De Rio à Paris, pour la première fois, des enseignants brésiliens feront la rentrée en 2014 en Ile-de-France. Ils enseigneront au nouveau collège international de Noisy le Grand (93). C’est cette commune populaire de l’est parisien, à la limite du 93, du 77 et du 94, qui a été choisie pour accueillir un établissement hors du commun sur lequel lorgnaient plutôt Paris et l’ouest parisien. Le Conseil général et le rectorat font deux paris : installer de la mixité sociale en territoire d’éducation prioritaire et assurer une gouvernance à trois, Rectorat, collectivité locale, établissement. L’arrivée du Brésil est une vraie révolution culturelle.
Pourquoi un collège international à Noisy le Grand?
Pour Stéphane Troussel, président du Conseil général du 93, le collège est d’abord un des 5 nouveaux collèges qui ouvrent à la rentrée. Le département a lancé un plan d’équipement de 700 millions pour rénover l’éducation dans un département où le niveau scolaire décroche. Pour S Troussel, interrogé par le Café, il s’agit de « donner une nouvelle ambition aux collèges publics pour faire la démonstration de la qualité de l’Ecole publique et des moyens de réussite qu’elle peut offrir, ici aussi ». Le collège international s’adosse au projet de lycée international prévu par la Région à Noisy-le-Grand pour la rentrée 2015.
Une ouverture culturelle et sociale
« On n’a pas pris le modèle de Saint-Germain-en-Laye », nous dit Florence Robine, rectrice de Créteil. Le nouveau collège de 400 places offrira un internat de 140 places. Son recrutement sera désectorisé mais « on ne prendra pas les meilleurs élèves. Notre objectif c’est la mixité sociale ». Dans cette banlieue pauvre, le projet veut se démarquer des internats d’excellence sarkoziens. Il ne s’agit pas d’installer des élèves méritants arrachés à leur cité mais de faire cohabiter en banlieue des jeunes intéressés par les cursus proposés par le collège.
L’autre différence est là. Le collège international n’offre pas de sections européennes. Il y aura 4 sections tournées vers l’Amérique du nord (anglais des Etats-Unis), le chinois, l’arabe et le brésilien qui seront prolongées au futur lycée. Ce choix n’est pas sans rapport avec les communautés vivant près du collège à Marne-La -Vallée (77) ou dans le 93. Pour la première fois, l’Etat français a signé un accord de coopération avec l’Etat de Rio au Brésil pour un échange d’enseignants. Dès la rentrée 2014, un premier professeur brésilien viendra enseigner toute l’année à Noisy et un enseignant français dans le nouveau lycée franco-brésilien de Rio.
Des relations nouvelles avec la collectivité locale pour une autre pédagogie
« L’opération d’un montant global de plus de 30.7 millions d’euros est entièrement financé par le Conseil général dans le cadre de son Plan Exceptionnel d’Investissement (723 millions d’euros) », nous dit Stéphane Troussel. Cet investissement correspond à un collège prévu pour accueillir 400 élèves, un restaurant scolaire, une salle de sport, un plateau sportif extérieur et un internat de 140 places. « Mais au-delà de la question du bâti », poursuit S Troussel, « le Conseil général s’est fortement impliqué dans le choix de l’offre de langues. Nous avons souhaité valoriser les langues parlées par un certain nombre de jeunes de notre territoire comme l’arabe ou le chinois, mais aussi offrir un accès aux langues et cultures qui leur permettront de s’ouvrir au monde ».
« La collaboration avec le conseil général ne porte pas que sur la construction », explique F. Robine. L’internat a été défini avec le Conseil général en 4 « maisons » dotées chacune d’assistants de langues et d’assistants d’éducation. Un espace des parents et une « maison des parents » vont voir le jour. Autre fruit des discussions avec le conseil général, des activités transversales seront inscrites dans l’emploi du temps des élèves avec un encadrement culturel. Le département investit de forts moyens numériques pour que les collégiens puissent échanger par e-twinning ou visio conférence avec de jeunes brésiliens. Leurs travaux seront présentés dans un hall d’exposition prévu dans le collège.
François Jarraud