La ministre Elisabeth Borne a annoncé fin février que les sacs des collégiens et des lycéens seront fouillés à l’entrée des établissements par des gendarmes ou policiers, seuls habilités à le faire. Quoi de vraiment neuf ? Pour le ministère, cette mesure s’ancre dans un plan de lutte contre les violences dans les établissements scolaires comme leurs abords et côté terrain, elle soulève la question des besoins humains à l’heure des suppressions de postes et des DHG.
Fouilles inopinées des sacs à l’entrée des établissements scolaires
« Je souhaite qu’on puisse, avec le préfet, le procureur, le représentant de l’Éducation nationale, pouvoir organiser régulièrement des fouilles de sac à l’entrée des établissements » et ce à partir du printemps, a déclaré en février la ministre, interrogée sur BFMTV/RMC. En effet, les personnels éducatifs ne peuvent le faire sans le consentement de l’élève, mais les forces de l’ordre étaient déjà en lien avec les établissements quand nécessaire. Les élèves détenteurs d’une arme blanche feront l’objet d’un signalement auprès du Procureur de la République a précisé la ministre, disant travailler de concert avec le ministère de l’intérieur. Un décret est attendu dans les prochaines semaines pour rendre systématique cette mesure tout comme celle d’une convocation d’un conseil de discipline. Une sanction étant déjà de mise dans les faits à la discrétion des établissements.
Une mesure de comm’ ? contre-feux
Pour François Resnais, le secrétaire national en charge de la communication SNPDEN-Unsa, cette annonce s’inscrit « dans la continuité de bons échanges avec les forces de l’ordre, cela va dans une logique de sécurisation des EPLE, qu’on peut comprendre. En revanche, il ne s’agit pas de systématiser ces fouilles. (…) Avec les assistants d’éducation, les CPE, les enseignants, nous sommes dans une dimension proprement éducative. Nous connaissons bien nos élèves et n’allons pas opérer des fouilles quotidiennes. C’est dans le cas d’une suspicion particulière. » Il ajoute ne « pas [être] du tout certain qu’il y ait aujourd’hui plus d’armes blanches dans les sacs de nos élèves qu’il y a 10, 20 ou 50 ans ». Si des faits dramatiques de l’actualité rappellent la violence existante, comme la mort de la jeune fille Lola en région parisienne, ils ne sont pas liés à des faits de violences à l’intérieur des établissements. Le chef d’établissement rappelle que « les établissements sont dans la majorité paisibles ». C’est « une annonce hors sol, qui n’améliore en rien le climat scolaire sur le long terme » juge Sophie Vénétitiay, la secrétaire générale du Snes-Fsu.
Les faits de violences dans les établissements scolaires sont davantage verbaux que physiques. Pour lutter contre le harcèlement en milieu scolaire et améliorer le climat scolaire, des personnels à l’écoute et présents durant les pauses méridiennes et les récréations sont nécessaires. L’annonce de la ministre Borne si elle ne répond pas aux demandes et besoin de personnels éducatifs comme médico-sociaux, répond peut-être à l’agenda politique.
Djéhanne Gani