« J’écouterai mais je mettrai en oeuvre la réforme du collège ». N. Vallaud Belkacem a présenté le 25 août une rentrée marquée par la mise en route de nombreuses réformes. Collège, créations de postes et métier enseignant, nouveaux programmes en maternelle, en élémentaire et au collège, mise en route de l’enseignement moral et civique, rythmes scolaires, plan numérique : tous ces dossiers sont poussés en même temps. La ministre n’entend pas ralentir le rythme. Pourtant ses services ont du mal à suivre, si on en juge par les retards de publication des documents pédagogiques. C’est qu’il ne reste plus que deux rentrées pour parfaire les promesses du quinquennat…
Les 60 000 postes réaffirmés
Dans l’éducation nationale, le temps est rythmé par les promesses élyséennes. La plus importante, celle des 60 000 créations de postes, pèse sur la rue de Grenelle. « On créera les 60 000 postes », promet la ministre. Mais son ministère en est encore loin avec 35 200 postes d’enseignants créés à cette rentrée du primaire au supérieur. Pour cette rentrée 2 511 équivalents temps plein (ETP) sont créés au primaire représentant 811 titulaires et 3 400 stagiaires. Au secondaire, 2 550 ETP sont ouverts avec 1450 titulaires et 2199 stagiaires. Le privé bénéficie de 668 créations de postes. Il y a également 137 postes de CPE, 350 d’accompagnateur d’élèves handicapés AESH et une dizaine de médecins…
Pour la ministre, le recrutement s’améliore : il y a davantage d’étudiants en master éducation. Surtout le ministère rendrait le métier plus attractif. Les différentes mesures partielles, comme l’ISAE, une nouvelle prime au primaire, changeraient la donne. « Cela représente un gain de 85 000 € sur une carrière », souligne N Vallaud-Belkacem. Pas sur que les intéressés s’en soient rendus compte… La ministre promet une augmentation de salaire : » clairement il y a un retard a rattraper sur le salaire des enseignants du 1er degré. Ce sera l’enjeu du prochain quinquennat », dit-elle…
La maternelle et les rythmes
Au primaire, la rentrée est marquée par les nouveaux programmes de maternelle. Les documents d’accompagnement, annoncés par le ministère ne sont toujours pas publiés. Ils devraient l’être vendredi, nous a dit l’entourage ministériel. De toutes façons, « les enseignants connaissent les programmes depuis longtemps », juge la ministre. « Les inspecteurs feront des animations pédagogiques ». Elle annonce aussi davantage de pilotage du périscolaire. Et elle concède que le ministère veillera à réduire la fatigue des élèves résultats des nouveaux rythmes en maternelle. Une reconnaissance de ce que disent depuis des mois les enseignants de maternelle… Répondant à une question du café, N Vallaud Belkacem promet que le rapport de l’inspection sur les rythmes scolaires sera publié.
A l’école élémentaire, la ministre rappelle la mise en place de la nouvelle évaluation de Ce2 portant sur le français et les maths. Les exercices seront publiés sur eduscol. L’évaluation est obligatoire mais peut ne porter que sur quelques élèves. Au lycée, la ministre promet la publication du bilan de la réforme en octobre.
Détermination sur la réforme du collège
Mais la grande affaire c’est la réforme du collège. La ministre se dit » déterminée a conduire la réforme. L’accompagnement des équipes lèvera les malentendus », dit-elle. » La reforme du collège mettra fin a la dégradation du niveau », estime-t-elle. Le ministère lance un plan de formation d’un coût total de 24 millions pour former les enseignants à la réforme. Chaque enseignant bénéficiera de 8 journées de formation organisées dans la proximité de son établissement. Les formations seront assurées par une équipe comprenant au moins un formateur académique. Les autres formateurs seront un IPR, 2 personnes ressources du secteur, par exemple des formateurs du prioritaire. Trois journées seront consacrées aux axes de la réforme comme les EPI, la pédagogie de projet, les usages pédagogiques du numérique, l’évaluation des élèves, la différenciation pédagogique. Deux journées porteront sur les nouveaux programmes. Trois journées porteront sur le numérique : usages responsables d’internet, ENT, sécurité des données. Ces formations seront organisées de façon à ne pas nuire aux cours et en vagues. De la rentrée à la Toussaint seront formés les directions et IPR et les formateurs : les futurs intervenants de la formation des profs. Durant les vacances de la Toussaint des enseignants volontaires pourront bénéficier de cette formation en étant rénumérés. En octobre novembre des membres des conseils pédagogiques seront formés. Puis de janvier à mai 2016, tous les enseignants et CPE seront formés. Le ministère développe ainsi une logique pyramidale de formations locales qui devrait renforcer les équipes.
