Par Alexandra Mazzilli de l’Association Aide aux Profs
Ce mois-ci, dans la rubrique de l’Association Aide aux Profs :
– focus de François Jarraud sur le premier colloque d’Aide aux Profs : c’est un nouveau souffle pour les secondes carrières ;
– le site d’Aide aux Profs fait peau neuve et vous propose encore plus de fonctionnalités et de possibilités de formation et de reconversions ;
– des informations concernant la suppression de l’IDV et les refus de demande de disponibilité pour convenances personnelles et détachements ;
– le parcours de carrière d’Aurore Moreau, qui n’a jamais embrassé la carrière de professeure d’anglais à laquelle elle se destinait… et qui ne le regrette pas une seconde !!!
A-t-on le droit de quitter l’Education nationale ? Depuis 8 ans, l’association Aide aux Profs milite pour que l’institution prenne enfin en compte les vœux de milliers d’enseignants de changer de métier en fin de carrière. Le 18 juin l’association réunissait à Paris son premier colloque pour présenter des ouvertures pour ceux pour qui la salle de classe est un lieu de souffrance.
Dans la Bourse du travail quelques dizaines d’enseignants assistent au colloque d’Aide aux Profs.C’est la partie émergée du grand iceberg des adultes malades de l’Ecole. Corinne Riffaut a 23 années de métier derrière elle. Directrice d’école en Seine Saint-Denis elle confesse son « ras le bol » et son désir de fuir « la routine ». Elle se sent prisonnière dans le 93 avec une impossibilité de changer de profession et de quitter le 93 pour exercer ailleurs. »J’ai envie de m’en aller et de créer ma propre entreprise », dit-elle. L’association peut l’aider. Maryse est prof de maths en lycée général depuis plus de 20 ans. Ce qui la fait vouloir quitter l’Education nationale, c’est « la gestion des élèves à qui on permet tout. On a inversé les rôles. Ce sont maintenant les enseignants qui ont peur », nous confie-t-elle. Elle aurait voulu que sa hiérarchie l’écoute. Mais le chef d’établissement défend les élèves et au rectorat il n’y a personne pour la recevoir individuellement. Chloé n’a que 6 ans d’ancienneté dans le métier. Mais elle est déterminée à quitter ce qui est devenu une prison. Les élèves, Chloé les adore. « J’adore le métier d’enseignant », dit-elle. Pendant ses trois premières années, elle a exercé avec passion le métier de professeur des écoles. Et puis pour muter en province elle a accepté postes de remplaçante. Elle ne supporte plus d’être baladée toute l’année sur des postes fractionnés. « Je veux faire mon métier. Mais je ne suis plus heureuse de devoir travailler sans pouvoir établir de relations avec les collègues, les élèves, les parents. » Faute de pouvoir sortir de ces remplacements émiettés toute l’année, elle préfère quitter et recommencer le même métier dans d’autres conditions.
Ces trois profils illustrent la grande misère du management de l’Education nationale que Georges Fotinos a mis en évidence dans ses travaux. Il cite une première étude de la Depp qui donne 30% d’enseignants désireux de quitter le métier, 73% intéressés par une seconde carrière, 41% qui ne recommenceraient pas leur carrière et 49% qui ne recommanderaient pas le métier d’enseignant. Des chiffres confirmés par un récent sondage du Se Unsa donnant la moitié des enseignants désireux de quitter le métier.
Derrière ce mal être il y a des conditions d’exercice souvent très dures. Selon ses travaux 36% (primaire) à 43% (secondaire) des professeurs se sont faits insulter dans l’année. Un grand nombre se sentent harcelés. La violence va aussi dans l’autre sens dans l’institution scolaire. Dans les lycées polyvalents (LPO) le taux d’exclusions temporaires représente 12% des élèves. Or l’institution ne veut pas voir l’importance du phénomène. Par exemple, elle compte 85 médecins de prévention pour un million de fonctionnaires.
Cette souffrance Laurence Bergugnatl’a étudié chez les nouveaux enseignants. Elle montre qu’un nouvel enseignant sur dix est en état de burnout dès sa première année d’enseignement. En cause le climat scolaire mais surtout la représentation du métier. Puisque l’institution agit peu elle invite les enseignants à constituer des groupes de pratiques pour lutter contre le burnout.
