La réforme des rythmes n’a pas réellement profité à l’enseignement catholique même si celui-ci est en hausse dans le primaire. A la veille d’une grande manifestation des traditionnalistes catholiques, c’est la principale information donnée par Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, le 2 octobre. Loin de se mettre en opposition avec l’Education nationale, l’enseignement catholique se présente en partenaire soucieux de complémentarité et même de faire du social.
Que ce soit sur les rythmes scolaires, l’éducation à la sexualité, thème chaud du moment, ou sur son utilité sociale, l’enseignement catholique est zen. Les ministres de l’éducation nationale passent. L’école catholique et son secrétaire générale restent. C’est la leçon de plénitude qu’a donné le 2 octobre Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, en affirmant sa confiance en l’avenir. Il est vrai que l’école catholique poursuit sa progression.
Un effet rythmes limité
A la rentrée 2014, l’enseignement catholique compte 6 566 élèves supplémentaires (+0.3%) et scolarise 2 047 751 jeunes. L’essentiel de la hausse a lieu au primaire avec 7 376 écoliers en plus (+0.9%). Mais pour P. Balmand cette forte hausse est essentiellement due à la croissance démographique. La réforme des rythmes n’expliquerait l’arrivée que de 1 500 enfants, soit 0,3 par école. « Rien ne prouve son caractère durable », explique P Balmand. Cet effet « ne correspond pas au raz-de-marée que certains prédisaient ». L’enseignement catholique ne condamne d’ailleurs pas la réforme. En juin 2014 P Balmand l’avait jugé « intéressante ». Il juge que chaque école est la mieux placée pour définir son calendrier. Et une école catholique sur dix, selon le secrétaire général, serait passée aux nouveaux rythmes.
A la conquête de nouveaux territoires
« Nous souhaitons faire plus et mieux en termes de mixité sociale », annonce aussi P Balmand. Evoquant « l’utilité sociale » des établissements catholiques, il cite différents dispositifs pour décrocheurs ou quelques installations en quartier populaire. Un micro lycée par exemple est installé dans un lycée catholique de Bordeaux. 121 postes auraient été redéployés vers des projets de réussite éducative et le secrétariat entame une démarche pour se doter d’indicateurs sociaux qui serviront à l’horizon 2016 à l’affectation des moyens. « Nous voulons contribuer à la construction du lien social comme à celle d’une société plus fraternelle », dit-il. « Nous avons à libérer nos enfants de leurs ghettos et à favoriser la rencontre sociale et culturelle ».
Mais sur 5 ans il estime le nombre d’établissements installés en quartiers populaires à 7 ou 8. Ce qui limite l’action de l’enseignement catholique c’est la loi qui n’attribue les contrats qu’au bout de 5 ans et les contraintes financières. P Balmand ne le dit pas mais il y a aussi une règle tacite qui stabilise la part de l’enseignement catholique dans l’offre éducative. Revendiquer sa part de l’accueil des jeunes de banlieue sans modifier la vie actuelle des établissements c’est aussi une façon de crever ce plafond de verre. « Quand j’étais directeur diocésain du 93, des maires m’ont demandé d’ouvrir des établissements », affirme P Balmand.
Et la querelle du genre ?
A la veille de la manifestation des traditionnalistes de la manif pour tous, P Balmand allait-il y faire allusion ? On ne saura aps s’il va manifester. Mais il rappelle que l’enseignement catholique « s’investit dans l’éducation affective relationnelle et sexuelle fondée sur les principes… de la différenciation des identités sexuées ». Pour lui, « l’identité sexuée se conjugue entre un donné biologique et un construit culturel dans une histoire personnelle ». Pas sûr que la manif pour tous apprécie.
François Jarraud
A quoi sert l’enseignement catholique ?
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