Rappel du contexte : les épreuves d’E3C du Bac Blanquer, en 2020
L’affaire des « 4 de Melle » remonte à 2020, lors de la mise en place de la réforme des E3C (Épreuves Communes de Contrôle Continu) initiée par Jean-Michel Blanquer, réforme depuis abandonnée, donnant raison à ses détracteurs. L’équipe du lycée de Melle s’était opposée à cette réforme, comme de nombreux autres établissements. Le chef d’établissement, avec zèle, avait alors contacté la gendarmerie pour sécuriser l’organisation des épreuves, fermant les portes coupe-feu. « On s’est retrouvés avec 40 gendarmes et des élèves enfermés », raconte Sylvie Continu.
« Sanctionnés pour l’exemple »
« C’était très violent » affirme Sylvie Contini, professeure d’anglais. « Même si c’est long, ça vaut la peine de lutter », déclare-t-elle au Café pédagogique. « Naïvement on a confiance dans l’institution, mais on a été confrontés au mensonge, à la manipulation, auxquels on n’était pas préparés ». Sylvie Contini, est l’« une des 4 de Melles », elle a été mutée d’office en cours d’année au 1er février 2023. Devenue TZR, elle a depuis de nouvelles affectations chaque année et un service sur deux établissements, avec des durées de transport plus longues.
L’affaire de Melle, une sanction pour l’exemple
Accusés d’avoir provoqué l’annulation des épreuves, d’avoir manqué à la dignité du chef d’établissement, d’avoir manipulé des élèves, ou encore d’avoir empêché une réunion (qui a eu lieu et dont il y a eu un compte-rendu), « les 4 de Melle » ont « été sanctionnés pour l’exemple ». Ce ne sont pas les mots des professeurs, mais ceux du rapporteur public de la cour administrative d’appel de Bordeaux, précise la professeure d’anglais au Café pédagogique. « Sanctionnés pour l’exemple » a-t-il dit, quand il a présenté ses conclusions lors de l’audience.
« L’intimidation, c’est efficace »
Comme a pu le constater Sylvie Contini, « le message a été clair, la plupart des collègues sont entrés dans le rang, ils ont eu peur, l’intimidation, c’est efficace » dit-elle. Elle souligne un « véritable acharnement », la volonté de faire taire, de mettre au pas tout le monde, les personnels, comme les élèves.
Absence de matérialité des faits et disproportions des sanctions
Les professeur.es ont été suspendus pendant quatre mois, puis encore quatre mois, avant d’être convoqués en conseil de discipline. Les accusations variaient, mais on leur reprochait principalement d’avoir empêché la passation des épreuves. « C’était très violent », confie Sylvie Contini. Les sanctions proposées par la rectrice, Bénédicte Robert, ont été jugées disproportionnées par la Cour d’appel, qui a statué qu’il n’y avait pas de matérialité des faits. Ce dont ils nous accusent n’est pas prouvé et il y a disproportion sur la sanction. Les accusés d’hier sont aujourd’hui les victimes.
Un combat de 5 années, qui a des conséquences sur sa santé
2020, Sylvie Contini a gagné en référé et est restée dans son établissement jusqu’en 2022. Cependant, le jugement l’a sanctionnée et elle a été mutée d’office en février 2023. « Je me suis effondrée », raconte-t-elle. La décision de justice récente apporte un soulagement, mais aussi l’espoir que cette décision puisse servir à d’autres. Sylvie Contini évoque les répercussions sur sa santé mentale : « Je fais des insomnies depuis 5 ans ». Lors de l’entretien, elle souligne sa reconnaissance au soutien collectif et syndical « face à la machine à broyer », soutien qui l’a aidée à tenir et à ne pas avoir l’inquiétude de la prise en charge matérielle des frais juridiques.
Djéhanne Gani
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