La réforme de l’éducation prioritaire a-t-elle un avenir ? Echaudé par ses évolutions en dents de scie dans le passé, l’OZP, une association d’acteurs et de militants de l’éducation prioritaire, invite le 22 mars les candidats à l’élection présidentielle à présenter leur projet. Si les représentants des 3 candidats présents, Mélenchon, Hamon et Macron, veulent tous diminuer le nombre d’élèves par classe, leurs choix renvoient à des visions différentes de l’éducation prioritaire. Pas sur que l’OZP soit rassuré…
Une éducation pilote et pilotée
L’éducation prioritaire intéresse-t-elle la droite ? Invité à participer à cette rencontre du 22 mars, le représentant de F Fillon s’est excusé. Durant deux heures, Charlotte brun, pour B Hamon, Paul Vannier, pour JL Mélenchon, et la sénatrice Bariza Khiari, pour E Macron, vont échanger sur leur programme sous le regard et les questions des membres de l’OZP.
C’est qu’à l’OZP on a des idées , fruit d’une longue pratique, sur ce qui est bon pour l’éducation prioritaire. En ouvrant la réunion, Marc Douaire, président de l’OZP, rappelle quelques principes chers à l’OZP. Pour nous la priorité c’est de sanctuariser les ressources, renforcer les réseaux et le primaire. Il faut que l’éducation prioritaire soit vraiment prioritaire , au quotidien, dans les arbitrages ». Mais il souligne aussi l’importance du pilotage : « mettre en place une gestion des ressources humaines, faire confiance aux collectifs, souligner la convergence des acteurs éducatifs ».
Pour B Hamon l’acte II de la refondation
« L’école a besoin de temps et de consensus », estime Charlotte Brun, représentante de B Hamon et elle-même enseignante en Rep. « Les politiques mises en place vont dans le bon sens comme les maitres surnuméraires (PDM), les nouveaux programmes ou la scolarisations des 2 ans. »
Benoit Hamon propose « un acte II de la refondation dont la première mesure sera l’instruction obligatoire dès 3 ans ». C Brun présente une autre mesure importante : la limitation du nombre d’élèves par classe au cycle 2 à 25 élèves et 20 en éducation prioritaire. La formation continue sera renforcée avec 15 000 nouveaux postes. Pour le lycée, elle propose « un indice social transparent » pour attribuer des moyens supplémentaires aux établissements populaires.
Représentant de Mélenchon et enseignant lui aussi, Paul Vannier critique la promesse d’E Macron de réduire à 12 élèves par classe les CP et CE1 l’accusant de « marketing politique ». Il critique aussi ls expérimentations « abandonnées à tous les libéraux » en éducation prioritaire, comme le recrutement des enseignants par le chef d’établissement, autre mesure de Macron.
Mélenchon : Apporter du savoir
Du coté de Mélenchon, on promet de limiter à 20 par classe le nombre des élèves à l’école et au collège et aussi à favoriser le co enseignement à l’école. On veut « apporter du savoir » ce qui passe par le retour des heures disciplinaires au collège et au lycée. Des associations culturelles, animées par des enseignants, seraient créées dans les établissements qui recevraient aussi des professeurs d’éducation socio-culturelle, sur le modèle de ce qui existe en lycée agricole. Le programme prévoit aussi d’étendre la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans et d’intégrer les lycées dans la carte de l’éducation prioritaire.
Macron : 12 élèves par classe en rep
C’est une sénatrice socialiste, Bariza Khiari qui représente E Macron. Son programme a deux idées fortes : au primaire donner la priorité aux fondamentaux, au secondaire à l’accompagnement et l’orientation. Pour le premier point, le programme d’E Macron prévoit de limiter à 12 le nombre des élèves en CP en rep et rep+. 12 000 postes seraient ouverts au primaire moitié par glissement du secondaire vers le primaire, moitié par création de postes. Dans le secondaire le candidat mise sur l’accompagnement après la classe et des stages de remise à niveau.
« La carte de l’éducation prioritaire a été élaborée avec des critères objectifs », souligne M Douaire. Pas question de l’étendre au risque de diluer les moyens. En conclusion, il souhaite que le prochain président continue ce qui a été engagé en éducation prioritaire. « On se félicite que depuis 4 ans la politique ministérielle engagée reconnait le travail fait en éducation prioritaire. On souhaite que ça ne s’arrête pas ». Réponse en mai…
François Jarraud