La dernière intervenante de la matinée était justement responsable de la gestion humaine au ministère. Josette Théophile, ancienne DRH de Luc Chatel, n’a pas réussi à changer le fonctionnement de la maison. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, notamment avec un décret qui confiait aux chefs d’établissement l’évaluation des enseignants. Son credo n’a pas changé : « il faut un management de proximité professionnelle, responsable. Plus il sera formé moins on trouvera de chefaillons », précise-t-elle. Elle critique « un système éclaté et anonyme » de gestion des enseignants avec toujours un cadre pour s’opposer aux demandes de mutations. Le chef d’établissement « est le mieux préparé pour encadrer les enseignants ». Alors que les inspecteurs dans le secondaire sont selon elle détestés des enseignants .Mais à ce projet « la culture interne est faiblement préparée », lance-t-elle pince sans rire. « L’expression collective encore moins ». Aussi est-elle pessimiste sur toute évolution à court terme.
Pour Rémi Boyer, président d’Aide aux profs, si l’institution a su mettre en place un réseau de relations humaines, elle ne propose que des reconversions dans l’Education nationale. L’association Aide aux profs se trouve seule à tenter de relever le défi d’aider les enseignants à amorcer sur le tard une vraie seconde carrière. Rémi Boyer, son président, lance de nouveaux services d’aide aux enseignants qui veulent quitter l’école. Aide aux profs continuera à accompagner ceux qui veulent changer de métier.
François Jarraud
Pour en savoir plus :
Pour retrouver les détails des interventions de chaque invité, c’est ici : http://www.aideauxprofs.org/index.asp?affiche=Accueil.asp
Le nouveau site d’Aide aux profs
Seconde carrière : des exemples chaque mois dans le Café
Bergugnat : Les nouveaux enseignants étouffés par le stress
Entre 2006 et mai 2014, le portail d’Aide aux Profs ne permettait pas la mise en relation directe de nos adhérents, mais les suggestions de nos adhérents ont progressivement enclenché une démarche de réflexion sur le choix de l’outil, le changement de méthode, le choix du support… et nous avons pris le temps de prospecter le web pour trouver le meilleur rapport qualité/prix afin de pouvoir réduire dans les années qui viennent le montant de la cotisation annuelle à notre dispositif. Cela sera enfin possible dans un an, à compter de la rentrée 2015, de manière notable.
Notre portail www.aideauxprofs.org a 8 ans d’activité intense à son actif, plus de 6.000 articles publiés en ligne, et plus de 600 sites web le référencent à ce jour, dont de nombreux portails éducatifs, et de nombreux médias. Plus de 7.300 enseignants nous ont contactés, et même des chefs d’établissements qui voulaient eux aussi changer de voie. Nous avons traité 3.500 pré-bilans de carrière et 700 enseignants ont été accompagnés, plus de 300 à ce jour ayant quitté l’enseignement en présentiel. C’est peu, et beaucoup pour une petite structure comme la nôtre, avec si peu de moyens humains et de ressources.
Cette médiatisation est le fruit de nombreux facteurs, le premier ayant été le coup d’accélérateur en novembre 2006 donne par le Café Pédagogique pour concevoir et animer au fil des mois la rubrique seconde carrière. Une grande confiance que nous a faite François Jarraud et qui se poursuit dans le temps. Plus de 100 parcours de carrière d’anciens enseignants ont été publiés, depuis le n°79.
Depuis le 1er mai 2014 nous avons créé un deuxième site, www.apresprof.org afin de développer un pôle d’audit, d’expertise, de conseil et de formations pour notre association. Contacter Aide aux Profs s’effectuera par ce site, et suppose de vouloir réellement adhérer à l’association, ou de lui proposer de contribuer à un colloque, un reportage, une émission, de donner une conférence, des formations, d’apporter son expertise, etc.
Depuis le 15 mai 2014 nous expérimentons une nouvelle logistique de réseautage sur https://whaller.com, cette société dynamique et réactive ayant accepté d’adapter leur outil à nos besoins actuels et futurs, en mettant en place progressivement d’ici septembre 2014 toutes les fonctionnalités que nous lui avons suggéré. C’est une nouvelle forme de logistique d’accompagnement à distance que nous mettons en place, forts de 8 années d’expérience en ce domaine, avec un dispositif qui fonctionnait déjà à merveille, avec un fonctionnement optimal pour peu de conseillers en mobilité professionnelle.
