Pédagogie
Le capital ethnique : Atout ou faiblesse pour les élèves ?
Peut-on retourner le stigmate ? Comment expliquer la réussite scolaire d’élèves d’origine étrangère prédestinés à l’échec ? Béatrice Mabilon-Bonfils, directrice du laboratoire Bonheurs, université de Cergy, et Massouma Sylla, du même laboratoire, introduisent la notion de « capital ethnique » pour expliquer ces parcours de vie atypiques dans un ouvrage (Le capital ethnique, L’Harmattan) qui donne la parole à ces jeunes. L’origine ethnique peut être une force qui motive et qui aide à déjouer les déterminisme, nous disent-elles.
Inclusion : Serge Ebersold : Les enseignants inventent un «?autrement capable?»
Confrontés aux élèves à besoins éducatifs particuliers, les enseignants s’engagent dans l’innovation ordinaire. C’est ce que montre l’important dossier du numéro de novembre de la Nouvelle revue Éducation et société inclusives, coordonné par Serge Ebersold (CNAM). Pour lui, « ce qui se joue derrière ces questions, c’est la possibilité de repenser l’école de la république. On ne parle pas de 2 % de la population scolaire. On parle de la capacité de l’institution scolaire à prendre en considération de nouveaux enjeux liés à la diversité sociale et cognitive des élèves, de tous les élèves ».
« On n’y comprend rien » : Les parents et la continuité pédagogique
Comment les parents se sont-ils débrouillés avec les cours en ligne postés durant le confinement ? Comment ont-ils déjoué, ou non, les pièges de présentation de ces contenus ? Dans la Revue française de pédagogie (n°212), Romain Delès (Université de Bordeaux) suit 5 parents dans la découverte d’une séquence de français de 6ème. Alors que l’étau se resserre à nouveau autour de l’Ecole, il est très utile de mettre en évidence les obstacles que les parents doivent surmonter. Pour R Delès, la « fracture numérique » ne se réduit pas à l’absence de matériel. » La fracture numérique reste avant tout une fracture pédagogique ».
Lycée professionnel et discrimination
« Il est problématique de traiter de la discrimination scolaire spécifiquement à propos du segment singulier qu’est le lycée professionnel (LP). Car s’il concentre à l’évidence des populations d’origine populaire et d’ascendance migratoire, la dynamique de ce segment est en partie le produit de la discrimination, non le lieu premier de sa production. Cela n’empêche que la discrimination organise aussi l’espace du LP », écrit Fabrice Dhume dans le numéro 23 de Carnets rouges dédié au lycée professionnel. « L’orientation scolaire scelle des hiérarchisations socio-ethno-genrées construites tout au long de la scolarité, et les reformule entre autres dans la distribution entre voies générale et professionnelle. Pour la génération entrée en 6ème en 2007, on observe par exemple que « les trois quarts des garçons descendants d’Afrique subsaharienne sont scolarisés dans les filières professionnelles ainsi que plus de la moitié des descendants d’immigrés turcs et portugais ». Bien entendu, la classe sociale joue un rôle déterminant dans la construction de ce statut scolaire, une grande majorité de familles concernées relevant du prolétariat ; néanmoins, à même origine sociale les garçons descendants d’Afrique subsaharienne s’avèrent nettement sur-orientés en filière professionnelle ». Mais la discrimination existe aussi en interne en lien avec l’originalité des LP. « L’enquête de l’IGEN susmentionnée estimait qu’entre 30 % et 50 % des jeunes « issus de l’immigration » subissaient de la discrimination dans l’accès à un stage. Loin d’être du seul fait des employeurs, cela relève d’un processus de coproduction entre l’école et l’entreprise. Ainsi, face à une demande discriminatoire du patron ? et compte-tenu de la charge de travail, d’injonctions paradoxales, de priorité au placement des élèves, de stratégies de préservation de carnets d’adresse, etc. ?, les enseignant.es peuvent entériner voire anticiper la discrimination ».
