Une vie d’engagements
« En se levant le matin le 1er décembre 1955, jamais Rosa Parks n’aurait pu imaginer comment se terminerait cette journée ». Ce jour-là, animée, dira-t-elle, d’une seule fatigue, celle « de devoir céder », Rosa Parks, modeste aide-soignante de 42 ans de Montgomery, en Alabama, état du Sud où, malgré l’abolition de l’esclavage, la ségrégation continue de sévir, refuse de redescendre du bus pour rejoindre les places réservées aux noirs. Ce refus devenu célèbre déclenchera un large mouvement de boycott des bus de la ville, organisé par Martin Luther King, alors âgé de 26 ans, et soutenu par le NAACP (National Association for the Advancement of Colored people). 381 jours « d’espoirs et de découragements, d’entraide et de solidarité » qui aboutiront à la victoire : la ségrégation dans les transports de Montgomery est déclarée anticonstitutionnelle. Une étape essentielle dans la lutte pour les droits civiques est franchie.
Mais Rosa Parks, ce n’est pas seulement « la dame qui a dit non dans un bus ». Et sa vie ne se résume pas à ce geste qui vient en réalité de loin, et dont le récit n’intervient d’ailleurs que dans le chapitre 7 de L’extraordinaire destin de Rosa Parks, soit aux trois quarts du récit. Une des forces de cette biographie est, en effet, de raconter comment, pas à pas, elle a construit son destin – en cela aussi exemplaire – dans le collectif, le militantisme et l’engagement. Et si son geste de refus est spontané, il est aussi la résultante de tout un cheminement politique qui lui fera endosser, au lendemain du 1er décembre 1955, pour le bien de la cause, cette stature d’icône.
Toute sa vie Rosa Parks continuera de militer et de se battre contre « la ségrégation dans les écoles, les violences policières, et celles faites aux femmes », elle qui aurait rêvé devenir enseignante et dont un autre des engagements est de « donner la parole aux femmes » et d’ « émanciper les jeunes filles ». Quinze ans après sa disparition, en 2021, Joe Biden, président des Etats-Unis, fera placer dans le bureau ovale de la Maison Blanche un buste à son effigie : y est-il encore ?
Un accompagnement pédagogique
Le récit, chronologique, est ponctué par de nombreuses illustrations dynamiques et colorées réalisées par Emilie Angebaut, et organisé en 10 courts chapitres qui en facilitent la lecture. Mêlant éléments biographiques et historiques, il permet de découvrir la vie et la ségrégation au quotidien qu’a connues la communauté noire des Etats-Unis du début des années vingt, jusqu’à la signature de la loi pour les droits civiques, le 2 juillet 1964.
Un dossier de lecture réalisé par Magali Robert propose des documents photographiques, une frise chronologique, une cartographie des principaux événements … Chacun·e pourra s’en emparer en autonomie ; ce seront aussi des pistes d’activités pédagogiques intéressantes à exploiter en classe : recherches diverses, présentations orales, activités d’écriture…
On note enfin le grand nombre de notes de bas de page qui accompagnent la lecture (à souligner, le texte est numéroté, ce qui facilite la navigation). Fournissant des explications nécessaires parfois sur le contexte, elles permettent aussi de clarifier le vocabulaire, parfois exigeant, auquel les auteurices ont porté une attention particulière. Un bon moyen de travailler aussi sur la langue.
A proposer en lecture cursive ou en lecture personnelle.
Claire Berest
