Alors que JM Blanquer a récemment parlé » d’auditeurs du système éducatif », Alain Bouvier sur son blog dessine les contours d’un organisme d’évaluation de l’Ecole qui rappelle l’Agence d’évaluation promise par Macron.
Ancien membre du Haut conseil de l’éducation, de 2005 à 2011, Alain Bouvier se livre à un démontage en règle des organismes d’évaluation de l’éducation. » L’enseignement scolaire ne souffre pas du manque d’évaluations, mais de leurs liens à l’exécutif, ainsi que de la pesanteur des processus de décision de l’action publique, freinée par la rigidité de la lourde technostructure. »
Mais de fait il critique les rapports de l’Inspection générale, publiés qu’avec l’accord du ministre, les études de la Depp car » leur technicité et l’abondance des données fournies les rendent lisibles des seuls spécialistes ».
Mais c’est surtout le Cnesco qui est sa cible. » Les missions prévues par le législateur en termes d’évaluations de politiques publiques n’étaient que partiellement assurées, notamment celles concernant les méthodologies des divers évaluateurs », estime-t-il. » Les spécialistes en évaluation de politiques publiques ne se prévalent pas de scientificité… Ils se préoccupent de rigueur : la méthodologie employée doit être préalablement présentée et chacun doit pouvoir s’assurer que celle utilisée est bien celle annoncée. Rien de tel pour le CNESCO dont la méthodologie est invisible et surtout qui n’a pas interrogé celles des autres instances d’évaluation, contrairement à ce que la loi attendait de lui ».
Nul doute que les analyses du Cnesco dérange et que la tentation de s’en débarrasser réunisse largement. La campagne contre le Cnesco avait commencé avant l’élection présidentielle et réunissait aussi bien des ténors de droite que de gauche. Quoiqu’en dise A Bouvier c’est bien l’indépendance du Cnesco et la façon dont il associe des enseignants à ses travaux pour construire du consensus qui dérangent. Une grande Agence , du type du HCE d’antan, n’aurait pas cette ancrage chez les acteurs de l’Ecole qui est la base de son indépendance du pouvoir politique. La publication de cet article n’est pas qu’un moment de nostalgie. Il montre que le Cnesco continue à gêner la technostructure ministérielle.
F Jarraud