Plus de 5.000 enseignants qui nous ont contactés depuis 2008 au moins y seront invités, ce réseau étant destiné à devenir une grande communauté d’échanges conviviaux, à distance, avec des rencontres départementales entre nos adhérents, dédiée aux reconversions des enseignants. Nous y disposons de fortes potentialités de développement à travers un effet « boule de neige » à partir des personnes qui y seront connectées, d’une meilleure qualité que sur Facebook, qui n’aurait pas permis cette forme de réseau social privé. L’accès à ce réseau ne peut s’effectuer qu’en nous contactant d’abord sur www.apresprof.org
Le portail d’Aide aux Profs va profondément se transformer d’ici fin septembre 2014, avec une qualité d’information et de services toujours plus grande, avec à l’esprit une démarche très professionnelle, pour que les 10 ans d’Aide aux Profs, le 18 juillet 2016, puissent constituer un grand moment. Ce portail finira par donner envie à l’Education nationale de le compter parmi ses références sur son portail de mobilité, tel est l’un de nos prochains objectifs.
Pour l’instant, depuis notre colloque du 18 juin 2014, plusieurs médias ont relayé notre action :
– Le 19 juin Europe 1 a interviewé un ancien enseignant que nous avons accompagné dans sa reconversion et dont le témoignage est disponible dans la rubrique seconde carrière, Maxime Kaprielian :
http://www.europe1.fr/Societe/Crise-des-vocations-Quand-u[…]
– Le 20 juin et le 23 juin, 20 minutes nous a présenté sur son édition web puis sur son édition papier à ses 4 millions de lecteurs sur toute la France :
http://www.20minutes.fr/societe/1406730-ces-profs-qui-qui[…]
– Le 22 juin Rue89 nous a évoqués dans un article de synthèse sur cette journée de colloque que leur journaliste, Mathilde Goupil, a passé à nos côtés :
http://rue89.nouvelobs.com/2014/06/22/profs-ils-ont-fui-lec[…]
– Le 26 juin, c’est au tour du Monde de l’Education d’évoquer l’action d’Aide aux Profs :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/06/25/dans-les-soire[…]
D’autres médias ont contacté Aide aux Profs depuis. Nous regrettons seulement que depuis mai 2012 les ministres Vincent Peillon et Benoît Hamon n’attachent aucune importance aux questions de GRH de proximité et de diversification des secondes carrières. Faudrait-il souhaiter un retour de la Droite au pouvoir pour étudier sérieusement ces questions ? Benoït Hamon nous a écrit le 22 avril être « sensible au fléau de la souffrance au travail ». Plus que de belles paroles, Monsieur le Ministre, Aide aux Profs attend des actes, avec une politique volontariste en la matière. Ce qui nous remonte des pratiques en CHSCT ici et là dans différentes académies ne plaide pas en faveur d’une réelle prise en compte de la souffrance et de la prévention des RPS au travail dans l’Education nationale.
Le décret n°2014-507 sur le recentrage de l’attribution de l’indemnité de départ volontaire sera suivi fin juin-début juillet par une circulaire. L’empressement sur ce dossier montre bien que le Gouvernement de Manuel Valls est prêt à toutes les économies de bouts de chandelle, quitte à faire disparaître une partie des avantages que l’ancien gouvernement avait pu accorder aux enseignants. En supprimant l’IDV pour les projets personnels, en introduisant une ambiguïté dans le décret quant à son attribution pour créer ou reprendre une entreprise, même si les articles 3, 7 et 8 semblent laisser penser que c’est encore possible, le gouvernement prend le risque d’un mécontentement des enseignants, de plus en plus nombreux à envisager une reconversion de ce type. L’objectif du ministère du Redressement Productif et du Président François Hollande lui-même n’est-il pas de favoriser la création d’entreprise et de générer de l’emploi ? Avec ce décret si flou, Aide aux Profs en doute !
