Pour cette rentrée 2017, j’ai décidé de peaufiner le Temps des penseurs, un dispositif déjà décrit ici pour que ce soit encore davantage un plaisir à vivre pour les élèves. Le principe : Il s’agit d’inscrire dans l’emploi des temps des moments ritualisés consacrés à l’apprentissage (ce qui le favorise et ce qui l’empêche), au monde dans lequel nous vivons, et plus largement à notre condition humaine, en leur donnant la même importance que ceux voués aux temps disciplinaires.
Ces temps ritualisés, reprenant pour partie les principes et dispositifs de la pédagogie Freinet, pourraient faciliter un développement global de chacun et donner de la force et de la permanence aux savoirs acquis. A chacun bien sûr de s’en emparer selon un naturel propre à soi-même et à la classe.
1) Penser l’apprentissage : « Eurêka » (une séance d’une heure à une heure trente toutes les deux semaines : Par exemple, vendredi après-midi, semaines 1 et 3)
– Les élèves sortent un cahier appelé « Ce que j’apprends », y inscrivent la date sur une page et écrivent ou dessinent une découverte d’apprentissage faite récemment.
– Présentation théâtralisée à la classe par des enfants volontaires d’un des savoirs évoqués. Le personnage-savoir se présente et donne son état (émotion, désir…). Une façon d’incarner le savoir et de le rendre plus concret. On peut aussi dire sa découverte d’apprentissage à la classe d’une façon plus classique.
– Demander aux élèves si certains souhaitent se lancer dans un projet en prolongement. Les projets sont notés sur le tableau des projets.
– Conseil de classe consacré aux propositions à mettre en place ensemble pour mieux pouvoir apprendre (projets de classe, changements de places, organisation, etc.)
2) Penser les empêchements à apprendre : « Les scènes clownesques » (vendredi après-midi, semaine 2)
– Visionnage d’une situation d’empêchement vécue par les clowns à partir du site (ou à l’aide des dvd qui comportent ces scènes). Echange autour de cette situation.
– Visionnage des questions des clowns. Choix d’une de leur questions, puis atelier de philosophie à partir de cette question (ou non) (cf chapitre 5, ci-dessous)
– Revisionnage de la scène initiale d’empêchements. Possibilité de mener un moment de théâtre-forum pour trouver des solutions à cet empêchement. Puis, nous visionnons les solutions des clowns. Echange autour de leurs solutions.
– Nous pouvons terminer par un moment d’écriture ou de dessin autour de cet empêchement dans le cahier « Ce que j’apprends »
– Ceci dit, l’utilisation de ces scènes peut se faire de mille façons : plus théâtralisée, plus philosophique, plus avec le centrage sur les problématiques de la classe…
En savoir plus : Utiliser les scènes de clowns
3) Penser les accès aux apprentissages : « Les Explorateurs » (vendredi après-midi, semaine 4)
Il s’agit de faciliter l’accès et l’appropriation des grandes notions scolaires grâce à des regards multiples portés sur celles-ci (nous nous inspirons ici des « intelligences multiples ») :
Le regard de l’écrivain, le regard de l’artiste, le regard du reporter, le regard du mathématicien, le regard du scientifique, le regard du théâtreux, le regard du musicien, le regard du poète …
Nous faisons ainsi le pari que pour beaucoup d’enfants, regarder autrement et de façon diversifiée les notions à aborder à l’école peut leur donner davantage de chances d’accéder à leur compréhension, chacun y trouvant un accès plus proche de son tempérament, de sa personne. Et aussi du plaisir évidemment !
Voici des thématiques à explorer : Le Nombre ; Le Mot ; Le Temps ; Le Livre ; La Phrase ; Les Opérations ; Les Figures ; L’Espace ; L’Ecriture ; L’Eau ; L’Air ; L’Informatique ; La Santé ; Le Corps ; La Pensée ; La Poésie ; Les Sens ; La Technologie
Et une proposition d’organisation de démarrage : La classe est divisée en équipes de trois élèves. Les équipes sont hétérogènes. Chacune de ces équipes endosse l’un de ces regards (si besoin, nous procédons à un tirage au sort).
Avec le déroulé suivant :
Etape 1 : présentation du projet, constitution des équipes et répartition des missions pour chaque équipe,
Etape 2 : 1h30 environ de réalisation des missions,
Etape 3 : 30 minutes de présentations des résultats des missions à l’ensemble de la classe.
En savoir plus sur un exemple concret d’exploration : Les Explorateurs
4) Penser le monde : « Nos Questions » (deux courtes séances par semaine)
Ce temps est divisé en deux temps :
1) Le jeudi, nous choisissons une question :
– J’écris six questions au tableau proposées par les enfants ce jour-là (je ne les écris pas en entier, mais avec un ou deux mots-clés) puis nous procédons au vote à main levée de la question de la semaine. Ensuite, les enfants recopient entièrement la question votée pour pouvoir mener une recherche à la maison ou en classe.
– Voilà quelques sujets abordés depuis le début de l’année :
– Comment la Terre a été créée ?
– Comment arrive l’électricité ?
– Pourquoi les chiffres s’écrivent ainsi ?
– Pourquoi les animaux parlent autrement que les hommes ?
– Comment se fait un arc-en-ciel ?
– Pourquoi il y a-t-il de la poussière ?
– Pourquoi les arbres nous aident-ils à respirer ?
– Qu’est-ce qu’il y a après l’infini ?
2) Nous répondons le lundi suivant collectivement à la question votée de la semaine précédente.
5) Penser la condition humaine : « Je réfléchis » (dès qu’un thème de lecture, de « Quoi de neuf ? » ou de vie de classe aborde une problématique philosophique)
Nous reprenons là l’intitulé des ateliers de philosophie et de psychologie proposés par Jacques Lévine et l’Agsas .
Contenu de la séquence : Un moment où le groupe classe réfléchit sur une grande question de la condition humaine.
Modalités de cette séance (10-15 minutes + prolongement éventuel)
1) S’installer dans une configuration spatiale qui permette l’écoute et l’expression, donc plutôt en cercle.
2) Expliquer ce qu’est ce moment : on va réfléchir à une question pour laquelle il n’y a pas une seule réponse, mais plein de réponses et chacun d’entre vous a la sienne. Il n’y a donc pas de réponse juste ou fausse. Rappeler quelques règles dans la prise de parole : on respecte les paroles de chacun ; on ne se moque jamais : on a le droit de ne pas être d’accord avec un autre et alors, on explique pourquoi ; on prend la parole en levant la main.
4) Proposer une question (exemple : « C’est quoi la liberté ? »), prendre 30 secondes de réflexion silencieuse et l’échange peut démarrer pour 10 à 15 minutes. L’enseignant n’interviendra que pour recentrer le débat, demander une reformulation ou une explication. Il ne donne pas sa réponse à la question.
5) Nous pouvons prolonger ce temps par un moment d’écriture individuelle dans un cahier consacré aux ateliers de « philosophie ».
En savoir plus : Ils pensent donc ils sont
Vous vous lancez ?
Daniel Gostain,
Ecole élémentaire, rue Wurtz, Paris 13
Chaque mercredi retrouvez « La Classe plaisir » et ses moments précieux…