Cette année il y a aussi le nouveau brevet. « Nos ambitions pour une évaluation plus exigeante et plus bienveillante sont toujours là » dit la ministre. On devrait le connaitre en octobre.
Le lancement du plan numérique
Autre réforme, le plan numérique voulu par l’Elysée. 220 collèges pionniers ouvrent à cette rentrée avec 350 écoles. Au total 70 000 élèves et 8 000 enseignants sont concernés. Ces établissements bénéficient de matériel moderne et de formations. Ils préfigurent la généralisation de l’équipement des collègiens en matériel numérique en 3 vagues. En 2016 seront choisis 40% des collèges pour bénéficier de l’effort financier de l’Etat et du département. En 2017, 70% des collèges seront dotés de matériel et 100% en 2018. Le ministère encouragera la production de ressources.
L’EMC pour tous
L’autre grand axe de formation c’est la transmission des valeurs de la République. Il vise aussi les élèves et les parents. A la rentrée ceux ci devront signer la charte de la laïcité. L’enseignement morale et civique est mis en place à tous les niveaux là aussi sans que les documents d’accompagnement pour les enseignants ne soient encore parus. La ministre précise que cet enseignement peut être confié à n’importe quel enseignant. Un livret laïcité sera publié. Un plan de formation des enseignants vise 300 000 personnes sur l’année. Les écoles devront inscrire dans leur projet la participation aux commémorations patriotiques. La défense des valeurs de la République c’ets aussi la prévention de la « radicalisation » : un guide aidera les enseignants à détecter les élèves susceptibles de se radicaliser. Le ministère veut aussi surveiller de plus prêt l’enseignement à domicile et les écoles hors contrat…
Une école plus juste ?
Le troisième volet de l’action ministérielle c’est rendre l’école plus juste. « Quand l’école est faible les plus fragiles sont défavorisés » dit la ministre. « Plus on s’accommode des inégalités, plus on s’accommode de la baisse de niveau ». Et en France justement on s’est exceptionnellement accommodé des inégalités. La nouvelle politique d’éducation prioritaire entre en fonction à la rentrée. Elle accorde du temps aux équipes grâce aux pondérations (2d degré) ou à 18 demi journées de formation (1er degré). La majoration de l’indemnité touche 100 000 enseignants. La ministre souligne aussi la nouvelle politique d’allocation des moyens qui prend en compte des critères sociaux pour la première fois : cela concerne environ 1400 postes créés. L’académie de Créteil bénéficie de 500 créations de postes d’ici 2017. 120 places de formation d’enseignants en alternance à partir du M1 sont ouvertes dans l’académie.
Le ministère veut aussi lutter contre la ségrégation scolaire. Les premières expérimentations de secteurs multi collèges auront lieu dans les départements volontaires. Leur liste devrait être connue en octobre.
La circulaire de rentrée se terminait sur un appel à « fédérer les efforts de tous, au sein de l’école et au-delà de l’école, vers un objectif partagé, celui de la réussite des élèves, en s’appuyant sur tous les leviers créés par la refondation ». La multitude des dossiers ouverts par la ministre fait que en effet cette mobilisation semble indispensable. Existera-t-elle sur le terrain ? Mais il n’y a pas de rentrée sans espoir…
François Jarraud