Le décret:
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00[…]
Aide aux Profs a pu constater une multiplication, cette année, des refus de demande de disponibilités pour convenances personnelles et des temps partiel et mi-temps au titre des « nécessités de service » dans de nombreuses académies. Le Snuipp FSU de Seine-et-Marne ne sait plus comment interpeller le Ministre sur la situation de Gestion des Enseignants souhaitant en obtenir : http://77.snuipp.fr/spip.php?article2336
Notre association constate aussi de plus en plus de refus de départs en détachement, même pour le 1er septembre, les recteurs les refusant pour « nécessités de service » (= manque d’enseignants dans la discipline concernée, même à mi-temps) et c’est là un très mauvais signal de la part de la Gestion des Ressources Humaines car elle montre en plein phares qu’entrer dans le métier d’enseignant est un « aller simple ».
Comment, dans ce contexte, convaincre les étudiants que ce métier peut demeurer attractif, si en sortir en devient impossible, quand on n’a plus envie d’y rester ? Aide aux Profs compte interpeller le Ministre dans les jours qui viennent sur un cas qui nous interpelle et nous attriste, révélateur de la politique d’impasse actuelle dans laquelle s’aventure une GRH prise entre le besoin de recruter après les purges de la Droite dans les effectifs entre 2007 et 2012, et le besoin qu’ont des milliers d’enseignants chaque année à vouloir prendre un peu l’air d’ailleurs… Les propos de Josette Théophile au colloque d’Aide aux Profs le 18 juin à ce sujet sont forts intéressants.
Ce mois-ci, voici le parcours de carrière d’Aurore Moreau : elle est actuellement fonctionnaire, rédactrice territoriale dans les marchés publics (cadre B) pour le compte de la ville de Lyon après avoir passé quatre fois le CAPES d’Anglais. Elle se destinait à une carrière de professeure d’anglais mais elle s’est dirigée dans une toute autre voie et ne le regrette pas, vu de l’extérieur de l’Education Nationale ! Voici son témoignage.
Quelles études avez-vous suivies ?
Après un bac L, je me suis orientée dans la filière LLCE anglais à la faculté de la Toulon-La Garde jusqu’à l’obtention de la maîtrise. Ensuite, j’ai suivi la préparation au concours du CAPES dans la même faculté. J’ai passé le CAPES quatre fois, j’ai eu les écrits à chaque fois et je ne suis pas allée à l’oral la quatrième fois, vu que je venais de décrocher un autre concours (le concours de rédactrice territorial). J’ai eu un poste de suite, dès le mois de mai entre les écrits et les oraux du CAPES, puisque les écrits du CAPES se déroulaient en mars et les oraux en juillet.
Pourquoi avoir envisagé d’embrasser une carrière d’enseignante ? Quelles étaient vos motivations à devenir professeur d’anglais ?
Depuis le collège, j’avais toujours voulu devenir enseignante. Au début, je voulais faire prof d’arts plastiques, puis j’ai eu envie de devenir prof de français, puis prof d’Allemand (ma première langue) et au final prof d’anglais. Ce qui m’a poussée à choisir l’anglais, c’était la proximité de la fac d’anglais par rapport à mon domicile. Pour l’allemand, il aurait fallu que je parte sur Nice, ce qui aurait été compliqué financièrement.
Quelles ont été vos expériences professionnelles en matière d’enseignement ?
J’ai enseigné pendant deux ans dans un petit collège privé à la Garde, près de Toulon, puis deux ans encore en lycée privée à Toulon, en tant que professeur vacataire d’anglais.
Les avez-vous appréciées ? Qu’en avez-vous tiré ? Cela vous a-t-il donné envie de continuer dans cette voie ?
J’ai apprécié mes expériences dans l’enseignement, d’une part parce que je trouve la démarche heuristique très intéressante (« apprendre à apprendre »), le fait d’apporter sa pierre dans un processus de grandissement intellectuel des élèves (même si l’on peut vivre sans anglais) ; d’autre part, évoluer dans le domaine de l’anglais et le monde anglophone est quelque chose qui me plaît énormément (on touche autant le culturel que l’historique en plus de l’apprentissage de la langue en tant que tel) ; avec des jeunes un minimum motivés, on peut monter des projets extrêmement intéressants.
