Des faits de viols, violences sexuelles et physiques
Le collectif de victimes de l’institution Bétharram recense désormais 152 plaintes dans ce dossier. Ce sont autant de témoignages dénonçant des faits de viol, d’agression sexuelle et de violence commis sur une période de cinquante ans. Le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire vendredi 21 février 2025. Un ancien surveillant général de l’institution catholique a été mis en examen et en détention provisoire. François Bayrou affirme à l’Assemblée nationale ne pas être au courant, parle d’un « continent méconnu» lors d’une conférence de presse à Pau le 15 février.
Un Premier ministre soupçonné et accusé de silence
Les enquêtes de Médiapart révèlent que François Bayrou, ministre de l’Éducation de 1993 à 1997 avait connaissance des violences au sein de l’établissement catholique où sa femme enseignait et dans lequel certains de ses enfants ont été scolarisés. Le Premier ministre dément ces accusations malgré les témoignages et documents recueillis. Françoise Gullung, professeure de mathématiques déclare lui en avoir parlé et que son épouse elle-même avait été témoin de maltraitance. « Si François Bayrou avait agi, il y a trente ans de souffrance qui n’auraient pas eu lieu. » dit-elle. Un parent d’élève dont le fils était scolarisé dans la même classe apporte un témoignage identique.
Pour l’ancien gendarme Alain Hontangs chargé de l’affaire du Père Carricart en 1998, le directeur accusé de viol, François Bayrou serait intervenu lors de l’enquête auprès du procureur général quand il était président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques après avoir quitté la Rue de Grenelle. Dans un entretien auprès des journalistes de Médiapart, l’ancien juge d’instruction au tribunal de Pau Christian Mirande, déclare que François Bayrou était au courant des accusations de viols, confirmées par le juge lors d’un entretien. En 2000, son épouse a assisté aux obsèques de ce dernier après son suicide. Il avait été libéré après la première plainte, avait été exfiltré au Vatican avant d’être convoqué au tribunal pour une deuxième plainte de viol.
La non-dénonciation de crime ou délit, un délit condamné et condamnable
La peine encourue pour la plainte déposée concernant les violences sur mineurs au Parquet de Pau pour « non-dénonciation de crime ou de délit », est un délit condamné par l’article 434-3 du Code pénal : « le fait, pour quiconque ayant connaissance de privations, de mauvais traitements ou d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives ou de continuer à ne pas informer ces autorités tant que ces infractions n’ont pas cessé » est puni par la loi. La peine maximale prévue par le Code pénal eest de : « trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. Lorsque le défaut d’information concerne une infraction mentionnée au premier alinéa commise sur un mineur de quinze ans, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. »
Les députés de l’opposition demandent des comptes sur la responsabilité de François Bayrou. Persistant sur ce que les journalistes de Médiapart n’hésitent pas à qualifier de « mensonges », le Premier ministre a dénoncé « la mécanique du scandale qu’on cherche » et les attaques visant sa « famille ».
La question de sa responsabilité reste ouverte. Suite à la demande de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, une commission d’enquête parlementaire a été créé le jeudi 20 février.
En attendant, le Premier ministre bénéficie de la confiance du président Emmanuel Macron.
Djéhanne Gani
