Au lycée pilote innovant de Jaunay Clan (86), Barbara Giraud et Nathalie Noël, professeures d’espagnol et Pauline Marin, professeure d’anglais, ouvrent à cette rentrée un Espace langues. Ce projet d’aménagement doit rendre possible de nouvelles pratiques pédagogiques et rendre l’enseignement plus facile et plus agréable pour les élèves. C’est aussi le prétexte à une aventure pédagogique collective menée par trois enseignantes qui pensent ensemble leur enseignement.
Un nouvel espace pour de nouvelles pratiques
Le lycée pilote innovant fête ses 30 ans. Installé à la périphérie de Poitiers c’est un petit lycée (650 élèves) qui n’a que des filières générales et sélectionne ses élèves. Mais c’est aussi une pépinière d’idées pour de nouvelles pratiques pédagogiques comme le « Future Classroom Lab » ouvert récemment.
Mais le nouvel espace langues n’est pas né de cette expérience. « Depuis longtemps on cherchait un espace identifié aux langues comme il en existe pour les maths ou le français au lycée. On est plusieurs professeurs de langues à se poser la question de la place du corps dans les apprentissages », explique Nathalie Noël. « Certaines font du théâtre, d’autres de la danse ou du chant toutes activités où il faut être debout et où il faut de la place ».
Le besoin d’espace nait aussi d’autres pratiques pédagogiques . « On fait de la communication verbale par exemple des débats mais pas en situation de classe frontale. Les élèves doivent pouvoir se parler, s’enregistrer. On dispose d’ailleurs d’un fond vert (pour enregistrer des vidéos) dans la salle. Il faut donc une salle grande divisée en plusieurs espaces où des groupes d’élèves font des choses différentes », continue t-elle.
Un espace modulable
En 2015 une enseignante remarque cette salle vide de 110 m², une ancienne salle d’arts plastiques, tout en longueur. Et petit à petit les professeurs de langues l’occupent de façon de plus en plus régulière jusqu’à ce que l’espace langues soit officialisé.
« On va y faire ce qu’on fait d e façon moins confortable dans les salles classiques », explique Barbara Giraud. « Ce sont nos pratiques qui font évoluer la salle. On va travailler en projet à un moment, en groupes à un autre ou en classe entière encore à un autre. On a besoin d’une salle modulable. Plutôt que figer des espaces avec une activité, on veut un endroit modulable où on puisse tout changer ».
Les enseignantes se sont aussi posé la question du mobilier. Faut-il une table par élève ou moins de tables mais des canapés ? Faut-il des chaises ou des tabourets ? Finalement elles optent pour de vieux canapés récupérés pour ouvrir un coin lecture et pour un espace entraide. Il reste 28 tables avec 14 chaises et 14 tabourets. Les tabourets permettent de se balancer sans faire de bruit , d’être mieux en cours.
Etre mieux pour mieux apprendre
« On avait trois objectifs », confie N Noel, « mettre en activité les élèves mais aussi créer un climat de coopération et d’entraide ». D’où l’intéret porté au fait de se sentir bien et aux aspects ergonomiques de l’espace. « C’est une salle pour apprendre », rappelle N Noël. « On est sortie de l’idée qu’on n’apprend bien que en silence et assis. Parfois il faut se lever et marcher pour apprendre. On veut que les élèves soient bien physiquement pour mieux apprendre ».
Mais que font-elles dans la salle ? A cette rentrée chaque professeure a la salle au moins une demi journée chaque semaine en continu. « Ca permettra de tester différentes configurations et de voir comment cela impacte l’apprentissage », explique N Noël. L’espace langues devrait permettre de nouvelles formules de coopération entre élèves. « Elle sera aussi utilisée pour des projets interdisciplinaires « , remarque B Giraud. « On peut travailler à deux enseignants dans la salle parfois séparés parfois réunis ».
Un dernier chantier s’ouvre. « La salle nous amène à remettre en question l’aménagement du temps », explique N Noël. « Les séances de 50 minutes semblent maintenant trop courtes. »
Propos recueillis par F Jarraud