Vincent Troger : L’invisible diversité des lycées professionnels
« Le public des LP paraît à la fois beaucoup moins homogène que le discours dominant tend à le faire apparaître, et plus proche des autres publics de l’enseignement secondaire par les tensions internes et les modes de relations interpersonnelles qui le caractérisent. Cette tendance a logiquement été renforcée par la baisse des redoublements et la réforme du baccalauréat professionnel en trois ans (2008) qui ont rapproché les parcours des élèves de LP de ceux des élèves de lycées généraux et technologiques », explique Vincent Troger dans le numéro 23 de Carnets rouges , consacré au lycée professionnel. V Troger montre l’écart entre les LP des vieilles régions industrielles et les établissements de l’ouest. « Pour autant, les publics de LP présentent aussi un caractère propre que toutes les enquêtes à leur sujet ont relevé : l’importance qu’ils accordent à la qualité de l’encadrement. Toutes les enquête citées ici font le constat de la blessure narcissique dont une part majoritaire de ces publics témoigne à propos de leur scolarité au collège. L’écoute et l’empathie des enseignants de LP sont dans leurs discours fréquemment opposées à la distance manifestée par ceux des collèges, dont ils disent avoir souffert ».
Vincent Troger, L’invisible diversité des LP, Carnets rouges n°23
La crise sanitaire et les jeunes
Quel impact a eu la crise sanitaire sur les jeunes ? La Depp (division des études du ministère de l’éducation nationale) publie une Note reprenant des données OCDE sur les études et l’emploi. D’une toute autre nature, une autre étude, du ministère de la Santé, fait le point sur les effets du confinement chez les jeunes.
Comprendre les élèves
L’ENSFEA, école de formation de l’enseignement agricole, organise un cycle de webinaires pour « mieux appréhender le vécu des élèves de l’enseignement agricole, à la fois dans et en dehors de la classe. Des chercheurs présentent des résultats de recherche dans les domaines des sciences de l’éducation, de la sociologie, de la psychologie … Ces résultats de recherche sont mis en dialogue avec des préoccupations de professionnels de l’éducation. » Parmi les intervenants H Veyrac sur la façon dont les jeunes se représentent les enseignants , J Blanc sur la bienveillance, C Ait-Ali sur les apprentissages hors la classe, etc.
Un élève sur quatre a peur dans son collège
« La très grande majorité des élèves et des enseignants se sentent bien dans leur collège public. Ils perçoivent l’enceinte du collège comme plus protectrice que ses abords : 10,7 % des élèves et 6,9 % des enseignants se sentent en insécurité dans l’enceinte du collège. Aux abords du collège, c’est le cas de 25,3 % des collégiens et 9,1 % des enseignants », écrivent Hélène Fréchou et Boubou Traore dans un Insee Référence sur Sécurité et société. « À l’intérieur du collège, le sentiment d’insécurité est plus fort dans les lieux où les adultes sont moins présents, notamment dans les couloirs et les toilettes. En outre, à l’intérieur comme aux abords du collège, il est plus marqué dans les établissements socialement défavorisés et les très grands collèges, tant pour les enseignants que pour les collégiens. Les élèves de 6e, les filles et les enseignants en début de carrière se sentent plus souvent en insécurité aux abords de l’établissement, mais pas à l’intérieur. Par ailleurs, les collégiens (24,9 %), mais surtout les enseignants (62,8 %), ressentent de la violence dans leur établissement. Au cours de l’année 2016?2017, un collégien sur quatre a été victime de cyber?violence sur les réseaux sociaux et internet dans le cadre scolaire, et pour un tiers d’entre eux, il s’agit de cyber-harcèlement. »
Apprendre les sciences dans Le Nouvel éducateur
« En pédagogie Freinet, l’enseignement des sciences ne se conçoit pas sans le tâtonnement expérimental. Nous ne pouvons pas imaginer d’enseigner ces matières sans mettre nos élèves en face des réalités qu’elles recouvrent ni leur donner les outils adéquats pour les aborder en conscience ». Ce nouveau numéro du Nouvel éducateur (n°255) donne donc la part belle aux expérimentations. Mais il aborde aussi la théorie confrontée aux travaux des élèves. Ainsi on appréciera les séquences de D Berthold sur le baton de colle , le travail sur les aimants en maternelle de F Albin ou celui sur l’astronomie, toujours en maternelle, de M Jarlut. D Lambert parle du tâtonnement expérimental en lycée. J Carette des « élucubrations » d’un prof de physique.
