La question du temps est une question de société, une question sociale. Cela est criant sur le sujet des vacances, auxquelles une partie de la population, des élèves n’a pas accès, tout comme aux activités sportives, culturelles. Une tentative dans le sens d’une réduction de ces inégalités sociales a eu lieu avec la réforme du périscolaire et la semaine de 4,5 jours en 2013 par le ministre Peillon (PS). Après 10 ans traumatiques sur le sujet, le président Macron rouvre la blessure toujours vive à un moment où l’Ecole est un grand corps malade. Si le moment de décision est le propre du politique, on peut s’interroger sur le sens de ce calendrier.
Au vu des résultats des deux conventions précédentes sur la fin de vie et le climat, a-t-on vraiment de quoi s’emballer ? D’ailleurs, qui est encore dupe des crises nombreuses et urgentes que traverse l’Ecole, publique comme privée, avec un système qui permet des dérives à cette dernière. L’actualité des auditions de l’enquête parlementaire sur le contrôle de l’Etat le rappelle désormais, comme plusieurs rapports et études pointant l’absence de contrôle pédagogique comme financier et son rôle dans une ségrégation sociale croissante de l’Ecole.
Mais sera donc débattue la question des rythmes de l’enfant, des vacances et des horaires. La question des inégalités de la société y est toutefois centrale, et donc celle des moyens pour lutter contre les inégalités à l’école comme en-dehors.
Ensuite, la question du temps pose celle de la journée, et de l’alternance des activités, notamment les activités du faire, des activités manuelles trop écartées du système scolaire, mais aussi le type et la forme d’activités à varier, créatives, culturelles, réflexives, individuelles, en groupe, autant de questions politiques et pédagogiques. La dernière note de la Depp publiée la semaine dernière souligne la baisse de pratiques coopératives dans les collèges : ceci doit alerter. La question des « fondamentaux » a été placée au cœur des débats, la France en est une championne sans que cela n’améliore les résultats. Ce paradoxe peut mettre en lumière la nécessaire transformation culturelle et structurelle de l’Ecole.
Et si finalement, la question n’était pas tant la durée du temps de la journée à l’école que ce qu’on y fait et comment ?
Si l’école accueillait davantage de temps culturels, de pratiques manuelles, du faire, de voyages, classes de mer, classes vertes, voyage à l’étranger ne gagnerait-elle pas à la fois en qualité, bonheur, et équilibres propices à l’accueil, l’épanouissement et la réussite de tous les élèves ? Pour cela, et pour retrouver du sens, l’Ecole a besoin de moyens. De débats aussi, mais qui ne peuvent pas faire l’économie de moyens à la hauteur des urgences que nul coup de communication politique ne devrait masquer ou instrumentaliser. Le risque est bien trop grand.
Djéhanne Gani
