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Le HCE demande une formation équilibrée entre pratique et théorie - Photo CP

« Enseigner est un métier ; de bonnes connaissances disciplinaires ne suffisent pas à faire un bon enseignant ». Le Haut Conseil de l’Education a remis ses « recommandations » sur la formation des enseignants au ministre de l’éducation nationale. Il définit des compétences, demande un allongement et une professionnalisation de la formation

« Faire apprendre, conduire une classe, ou entretenir des relations confiantes avec les parents, rien ne doit être laissé au hasard de l’inné ou du charisme. Agir de la meilleure façon face à un élève incapable de maintenir son attention sur une tâche scolaire, face à un groupe indifférent ou agité, ou à un parent démuni devant l’échec de son enfant, cela s’apprend. La formation disciplinaire d’un côté, et la bonne volonté et de réelles qualités humaines de l’autre ne suffisent pas si l’on veut faire réussir tous les élèves. Pour concilier enseignement de masse et élévation du niveau, le Haut Conseil de l’Education propose de raisonner, comme certains de nos voisins, en termes de compétences professionnelles des enseignants… Pour être titularisé, tout étudiant-stagiaire devra maîtriser, à la fin de sa formation initiale, les compétences requises pour enseigner ».

Pour le HCE c’est clair : les connaissances disciplinaires sont nécessaires mais ne sont pas suffisantes pour former un enseignant. Le HCE définit donc 10 compétences à maîtriser : la compétence disciplinaire, la maîtrise de la langue française, la capacité à concevoir son enseignement, à prendre en compte la diversité des élèves, à gérer une classe, à évaluer les élèves, à travailler en équipe et à coopérer avec les partenaires de l’Ecole, à innover, à agir de façon éthique et enfin à utiliser les TICE.

Le HCE recommande d’appuyer la formation sur une bonne connaissance de la recherche en éducation mais aussi d’associer formation universitaire et formation sur le terrain. « La formation professionnelle s’effectue en alternance, à l’université et dans les établissements scolaires ; elle doit être partout à la fois pratique et théorique… La formation pédagogique ne doit pas être dispensée par disciplines, mais d’abord en fonction des thématiques en jeu dans les situations professionnelles rencontrées par les professeurs, à partir d’études de cas : la personne de l’élève, le groupe-classe, l’apprentissage (processus, motivation, difficultés…), l’évaluation, la gestion des conflits, la lutte contre la violence, les relations avec les parents, la personne de l’enseignant, l’orientation, la diversité culturelle et le fait religieux, etc. ».

Il est clair que cela nécessite, pour le HCE, un allongement de la formation. Celle-ci doit débuter avant l’entrée en IUFM. Dès la licence les étudiants pourraient suivre des « stages d’observation » dans différentes catégories d’établissement. Ils seraient formés à la pluridisciplinarité. Pour les professeurs des disciplines professionnelles de l’enseignement professionnel, on exigerait « une pratique effective » du métier. Les autres PLP suivraient en deuxième année un stage en entreprise sur les relations Ecole -entreprises.

Le concours en fin de première année serait purement disciplinaire et perdrait son épreuve sur dossier, ce qui semble assez contradictoire avec l’objectif de professionnalisation invoqué par le HCE. Pour lui,  » les concours se situent à un stade du parcours des étudiants où ceux-ci ne sont pas censés avoir d‘expérience du métier d’enseignant : il est donc logique qu’ils aient pour première finalité de garantir un niveau disciplinaire, ainsi que des capacités intellectuelles générales indispensables à qui se destine à ce métier ».

Par contre la deuxième année de formation serait allongée de plusieurs semaines et axée sur « le coeur du métier ». Elle aurait lieu dans l’académie d’accueil du stagiaire. En fin de seconde année, la titularisation garantirait l’acquisition des compétences « sans exception et sans compensation entre elles ». Elle serait intégrée dans le système LMD et validée par des crédits ECTS de master dans le domaine de l’enseignement.

Au cours des deux premières années d’exercice, la formation serait prolongée.  » La première affectation doit être encadrée, et tout professeur débutant doit bénéficier d’un accompagnement pendant deux ans, des stages obligatoires parachevant sa formation initiale ». Durant cette période, l’enseignant suivrait des stages de connaissance du système éducatif, de découverte des partenaires de l’Ecole, de prise en charge du handicap.

Il appartient maintenant au ministre de mettre en oeuvre ces recommandations. Elles pourraient entrer difficilement dans les préoccupations budgétaires du ministre. Pour le moment Gilles de Robien se borne à déclarer qu’il est  » favorable à une piste de formation en alternance qui n’apparaît pas nettement dans les recommandations, mais serait une des pistes les meilleures pour s’adapter aux publics diversifiés ».
Recommandation du HCE (pdf)
Dépêche AFP
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