Parlons laïcité en 30 questions
Jean Baubérot et Micheline Milot livrent un livre particulièrement utile aux enseignants sur la laïcité. D’abord parce qu’il traite, de façon très synthétique, de la laïcité à l’école : quelles sont les exigences de la laïcité à l’école publique, que signifie un enseignement laïque du fait religieux, la morale laïque est elle la morale des athées. Mais d’autres questions concernent aussi les enseignants. Celles sur les territoires à droits particuliers : Alsace Lorraine et Outre Mer. Mais aussi des questions qui renvoient au débat actuel : l’islam est-il compatible avec la laïcité ? La laïcité impose t-elle la sécularisation de l’espace public ? L’accommodement raisonnable conduit-il au multiculturalisme ? Vite un exemplaire pour le 110 rue de Grenelle…
Jean Baubérot et Micheline Milot, Parlons laïcité en 30 questions, La Documentation françise, ISBN 978-2-11-157379-6, 5.90€
Le corps de l’enseignant
» La gestion de la classe, le fait de donner un sens à ce qui se passe, l’étayage du travail, la mise en place de l’espace de travail et de collaboration, tout en visant l’apprentissage, sont autant d’actions que l’enseignant réalise avec sa parole mais également avec ses gestes, ses postures et déplacements dans la classe, avec le regard qu’il porte aux différents apprenants et avec les mimiques faciales qu’il leur adresse. On ne peut pas nier l’importance du corps dans l’activité pédagogique et il mérite donc toute sa place dans les cursus de formation initiale d’enseignant ». Marion Tellier (Université Aix Marseille) rend compte d’une formation à la posture en classe. Elle montre que savoir utiliser son corps en classe est une compétence qui s’apprend. Pourtant elle relève que si celle ci est importante, les jeunes enseignants, une fois en classe, n’utilisent pas ce qu’ils ont vu en formation. Signe de la complexité du métier ?
Bruno Devauchelle : Le numérique, l’Europe et l’école
Même si la compétence des Etats membres de l’Union Européenne en matière d’éducation reste entière, cela ne lui interdit pas de porter une vision sur le domaine du numérique éducatif comme en témoigne son récent « Plan d’action en matière d’éducation numérique » (2021-2027), Adapter l’éducation et la formation à l’ère numérique. » Ce document s’inscrit plus largement dans une initiative européenne appelée « Espace européen de l’éducation » qui vise à aider « les États membres de l’Union européenne à mettre en place des systèmes d’éducation et de formation résilients et tournés vers l’avenir. ». Cette initiative qui peut sembler bien lointaine pour les enseignants et les élèves est pourtant intéressante car elle met chacun des états devant ses responsabilités en matière de numérique dans l’éducation et la formation.
Le Café Mensuel 198 : Blanquer, premier bilan
L’heure du bilan arrive pour JM Blanquer. Et le Café Mensuel 198 réunit 10 articles qui dressent un premier inventaire : évolution du métier enseignant, effets de la réforme du lycée, salaire, contractualisation, évolution des concours et de la formation, dépense d’éducation, budget. Un autre dossier concerne la loi Rilhac qui doit tout à JM Blanquer et dont l’application va changer l’école primaire.
Le Café mensuel accorde une large place aux publications et aux événements. Un dossier reprend les acquis du colloque du Cnesco sur la gouvernance des politiques éducatives. Il est question du débat à l’école, du CICUR et de sa réflexion sur le curriculum ou encore de l’école émancipatrice.
Tout le reste du Mensuel renvoie à la classe. D’abord des comportements perturbateurs en classe inclusive. Mais aussi des évaluations du primaire, des pratiques en maternelle et élémentaire, de l’enseignement du français avec un important dosser de JM Le Baut, de l’égalité face aux maths et aux sciences, de la formation citoyenne, des atouts des cartes en géographie et du jeu en histoire et SES.