Malgré tout, être enseignante, c’est un énorme investissement en termes de travail, de préparation et de temps, surtout qu’en plus j’ai eu en charge des élèves de terminale avec la nécessité de préparer les élèves aux épreuves du bac. C’était pour moi un gros stress de préparer à la fois les écrits et les oraux du bac avec de petits moyens, avec des élèves en anglais première et seconde langue mais aussi en anglais renforcé (trois programmes différents !). Et encore, j’étais dans un lycée privé, avec des élèves sérieux et un minimum disciplinés, dans un cadre très strict. Avec le CAPES, j’aurais été dans le public (qui aujourd’hui pour moi n’est plus un secteur attrayant) : c’est l’un des facteurs qui m’a motivée à ne pas devenir enseignante, en plus du risque de la mutation (les jeunes enseignants titulaires du CAPES sont souvent mutés en région parisienne dans des établissements difficiles).
Quel a été votre parcours de carrière ? Pourquoi avoir changé complètement de voie professionnelle avant d’avoir réussi votre objectif premier ?
En parallèle du CAPES, j’ai passé plusieurs concours administratifs, dans la fonction publique d’Etat ou dans la fonction publique territoriale. Et j’ai réussi à décrocher le concours de rédacteur territorial en 2006. Il m’a fallu prospecter les collectivités pour décrocher un poste (il y a un large choix de postes et à l’époque, il y en avait beaucoup en quantité !). Enfin, il n’y avait rien sur la Côté d’Azur, mais j’ai trouvé sur Lyon, mon conjoint également. J’en suis à mon deuxième poste, deux postes très différents, le premier dans la sécurité, le second dans les marchés publics.
Quelles sont vos ambitions professionnelles pour le futur ? Avez-vous des perspectives d’évolution ?
Je souhaite passer le concours d’attachée territoriale de catégorie supérieure (cadre A), que mon conjoint a déjà obtenu, avec un poste sur Lyon. L’avantage, dans la territoriale, malgré le fait qu’il y ait actuellement une grande restriction du nombre de postes (notamment par rapport aux nouvelles réformes), pouvoir changer de poste et de domaine reste possible au sein d’une même collectivité, voire dans d’autres collectivités. C’est ce qui m’a déjà permis de changer de métier sur le même grade, ce qui permet de pouvoir s’épanouir dans son travail, de ne pas rester bloquée sur un poste dont on a fait le tour pendant des années. C’est l’un des grands avantages de la territoriale.
Regrettez-vous votre choix ?
Evidemment, je ne regrette absolument pas mon choix. A aucun moment. J’aurais peut-être eu un meilleur salaire en tant qu’enseignante en début de carrière, mais même si je restais rédactrice, je pourrais m’aligner au fur et à mesure des années. Au niveau de la curiosité intellectuelle, je peux me renouveler vis-à-vis des différents domaines sur lesquels je peux prétendre postuler. J’ai aussi deux grands avantages : j’ai beaucoup de jours de congés, mes horaires de travail sont fixes, je sais que quand je rentre, je n’ai pas de travail supplémentaire à la maison ou de copies qui m’attendent. Je n’ai pas non plus le stress de devoir me confronter à des élèves de l’enseignement secondaire qui n’en ont rien à faire de ce qu’on leur enseigne. Ce qui peut me manquer éventuellement, c’est le fait de ne plus évoluer dans le milieu anglo-saxon et américain, surtout qu’on perd très vite la maîtrise de la langue lorsqu’elle n’est pas pratiquée.
Quelles compétences pensez-vous avoir acquises en cours de formation pour devenir enseignante ou lors de vos expériences professionnelles d’enseignante ? Lesquelles vous servent aujourd’hui dans votre profession actuelle ?
Savoir parler en public. Savoir présenter des sujets. Une certaine aisance orale, le fait d’avoir un auditoire. Savoir Argumenter en réunion. Savoir répondre du tac au tac puisque si des réflexions fusent, il faut être de suite capable de les neutraliser. Dans la compréhension des choses, j’ai une approche très didactique, ce qui me permet de pouvoir m’approprier certains outils et de savoir m’organiser dans mon travail de tous les jours.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’école de la République ?
J’ai une image très chaotique de l’enseignement aujourd’hui : J’ai plutôt cette image de l’enfant roi et d’un enseignant qui s’échine à lui apporter quelque chose, que l’enfant ne souhaite pas spécialement recevoir. J’essaie de ne pas généraliser. Par rapport à l’expérience que j’ai eue dans le privé, heureusement, certains élèves restent intéressés et motivés et essaient de se donner les outils pour se construire un futur stable et serein.
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