Pouvez-vous nous présenter votre atelier nommé File au ciné ?
Cet atelier consiste à présenter des extraits de films à partir desquels les élèves débattent. Lorsque nous sommes spectateurs les premières impressions naissent d’une émotion devant une séquence. Elle n’est pas le fruit du hasard.
Mon rôle est alors de médiatiser au travers d’une analyse filmique l’importance de la mise en scène et des choix conscients du réalisateur (techniques, cadrages, photo, plans, bande son…). Le cinéma est un langage formel et de l’association entre fond et style, l’idée est de développer des concepts philosophiques et/ou scientifiques. Ensuite le film est présenté dans sa version intégrale suivie d’un débat au cinéma.
Je mène de front cette volonté d’apporter une autre façon de regarder les films et de sensibiliser les élèves aux concepts philosophiques. J’ai développé ces ateliers au lycée pendant les cours de Philosophie, HLP ou HGGSP (en collaboration avec mes collègues respectifs) aux lycées de Nontron puis Terrasson (24). Cette année c’est au sein d’un lycée professionnel (Lycée Porte d’Aquitaine) que j’offre cette possibilité à des élèves d’avoir accès à la Philosophie (non comprise malheureusement dans leur programme). Les élèves sont très réceptifs et le concept leur plaît. Je suis très satisfait de l’impact de cet atelier.
Quels sont les sujets de discussions lancés spontanément par vos élèves ?
Comment « remettez-vous la science au cœur du débat » à partir d’un film ?
En parallèle de cet atelier « File au ciné », même si les deux sont liés, j’en ai créé un second nommé « Sciences-friction(s) » plutôt dédié aux sciences et en particulier à une manière de ramener la Science au cœur du débat dans une société qui doute de tout (influences des réseaux sociaux notamment).
Pour un élève il est plus aisé de comprendre une notion philosophique ou scientifique à partir de l’image. En ce qui concerne les sciences, je présente de la même manière que File au Ciné des extraits de films qui mettent en jeu de véritables théories prouvées (Interstellar, Imitation game, I Origin’s, L’homme qui défiait l’infini….) et d’autres où la science est un prétexte. Il est fondamental que les élèves puissent faire la différence entre ce que nous savons et ce que nous ignorons. Ainsi, cet atelier me permet de les sensibiliser à l’épistémologie.
Étant professeur de mathématiques et sciences physiques, cela me permet d’introduire des notions en cours et de faire la part entre la preuve et la spéculation, de les sortir de « bulles de croyances ».
Quelques mots sur votre parcours professionnel…
Après 13 années passées dans l’industrie, je décide en 2013 de me reconvertir dans l’enseignement. De formation scientifique et doté d’un diplôme d’ingénieur, j’ai intégré l’Education Nationale. Au cours de mon expérience professionnelle j’ai fait beaucoup de formation, et la transmission a toujours été une aptitude que je possédais, une sorte de vocation.
J’ai commencé à écrire au début des années 2000, quotidiennement au travers d’un journal (que je poursuis actuellement), notamment sur les livres et les films que j’aimais. Puis, j’ai entamé en parallèle un autre processus d’écriture, basé sur des textes courts, des aphorismes, des pensées.
Au fil du temps, mon parcours d’enseignant et ma passion pour l’écriture se sont entremêlés et j’ai développé dans mes textes des thématiques en lien avec mes expériences, mes rencontres, la nature humaine, l’éducation ou l’art. Toutes les grandes questions que je me pose sont au cœur de mes écrits.
Propos recueillis par Julien Cabioch