Bruno Devauchelle : Les familles, l’école et le numérique
Alors qu’elle revient à travers une proposition de loi, la question de l’éducation des familles au numérique est déjà ancienne. Bruno Devauchelle rappelle le rapport Proxima de 2003 et d’autres textes. Ce qui a changé c’est que l’Ecole n’est plus sous les projecteurs quand on parle de réconcilier le numérique et les familles…
Le coenseignement ça marche mieux
Une Professeure de collège (PLC) et une Professeure spécialisée (PES) voulant mesurer l’efficacité de leur action pédagogique conjointe ont mené une étude sur deux groupes d’élèves de 6e, l’un bénéficiant de coenseignement PLC-PES, l’autre bénéficiant d’un enseignement classique (uniquement PLC). Toutes choses étant égales par ailleurs, elles ont montré que les résultats scolaires après une séquence d’enseignement-apprentissage étaient meilleurs pour les élèves ayant bénéficié du coenseignement. L’analyse des séances révèle que le coenseignement favorise l’engagement des élèves et leur maintien dans l’activité en apportant une aide plus ciblée aux difficultés qu’ils rencontrent et en renforçant leur sentiment de compétence.
L’HEBDO PREMIER DEGRE
Usep : Vivre la laïcité au travers d’activités pluridisciplinaires
Pour la semaine de la laïcité, l’USEP – Union sportive de l’enseignement du premier degré – a proposé aux enseignants et enseignantes tout un programme. Cette année, l’accent est mis sur la solidarité, comme l’explique Ervin Tursic, délégué USEP du Rhône. Le projet proposé par l’association permet de débattre, de réfléchir et de vivre certaines notions du vivre ensemble que sont la fraternité, l’égalité, l’équité et bien sûr la laïcité. Tout comme Emilie Garruchet à Nevers, Sandra Philip à Druye et Bérangère Hermend à Vendin-le-Vil, de nombreuses écoles à travers la France se sont emparées des outils pédagogiques mis à disposition par l’association.
L’Inspection générale propose des heures supplémentaires pour animer les bibliothèques d’école
« La mission engage les ministères chargés de l’éducation nationale et de la culture à poursuivre voire amplifier la politique visant à conforter les bibliothèques d’école, qui constituent un atout de premier plan pour la mise en oeuvre de la politique en faveur de l’éducation artistique et culturelle, outre les pratiques pédagogiques qu’elles favorisent ». Très favorable au développement des bibliothèques d’école, le rapport des inspecteurs généraux Thierry Grognet et Olivier Hunault cite de nombreux usages pédagogiques des bibliothèques pour encourager la lecture. Il montre aussi la limite de la politique actuelle de soutien du ministère. Celui ci est réservé aux écoles rurales, qui peuvent recevoir jusqu’à 1500€ pour acheter des livres. « Les IEN et les équipes pédagogiques d’écoles situées dans des communes périurbaines aux moyens financiers limités regrettent régulièrement cette restriction », écrivent les rapporteurs. « En effet, les enseignants estiment qu’il est difficile pour eux de demander des crédits supplémentaires à la municipalité pour des achats de livres pour la bibliothèque. De plus, ces écoles bénéficient souvent de crédits annuels par élève limités, ce qui ne leur donne pas vraiment de marge de manoeuvre pour consacrer une partie de leur budget annuel à l’achat de livres, l’achat de fournitures scolaires nécessitant la mobilisation de la totalité des crédits alloués ». Alors que les communes rurales ne sont défavorisées ni sur le plan des résultats scolaires ni sur le plan social, on retrouve ici la même politique que pour l’éducation prioritaire de transfert de moyens de quartiers défavorisés vers le monde rural. Finalement le rapport préconise d’élargir ce soutien aux écoles des communs périurbaines pauvres. Il demande aussi des heures supplémentaires pour rémunérer l’animation des bibliothèques d’école avec une heure hebdomadaire pour les petites écoles et jusqu’à 3 heures pour les plus grandes.
Lectures réelles et lectures prescrites en CP
« Les goûts des élèves n’étaient que rarement en adéquation avec les listes officielles. L’intérêt pour un genre ou un univers, la dimension affective, priment pour eux, mais les personnages de séries ou les novélisations sont aussi mis en avant car ils permettent aux enfants de retrouver des repères du quotidien (situations familières, attraction pour l’écran) et de se projeter dans l’ouvrage. L’enseignante, ayant le souci de maintenir l’intérêt de ses élèves tout en proposant des œuvres plus complexes qui présentent un intérêt didactique, a parfois elle-même recours à des titres hors listes. De fait, il semble que certains titres non prescrits appréciés des élèves puissent les amener progressivement à entrer dans des lectures plus exigeantes ». Lucile Berthod et Lydie Laroque tentent de réconcilier les deux types de lecture, prescrite et réelle dans cet article de la revue Strenae, n°19.
