les évaluations Blanquer remises en question par des enseignants
Un double mouvement s’amorce par rapport aux évaluations Blanquer. D’un coté le syndicat enseignant SE-Unsa a pris position nettement contre ce dispositf où il voit l’amorce d’un pilotage par les résultats. Il fixe en conséquence des revendications qui permettraient de garder des évaluations diagnostic en empêchant la mise en place d’une machine nationale. De l’autre, de simples enseignants qui ont reçu les évaluations s’indignent des contenus. Ils se sentent en désaccord entre ces évaluations et leurs valeurs pédagogiques. Le syndrome Darcos guette-il Blanquer ?
Stéphanie Demers : Les pratiques éducatives sont des pratiques humaines et sociales qui ne répondent pas aux algorithmes
Que nous apprennent les batteries d’évaluations nationales sur l’efficacité d’un système éducatif ? Pas grand chose et surtout rien d’essentiel, répond Stéphanie Demers, professeure à l’Université du Québec en Outaouais. Dans cet entretien donné au Café pédagogique elle montre non seulement les retombées négatives de ces système d’évaluation mais aussi leur incapacité à évaluer réellement la valeur d’une éducation.
Sylvain Grandserre : Notation des établissements : faites vos jeux !
Visiblement, la rentrée sert aussi à ressortir de vieilles idées. Eh oui, c’est reparti pour un (mauvais) tour ! Le Ministre de l’Éducation nationale, JM Blanquer – dix ans après une première tentative similaire avortée – souhaite procéder à l’évaluation des établissements. Dès que l’on dit « évaluation », ça fait sérieux, rigoureux. On prend la mesure pour prendre les bonnes mesures. Mais quand on regarde ce qui peut en être fait, ça reste mystérieux, voire franchement douteux. Dans un système où, dès l’âge de trois ans, on en prend pour vingt années de tests, contrôles, interrogations surprises, devoirs, QCM et autres examens, il ne manquait plus que ça. Pourquoi dès lors en remettre une couche ?
Benjamin Griveaux : Les profs « criminels »
Interrogé sur le salaire au mérite à l’Education nationale sur Europe 1 le 2 septembre, le porte parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a fini par dévoiler la pensée gouvernementale. Après avoir remarqué qu’on ne peut « être aveugle sur la politique la plus importante du pays » et que les enseignants sont heureux de voir arriver « la culture de l’évaluation », il remarque qu’il est « légitime de récompenser ceux qui vont enseigner dans les quartiers difficiles ». Quand on lui demande « Comment un professeur peut-il être jugé ? » , Benjamin Griveaux répond : « A force de ne pas les juger (les profs) ça fait 15 ans qu’on flingue 20% d’une génération. C’est criminel ! Rien ne doit être mis hors de la table pour des conservatismes ».
Chatel « soutient » Blanquer
Certains tweets soutiennent comme la corde du pendu… Dans un tweet, l’ancien ministre de l’éducation nationale Luc Chatel manifeste ainsi son soutien à JM Blanquer. » Soutien total aux mesures annoncées par JM Blanquer: contrats d’objectifs, refonte de l’évaluation des profs, rémunération liée à la performance,+ d’autonomie pour les chefs d’établissements », écrit-il. « Nous les avons expérimentées ensemble en 2009/12 notamment avec le programme ÉCLAIR » ajoute-il.
La rentrée syndicale
Rentrée : La FSU ne veut pas se laisser déborder
Devant la multiplication des réformes et des annonces du ministre de l’éducation nationale, à quelques mois des élections professionnelles, la FSU est décidée « à ne pas se laisser promener » comme l’a déclaré Bernadette Groison, sa secrétaire générale, le 5 septembre. La première fédération syndicale de l’éducation veut ramener le débat avec le ministre sur ses objectifs : les conditions de travail et la rémunération.
Le Snes Fsu craint la « confiscation du métier »
« On voit que se dessine un véritable projet éducatif ». Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes, le premier syndicat du second degré, fait le 30 août un état des lieux alarmant de la rentrée de l’Ecole. Programmes « passéistes », réformes opaques, suppressions de postes, salaires bloqués, les décisions de JM Blanquer font système pour le Snes. Et les échéances, que ce soit la réforme du lycée ou celle de la formation des enseignants inquiètent le syndicat. Ca tombe bien : le Snes annonce aussi des adhésions en hausse…
Enseignement professionnel : 5 000 postes supprimés annonce le Snuep Fsu
Quelle rentrée dans la « seconde priorité » de JM Blanquer ? Alors que l’intersyndicale de l’enseignement professionnel doit se réunir le 11 septembre, Sigrid Gérardin, co secrétaire générale du Snuep Fsu, fait le point sur la rentrée et les réformes annoncées par le ministre. Le Snuepp attend au moins 5000 suppressions de postes dans les lycées professionnels (LP).
