Alors qu’Emmanuel Macron va annoncer le 13 septembre son plan de lutte contre la pauvreté, quelle place y tient l’éducation ? Dans l’entourage présidentiel et à la délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, dirigée par O Noblecourt, on met en avant la création de petits déjeuners dans les écoles Rep+ et la création d’une obligation de formation pour les 16-18 ans qui décrochent.
Repenser le modèle social
Pour l’Elysée le plan pauvreté est une « révolution ». Alors que le pays connait 3 millions d’enfants pauvres, 3 millions de personnes en privations sévères, 5 millions d’inscrits à l’aide alimentaire, près de 60 000 « Neets » chaque année, c’est à dire des jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation, l’équipe élyséenne n’a pas de mal à critiquer l’Etat providence actuel. C’est un « nouvel Etat providence » qu’E. Macron va annoncer le 13 septembre , qui va « dépasser le traitement curatif de la pauvreté » et « repenser le modèle social ». Mais qu’en est -il pour l’Education ?
Des crèches plus éducatives
E Macron devrait annoncer un effort pour les crèches. L’objectif c’est de créer 30 000 places de crèches sur le quinquennat grace à une aide de l’Etat aux communes dont le montant n’a pas été dévoilé, qui viserait les communes populaires. Une nouvelle aide aux familles devrait les aider à payer leurs frais de garde d’enfant. Suivant une recommandation de l’OCDE, le gouvernement veut aussi « transformer le mode de garde » en en faisant un lieu de développement de l’enfant : apprentissage du langage, de la confiance en soi. L’OCDE avait invité à mettre davantage d’éducatif dans ces premières formations.
Droit à l’alimentation en Rep+
Pour les enfants scolarisés en Rep+, le plan pauvreté devrait contenir « un droit à l’alimentation ». L’Etat va encourager des petits déjeuners à l’école en Rep+ et la généralisation de la tarification sociale des cantines scolaires au primaire.
De nombreux pays ont déjà généralisé les petits déjeuners à l’école. Mais le plan pauvreté ne devrait pas importer les programmes américains ou anglais. Plutôt que des petits déjeuners en kit, le programme d’E Macron veut associer les enseignants et les parents. Autrement dit il n’y aura pas une aide d’Etat aux communes mais un fond, dont le montant n’a ps été indiqué, qui verserait des sommes aux Dasen qui eux mêmes soutiendraient des projets engageant des acteurs locaux pour des petits déjeuners et de l’éducation à l’alimentation. En clair il n’y aura pas un accueil déjeuner en Rep+ chaque jour mais les enseignants et les associations locales seront invitées à monter des projets. Pourtant on apprend mieux quand le ventre est plein semble t-il… A l’Elysée on promet quand même que ça touchera de 100 000 à 300 000 enfants.
Faute de budget social dans le premier degré , le plan pauvreté va encourager la tarification sociale des cantines des écoles qui ne touche aujourd’hui qu’une école sur trois dans les petites villes.
Une obligation de formation pour les Neets
La troisième mesure concerne les Neets. Le président devrait annoncer la création d’une obligation de formation pour les jeunes de 16 à 18 ans qui ne sont ni en formation ni en emploi. Les établissements scolaires devront déclarer toute l’année les décrocheurs (au lieud e deux fois par an) et les missions locales auront l’obligation de leur proposer une formation , qui sera prise dans le plan d’un million de formations annoncées par l’Elysée. Cela devrait concerner 60 000 mineurs. « On cesse de regarder ailleurs » dit-on à l’Elysée.
D’autres mesure concernent les jeunes. La garantie jeune qui ne soutient que 100 000 jeunes actuellement passera à 500 000 à la fin du quinquennat. Enfin l’arrivée à 18 ans ne devrait plus tomber comme un couperet pour les jeunes de l’ASE. Leur prise en charge devrait continuer jusqu’à 21 ans.
La plupart de ces mesures engagent les communes ou les départements. Dans quelle proportion l’Etat va -t-il les aider à y faire face ? Dans l’entourage élyséen on annonce de nouvelles contractualisations avec les collectivités locales. Ce sera un point à surveiller.
François Jarraud