Des générateurs sur le site de Florent
Calendriers, horloges, jeux mathématiques, bandes numériques, lancers de dés, calculs avec les doigts, poutres du temps, jeux d’intrus, mémory à nombre de cartes variable, calculs à imprimer, puzzle numérique : le site de la Classe de Florent offre de nombreux jeux et outils à générer en ligne.
L’HEBDO LETTRES
I. Hureau et P. Vedrenne : Le parfum de l’interdisciplinarité
Relier matières littéraires et matières scientifiques, c’est possible ? Au collège Roz Avel de Guerlesquin dans le Finistère, Perrine Vedrenne, professeure de lettres classiques, et Ivanne Hureau, professeure de sciences physiques et chimiques, ont relevé le défi. D’une part en menant un projet sur « la cosmétique dans l’Antiquité », d’autre part en animant le « club Astro Mytho ». Le travail conduit l’élève à expérimenter les savoirs, favorise la curiosité, la motivation et l’engagement, produit des événements d’établissement, ouvre le collège sur son territoire. Chaque matière y trouve joliment sa place pour « ancrer et contextualiser les notions scientifiques » et pour signifier combien « le cours de LCA est un espace d’ouverture où les élèves peuvent mettre en relation leurs savoirs, qu’il s’agisse de culture populaire ou scolaire. »
Après le livre : enfin dans le vif de la littérature
Après le livre, qu’en est-il de la littérature, et donc de son apprentissage ? Question, toujours à remettre sur le métier, que François Bon pose et repose, pour notre plus grands dérangement et bonheur, en enrichissant et actualisant son essai de 2011. C’est que le fétichisme du livre comme objet et comme forme (l’assignation dans un genre, l’œuvre close sur elle-même) participe d’une sacralisation et d’un enfermement de la littérature. Dans notre imaginaire né de l’imprimerie, « le livre accapare la totalité de ce qui surgit en littérature, de ce que rétrospectivement on nomme littérature.» Mais peut-être déjà en leurs temps Bossuet, Mme de Sévigné, Saint-Simon, Michaux ou Char n’avaient pas écrit dans la perspective du livre. Et d’autres surgissements et déploiements des mots sont possibles, que le numérique en particulier invite à redécouvrir et réinventer. Peut-être deviendra-t-il alors possible de dépasser tout ce qui dans les représentations scolaires nous programme (pour définir, classifier, recomposer, commenter, disserter) , empêche la mise en action par les élèves de la « littérature », leur interdit de dire, écrire, créer, creuser, partager leur interaction avec le monde ? 40 épisodes de la série de François Bon sont en cours de publication vidéo : délectables, indispensables.
Le moment de grammaire par l’exemple
Compléter ou remplacer la « leçon de grammaire » par le « moment de grammaire » ? L’invitation est lancée sur le site lettres de l’académie de Montpellier : pour éviter les cours chronophages et roboratifs, « il s’agit de consacrer très régulièrement à l’étude de la langue des temps de classe restreints (5 à 10 minutes) afin de construire des apprentissages ou de réviser des éléments préalablement étudiés. » Deux exemples sont proposés et analysés : l’identification des constituants de la phrase par les manipulations syntaxiques en classe de 6ème (Vincent Ramos-Filaire, enseignant au collège Fontcarrade) ; la phrase donnée du jour : justification grammaticale de l’accord nom/adjectif en classe de 5ème (Isabelle Mounime, enseignante au collège Camille Claudel).