Le lycée
Réforme du lycée : La circulaire organise la gestion des spécialités par bassin
Annoncée par L’Etudiant, la note de service sur les enseignements de spécialité prévus dans la réforme du lycée est publiée au BO du 6 septembre. Elle établit une gestion des spécialités de 1ère et terminale au niveau d’un bassin de formation pour 7 d’entre elles. Pour les 5 autres la gestion sera au niveau académique voir national. La note donne donc toute latitude aux recteurs pour redistribuer la carte des formations à la rentrée 2019 et concevoir de nouvelles cartes scolaires. Dans la nouvelle administration mise en place par JM Blanquer ce n’est pas l’Etat qui doit offrir un service éducatif égal aux jeunes, ce sont eux qui doivent s’adapter à l’effort de l’Etat…
Lycée : Restrictions sur les spécialités
Comme nous l’indiquions le 4 septembre, dans l’annonce de JM Blanquer qu’il y aurait » autour de sept spécialités » dans chaque lycée » ou à proximité », il fallait surtout entendre « à proximité ». Selon L’Etudiant, qui rend compte d’une circulaire envoyée aux recteurs les 7 spécialités promises n’existeront à coup sur qu’en réseau « dans un périmètre raisonnable ». Avec la réforme du lycée, non seulement la concurrence entre lycées va se renforcer, mais les dotations horaires pourraient bien être revues sérieusement à la baisse.
La loi sur la formation professionnelle publiée
La loi sur la « Liberté de choisir son avenir professionnel » a été adoptée définitivement le 25 juillet. Elle est publiée au JO du 6 septembre 2018. Cette loi va impacter les lycées professionnels. En effet les règles de financement sont revues aux termes d’un bras de fer entre JM Blanquer et M Pénicaud. Si une part de la taxe d’apprentissage reste acquise aux L.P. ce n’est plus que 13% , qui doivent être partagés avec les écoles de production et l’enseignement supérieur. La loi instaure aussi la journée de stage par an en milieu professionnel sur le temps scolaire pour les collégiens et lycéens. Elle impose aux LP et CFA de publier leur taux d’insertion professionnelle. Cette mesure est destinée à nuire aux L.P. : les apprentis sont sélectionnés alors que les LP accueillent tous les élèves. Enfin la loi va permettre aux écoles patronales de production de recevoir des subventions publiques.
Blanquer : hiérarchisation et mise en concurrence
» Nous allons faire en sorte que les élèves aient un large choix, autour de sept spécialités dans leur établissement ou à proximité. Les cinq spécialités restantes seront implantées de manière à rendre plus attractifs les établissements qui en ont besoin », déclare JM Blanquer dans un entretien au Parisien. Douze spécialités sont prévues par la réforme du bac (« arts », « biologie-écologie », « histoire-géographie-géopolitique-sciences politiques », « humanités-littérature-philosophie », « langues-littératures et cultures étrangères », « littérature et langues et cultures de l’Antiquité », « mathématiques », « numérique-sciences informatiques », « physique-chimie », « sciences de la vie et de la Terre », « sciences de l’ingénieur », « sciences économiques et sociales »).
Métier enseignant
« Interdiction » du portable : Le Vademecum définitif est publié
La version finale du Vademecum « Interdiction de l’utilisation du téléphone portable à l’école et au collège » ressemble beaucoup à celle brièvement apparue sur Eduscol le 28 août. Il parle d’interdiction là où la loi parle « d’encadrement ». Plutôt qu’éclairer les équipes, ce texte reprend le discours conservateur du ministre pour une loi qui a surtout pour effet d’autoriser l’utilisation du smartphone en classe là où il était interdit par la loi précédente.
Résumé : L’essentiel de la rentrée
Les principaux changements qu’il faut connaitre lors de cette rentrée.
De nouveaux programmes
Des nouveaux programmes nécessaires ?
Les « projets d’ajustement et de clarification » des programmes de la scolarité obligatoire ont été publiés fin juin par le Conseil supérieur des programmes. Ils ont ensuite été présentés au Conseil supérieur de l’Education du 12 juillet où ils ont été salués par un geste unique des syndicats : à l’exception du Snalc, de la CGC et du Snpden, (…)
Qui va payer les manuels scolaires de 2019 ?
L’accélération des réformes impulsées par JM Blanquer pose dans des termes nouveaux la question du renouvellement des manuels scolaires au lycée comme à l’école primaire. C’est le message porté par l’association des éditeurs d’éducation, dirigée par Célia Rosentraub, mais aussi par l’association des régions. Les réponses sur le financement diffèrent entre les régions et les éditeurs. Les parents se retrouvent au coeur de ce débat : faut-il les faire payer, ou pas.
