« Ça nous a beaucoup soudés dans l’école »
Marine : Alors là (vidéo), on finissait les t-shirts des JO. On a bossé toute l’année sur ce thème, toute l’école. On avait vu ça en conseil d’école en fin d’année précédente et tous on s’est accordés sur le fait que ce serait bien de profiter des J.O pour faire un thème commun à toute l’école, la mater’ et l’élémentaire aussi. Et puis faut dire que c’était plus qu’encouragé par l’inspection, vu le nombre de documents qu’on a reçu sur le sujet. La mairie aussi a mis en place des olympiades et donc voilà, de toutes façons c’était l’année à faire ça. Ça nous a beaucoup soudés dans l’école car on était tous sur le même thème et ça se décline dans toutes les matières… surtout en mater : les albums, les arts visuels, le graphisme… et les enfants étaient à fond. En plus il y avait la mascotte, la pièce et tout, c’était vraiment riche.
« Ca favorise le travail en équipe »
Là on est sur la fin et on faisait des t-shirts mais c’est toute l’année qu’on a bossé autour de ce thème. Je me dis que c’est bien des thèmes fédérateurs dans les écoles, ça favorise le travail en équipe et puis ça donne une dynamique collective. Après même les autres années moi j’ai toujours essayé de faire des thèmes dans ma classe, ça m’évite de rentrer dans la routine. Mais c’est souvent des thèmes pour ma classe et pas pour l’école. Et en voyant ça je me dis que c’est dommage, on devrait définir des thèmes communs plus souvent.
« Se rajouter des thèmes ce n’est pas toujours opportun »
Juliette : Alors moi c’est tout l’inverse. Déjà les J.O ça m’a vraiment fatiguée, on aurait dit qu’il n’y avait plus que ça. Dans mon école aussi bien sûr on a fait mais moi j’avoue j’ai suivi sans y croire. Et du coup ça pose la question de ces thèmes d’école, et même des projets collectifs. Parce que parfois tu es dans une école où y’a une vraie dynamique d’équipe et où tu t’entends bien avec les autres. Mais parfois ce n’est pas pareil. Moi dans mon école clairement y’a des clans et au final c’est la directrice et ses copines qui vont imposer des choses parce que ça leur fait plaisir à elles. Je questionne vraiment la plus-value de travailler sur des projets communs à l’école ? Déjà malgré toi tu es rythmée par Noël, le Carnaval, la sortie de fin d’année … c’est déjà beaucoup pour moi. Après on est obligés de suivre le projet d’école. En plus en CP tu as une routine qui est nécessaire aux apprentissages, je parle de la lecture. Donc se rajouter des thèmes ce n’est pas toujours opportun.
« Je me sens bridée »
Même moi ça a tendance à m’étouffer. Je me sens bridée. Parfois je décide de bosser sur un truc juste parce que j’y ai pensé pendant les petites vacances par exemple. Je vais dans un endroit, je discute avec des collègues d’autres écoles, je lis un livre ou je vois un truc sur internet et hop, j’ai l’envie de bosser autour de ça. Et le fait que moi j’y crois, que ça m’intéresse, ça aide à enrôler les enfants dans l’activité. Parce que c’est mon désir qui était à l’origine du truc tu vois ? Je ne sais pas si tu vois mais moi les thèmes imposés par les autres, ça ressemble à une obligation et du coup j’y vais à reculons. Les projets ça bride la spontanéité. Clairement c’était le cas des JO mais bon…
Le mot du chercheur : le travail en collectif est encouragé par l’institution mais on peut se demander autour de quoi doit se constituer un véritable collectif de travail. Pour Marine sur la mise en place de thèmes communs à toutes les classes de l’école pour sécréter du collectif de travail, là où justement Juliette voit dans les projets un empêchement à agir.
Frédéric Grimaud