Au bonheur de lire Balzac en 2nde
Au lycée polyvalent Carnot de Bruay-la-Buissière, dans deux classes de 2nde hétérogènes, Nicolas Capy a mis en œuvre une riche séquence autour du roman « Eugénie Grandet », « une œuvre patrimoniale qui peut rebuter les élèves par l’absence d’action, la longueur et la multiplicité des descriptions ». Démarches utilisées : proposition d’un contrat de lecteur, entrée dans l’œuvre par des hypothèses de lecture partagées via Framemo, réalisation de marque-pages associés à un padlet, production avec Genially de portraits de personnages, écriture créative, études thématiques en groupes via Framapad, réalisation de cartes mentales pour un regard critique préparant à la dissertation, proposition de lectures cursives complémentaires …
L’HEBDO SCIENCES
Sylvain Caberty : Un jeu de cartes pour maîtriser la nutrition végétale
Comment stimuler les élèves et développer la coopération tout en étudiant ? Sylvain Caberty, enseignant de SVT au collège Corneille de Tours (37) et Thomas Gualdi, illustrateur scientifique, ont conçu un jeu de cartes nommé Phyto’Logic qui mêle la bataille classique et la construction d’un puzzle collaboratif. Des cartes malus et bonus telles le gel, l’invasion de chenilles ou le rhizobium permettent d’élargir la réflexion. « La motivation des élèves est palpable et permet de faire travailler des élèves mêmes avec des difficultés », souligne Sylvain Caberty. Utilisable du primaire au collège et en classe Segpa, l’équipe prépare une version pour le lycée.
Claire Lommé : En janvier, j’y retourne…
« Nos classes sont hétérogènes, et c’est très bien ainsi. Cela ne facilite pas notre travail, ni de préparation, ni en classe, mais c’est un moteur, l’hétérogénéité. Pas pratique, mais source d’énergie. En Ulis, c’est bien différent : il n’y a aucune base commune. Certains ne savent pas lire, et sont en sixième comme en troisième. Peu connaissent la multiplication, certains rencontrent de douloureuses difficultés pour construire des relations sociales harmonieuses ». Et pourtant Claire Lommé va y retourner. Pourquoi ?
Maths : Le petit vert 148
« La politique d’évaluationnite remonte les cycles. Le baccalauréat comportant désormais 40 % de contrôle continu, le ministère a demandé aux chefs d’établissement des lycées de produire un Plan Local d’Évaluation, qui serait une charte de bonne conduite des enseignants évaluateurs, pour construire une note finale représentative. Le travail de rédaction de cette charte s’est effectué pendant deux demi-journées banalisées. Qu’une instance nationale centralise des projets locaux peut sembler paradoxal. La création des grandes régions et de super recteurs d’académie pose la question de la nécessité de maintenir un super ministère, qui est la négation même des spécificités locales. Notre institution n’a pas encore pris la mesure de la contraction des distances, que tout le monde a perçu pendant la pandémie », relève Gilles Waehren dans l’éditorial du n°148 du Petit Vert, le mensuel de l’Apmep Lorraine. Parmi les nombreux projets pédagogiques du numéro, un problème intéressant sur les crêpes de la Chandeleur. Et pour les faire passer, une programmation en scratch d’un crossfit ou encore « la géométrie du crayon ».
Pratiquer les sciences hors laboratoire
« Bien que le volet pratique des sciences et technologies pour générer des apprentissages et susciter la curiosité soit reconnu, celui-ci a été mis à mal avec la pandémie. Dans ce texte, Geneviève Allaire-Duquette présente certains repères pour guider les enseignants afin qu’ils puissent permettre aux élèves de poursuivre leurs apprentissages pratiques même hors d’un laboratoire. » Le site québécois L’école branchée montre comment faire réaliser des expériences à distance en mettant la sécurité au premier plan.
Sensibiliser les élèves au changement climatique
« Combien existe-t-il d’espèces sur terre ? Quelles sont les différences entre les insectes, les arachnides et les myriapodes ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans le tutoriel « La biodiversité : comprendre pour agir », en ligne sur la plateforme de formation L@map ». Destiné aux enseignants de cycle 3, ce nouveau tutoriel permet de mieux appréhender le concept de biodiversité.
L’HEBDO SCIENCES HUMAINES
Anna Dreuil : Jouer au « Monopoly des inégalités » pour mieux les comprendre
« Ce que ça m’apporte ? Un peu d’insécurité ». Anna Dreuil enseigne les SES au lycée Kessler et au lycée Nouvelle chance de Cergy (95). Son intérêt pour le Monopoly des inégalités, un jeu imaginé par l’Observatoire des inégalités, dépasse le goût de l’aventure pédagogique. Le jeu permet aux élèves d’incarner les inégalités et de les vivre de façon distanciée et rapide. de quoi éveiller leurs questionnements et construire des savoirs.