Prime revalorisée pour les inspecteurs en éducation prioritaire
Le taux annuel de l’indemnité accordée aux inspecteurs qui pilotent un réseau d’éducation prioritaire est relevé annonce le JO du 6 septembre: » 500 € pour les inspecteurs de l’éducation nationale chargés du pilotage d’au moins un réseau d’éducation prioritaire ; 1 667 € pour les inspecteurs de l’éducation nationale chargés du pilotage d’au moins un réseau d’éducation prioritaire renforcé ».
Agricole : Deux professeurs principaux en terminale
Un décret publié au JO du 1er septembre introduit dans l’enseignement agricole le principe de deux professeurs principaux par classe de terminale générale ou technologique existant à l’éducation nationale. Ce décret valide l’action des établissements qui les ont mis en oeuvre l’année dernière puisqu’il entre en application au 1er décembre 2017.
Hors contrat : La circulaire d’application sur l’ouverture des écoles publiée
Le BO du 30 août publie la circulaire d’application de la loi sur le régime d’ouverture des écoles privées hors contrat. Elle donne de nouveaux pouvoirs à l’administration pour refuser une ouverture pour des motifs de sécurité publique. Mais la loi ne s’applique pas partout et le parlement avait refusé le principe de l’autorisation préalable d’ouverture.
Professeurs et chefs d’établissement : une relation bonne, mais fragilisée
La relation entre les professeurs et leur hiérarchie de proximité constitue l’un des sujets les plus brûlants pour la politique éducative. La volonté du candidat Macron de développer l’autonomie des établissements du second degré la mettra inéluctablement à l’épreuve. Des données nouvelles nous permettent de confirmer nos analyses sur l’assentiment global des professeurs au rôle des chefs d’établissement (CE) (1), mais aussi de mentionner la dégradation de ce rapport.
Le calendrier des concours de l’inspection et des personnels de direction
Trois arrêtés publiés au JO du 7 septembre fixent les dates des concours d’IEN, d’IPR et de personnels de direction. Dans les trois cas la date limite d’inscription est fixée au 11 octobre. Les épreuves d’admissibilité sont fixées au 16 janvier pour les personnels de direction. Les dates sont à venir pour les concours d’inspecteurs. Sont ouverts pour les IPR les concours en allemand ; anglais ; espagnol ; italien ; arts plastiques ; économie et gestion ; éducation physique et sportive ; histoire-géographie ; lettres ; mathématiques ; sciences de la vie et de la terre ; biotechnologies génie biologique ; physique chimie ; sciences et techniques industrielles, option sciences industrielles ; établissements et vie scolaire. D’autre part une circulaire publiée au BO du 6 septembre fixe les critères d’inscription à la hors classe et le calendrier des demandes.
Numérique
Bruno Devauchelle : L’établissement scolaire et le numérique, quelle rentrée !
La rentrée du numérique en milieu scolaire est marquée par la centration sur l’établissement des décisions et des orientations à prendre. Si les programmes s’imposent à tous (cf. le code, les enseignements de seconde – dont les contenus ne sont pas encore disponibles), deux points de priorité vont devoir être travaillés dans les établissements : la place des téléphones portables et autres terminaux numériques mobiles connectés dans l’établissement, la prise en compte de la question des données et l’application de la loi de juin 2018. Si la règle autour des données s’impose, sa mise en œuvre suppose un travail d’analyse et de suivi au niveau de chaque établissement. Car il ne s’agit pas seulement des logiciels de gestion administrative et vie scolaire mais de l’ensemble des données collectées et utilisées dans l’établissement. Pour ce qui est des téléphones portables, le texte du Vademecum de mise en œuvre de la loi du 3 aout et mis en ligne le 28 aout indique que le conseil d’administration devra, si ce n’est déjà fait, préciser dans le règlement intérieur les choix effectués. On le voit les personnels de direction vont avoir de quoi faire, rien que pour le numérique.
Bruno Devauchelle : Qu’est-ce qu’un usage pédagogique du numérique ?
L’expression « usage pédagogique du numérique » est devenu une sorte d’allant de soi dont on n’interroge presque jamais le contenu. Et pourtant on peut trouver de tout dans cette catégorie, ce qui fait dire à certains que ce n’est pas vraiment pédagogique… mais plutôt administratif, didactique ou encore de vie scolaire. Où peut-on voir cette expression ? D’abord elle est souvent reprise avec deux termes : utilisation et pratique. La différence entre usage, utilisation et pratique peut sembler inutile et pourtant il y a souvent confusion comme on peut le comprendre dans cet article. L’usage sera considéré ici comme une manière de faire intériorisée et socialisée par un sujet tandis qu’une pratique sera seulement la manière de faire d’un individu dans un contexte donné. L’utilisation elle sera la mise en évidence de l’usage et donc le moyen d’accéder à ce niveau de globalisation permis par la notion d’usage. Cela peut sembler discutable mais il nous semble préférable de faire des choix.