« Quand on demande aux élèves que l’on reçoit en 2de quelle matière ils n’aiment pas, c’est à 90% les maths. Je pourrais déprimer. J’ai décidé d’essayer de tout faire pour qu’ils prennent les maths comme une autre matière ». Il est modeste Fabrice Hivin. Ce qu’il fait est encore plus profond. Il fait découvrir aux élèves que les maths sont utiles. Mieux : qu’ils peuvent en fixer les règles. Et il partage tout cela avec ses collèges de maths et de langues.
Travailler les bases, mais pas que…
On a rarement l’occasion de voir tout une équipe de professeurs, Fabrice Hivin et Elodie Auzanneau, professeurs de maths – sciences, Emilie Poulin, professeure d’anglais et Maria Davila, professeure d’espagnol, travailler ensemble dans un projet qui marie ces disciplines. Et c’est encore plus rare quand cela associe deux lycées professionnels distants de 30 km : celui de Civray et le LP de Chef Boutonne.
Au coeur de ce dispositif Fabrice Hivin. Au départ il a la volonté de faire travailler par les élèves les bases qui leur manquent en maths : multiplication, fractions par exemple, des lacunes qui viennent de loin. F Hivin se base sur le vécu des élèves pour cela. « En cuisine quand le chef donne des proportions de recette et qu’il faut les adapter, il faut le faire de tête. Parce que devant les fourneaux il est hors de question de sortir la calculette ».
Il se rend compte que ce qui handicape les élèves c’est leur manque de concentration et de mémorisation. Pour les travailler il a l’idée d’inventer des jeux. Attention ! Pas des jeux informatiques. Des jeux en dur qu’il fabrique à l’aide d’une imprimante 3D.
« J’ai imaginé un Memory et ça marche bien », explique F Hivin. « Là aussi c’est une demande professionnelle. En salle quand on leur passe commande il faut mémoriser. Pareil quand le chef donne ses commandes en cuisine ».
Quand les élèves s’emparent des jeux
Ca marche bien les jeux. Mais Fabrice Hivin ose un autre décalage. Pour que ça marche mieux il faut que les élèves s’emparent des jeux. « On pense comme adulte à les faire jouer à notre façon. Mais ils ont leurs propres idées », explique t-il. Ils imaginent leurs propres règles et ça marche très bien. Elles sont cohérentes. Par exemple dans le jeu « croissant – décroissant » il sont eu l’idée d’inventer un arbitre ».
F Hivin se félicite de ce lacher prise d’autant que les jeux ont un autre intérêt pour lui : « les jeux me permettent d’observer leurs stratégies pour réussir et c’est génial », nous dit-il. Par exemple dans un jeu d’équivalence, les élèves ont des stratégies différentes , certains regroupant les pièces par nature, d’autres travaillant sur le tas. Le plus intéressant c’est qu’ils s’enseignent leurs stratégies ».
Redonner confiance
Dernière étape : F Hivin et E Auzanneau sortent les jeux de la discipline maths pour se lancer dans un nouveau projet avec leurs collègues de langues. « Cela donne de la cohérence à la démarche ». Sur la plateforme etwinning les enseignants souhaitent partager leurs jeux avec les collègues d’autres pays. Quand aux élèves, qui vont en stage en Espagne ou en Grande Bretagne, ils apprennent les pourcentage dans la langue qu’ils ont choisie.
Que lui apporte tout ce travail ? » Je pourrais déprimer. J’ai décidé d’essayer de tout faire pour qu’ils prennent les maths comme une autre matière », explique F Hivin. « Les jeux leur donnent confiance en eux. Et pour moi c’est essentiel ».
Propos recueillis par François Jarraud