Cédric Naudet : La « géographie expérientielle » pour faire vivre la géographie
« La géographie expérientielle est une géographie fondée sur l’expérience des élèves ». Sur cette idée, le groupe « Pensée spatiale » de l’IREM de Paris développe un blog qui propose des séquences. Cédric Naudet, membre du groupe et professeur d’histoire-géographie au lycée Pagnol d’Athis Mons, explique la démarche et ce qu’elle apporte à l’enseignement de la géographie.
Histoire : Du jeu vidéo au document de travail avec Assassin’s Creed
» Souvent présenté comme une manière de gamifier la classe, la question de l’usage des jeux vidéo dans les pratiques pédagogiques, et en particulier d’Assassin’s Creed, est de plus en plus présente aussi bien dans les discours médiatiques que dans la recherche », écrit Romain Vincent dans la revue Le temps des médias n°37. « Nous verrons comment cette fiction historique vidéoludique est transformée en support pédagogique par des enseignants d’histoire-géographie. Étudier sous l’angle du média plutôt que sous celui du jeu, nous rendrons compte de la déludification d’Assassin’s Creed quand il rentre à l’école, en nous appuyant notamment sur l’observation d’une séance pédagogique en collège ».
Noël, Une question de géographie…
» C’est désormais un lieu commun de dire que le Père Noël est chinois. Plus exactement, ses ateliers sont situés dans la région de Yiwu, dans le Zhejiang, à 300 km de Shanghai. 60 % des décorations de noël et des sapins en plastique, exportés dans le monde entier, proviennent de cette région ». Géoconfluences revient sur les liens entre le père Noël et la mondialisation.
Histoire : Qui a volé l’épée du seigneur ?
Proposé par Alexandre Giunta et Sébastien Lamaison, voilà un parcours gamifié, de type « chasse au trésor », conçu avec Genially et qui peut être réalisé en totale autonomie par les élèves. « Il a pour objectif de leur faire comprendre le fonctionnement d’une seigneurie à l’aide d’exemples précis et d’aborder avec eux la domination seigneuriale.. À la fin de l’activité Genially, l’enseignant peut proposer un travail de rédaction en proposant aux élèves de synthétiser par écrit les connaissances acquises.. »
Géo : Se repérer avec Numalille
La revue du site d’histoire-géographie de l’académie de Lille consacre son numéro 11 au repérage dans le temps et , surtout, dans l’espace. On y verra un excellent article sur les suages de Google Earth notamment pour s’immerger dans les hyper paysages, travailler l’histoire d’un paysage, géolocaliser des statistiques ou même jouer. Google Maps et Google Earth sont des outils très utilisés par les élèves. L’école peut faire évoluer leur pratique vers la géographie. Un autre article traite des cartes narratives, de plus en plus utilisées. Un numéro à découvrir !
SES : Le rapport sur les inégalités mondiales
Réalisé sous la direction de T. Piketty, L. Chancel, E Saez et G Zucman, le rapport sur les inégalités mondiales montre que dans toutes les régions du monde, sauf l’Europe, les 50% les plus pauvres bénéficient de 15% du PIB alors que les 10% les plus riches se partagent plus de 40%. Dans cette situation, le PIB moyen n’est plus un repère fiable pour situer les pays. Le rapport montre aussi que les inégalités sont un choix politique. Enfin les inégalités se sont accrues de 1995 à 2021 surtout au profit des plus riches.
L’HEBDO LANGUES
Prosodie en anglais
» L’expérience menée en classe de seconde associe l’étude de textes poétiques de Benjamin Zephaniah à l’enseignement de la prosodie anglaise dans le but d’amener les élèves à gagner en confiance et à devenir des communicateurs plus efficaces mais aussi des auditeurs plus engagés ». L’étude de Samatha Anel interroge les pratiques pédagogiques pour travailler l’expression orale.
Allemand : Vidéos de Noël
L’ADEAF met en ligne plusieurs vidéos sur le thème de Noël qui peuvent être utilisées en classe. Le vocabulaire, les traditions, les recettes de Noël sont évoquées.