Encore un cas de pas de vague ? Une directrice d’école depuis une vingtaine d’années a été radiée de ses fonctions à la rentrée 2024. Elle conteste la sanction du rectorat de Versailles et a déposé un recours. Tout serait parti de la création d’un RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal). La professeure a également déposé plainte auprès du procureur, dénonçant un harcèlement moral et des gestes inappropriés de son supérieur hiérarchique. Pour cette plainte, elle a été entendue durant 2h30 par les gendarmes.
Une directrice radiée de la liste d’aptitude
L’académie de Versailles a rayé cette directrice de la liste d’aptitude aux fonctions de direction au 1 septembre 2024 après près de 20 ans dans cette fonction. Avant cela, durant l’année scolaire 2023-2024, elle s’était mobilisée contre le projet de RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal) qui concernait son école. L’équipe pédagogique avait alors fait grève, soutenue par les parents d’élèves. Une journée de grève et « école morte » a été organisée le 16 mai 2024 et la presse locale alertée. La CGT 95 relate que « le manque de bonne volonté lors du projet de RPI » par la mairie a été reproché à leur collègue et que ce point constitue l’un des éléments contre la directrice.
Pour Julien Foucou du bureau CGT du Val d’Oise, l’école ne refusait pas le RPI mais la proposition « mal ficelée, faite à la va vite, sans concertation » par les mairies. Le projet de regroupement de deux écoles de deux communes impliquait trois changements d’école pour les élèves entre la Petite Section et le CM2. C’était « sans logique » dit-il « plutôt que de faire d’un côté la maternelle, et dans l’autre commune l’école élémentaire ». Il ajoute que cette formule a été finalement retenue.
Une pétition de soutien, à la « directrice d’une école rurale, punie pour s’être opposée à l’EN » a été lancée : la « directrice de l’école primaire de Vétheuil, a été injustement punie pour avoir fait grève contre la création précipitée d’un RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal) chaotique : l’Éducation Nationale a décidé de lui retirer son poste de direction, la forçant à quitter l’école de Vétheuil deux semaines avant la rentrée » écrivent les parents d’élèves, « en désaccord avec le départ forcé de Madame Binet, nous lui apportons notre soutien indéfectible ».
Pression et intimidation
D’autres faits sont reprochés à la directrice datant de l’année scolaire précédente, en février 2023, au cours de laquelle a eu un conflit avec des familles. Elle avait demandé au rectorat la protection fonctionnelle, qui lui avait été accordée. En mars, les services académiques juridiques de l’académie de Versailles avaient qualifié les accusations des familles de « mensongères ».
Pour la CGT 95, la directrice « n’a pas manqué à ses obligations, elle a fait grève pour dénoncer la situation, on estime que cela ne justifie pas le retrait de la liste d’aptitude, surtout dans un département où on a un problème de directions ». Julien Foucou précise qu’elle n’a qu’une décharge d’un jour toutes les 2 semaines. Pour le syndicat, cette décision s’inscrit dans un contexte d’intimidation et de pression sur les directions. Il regrette ce « matraquage managérial » alors que l’École connait une pénurie de recrutement.
Une plainte pour VSS
La CGT 95 dénonce le traitement fait à la directrice qui s’est plainte de subir des violences sexistes et sexuelles. La directrice dénonce les pressions de son supérieur hiérarchique et son manque de soutien.
En avril 2024, avant les mobilisations contre le RPI, la directrice avait signalé à la cellule la cellule d’écoute contre les violences, les discriminations, le harcèlement et les agissements sexistes (VDHA) du rectorat, et violences sexistes et sexuelles. Elle a signalé un geste déplacé dans un contexte de pressions. En juillet 2024, elle a déposé plainte contre son supérieur hiérarchique pour harcèlement moral et un geste inapproprié.
La CGT95 regrette que les autorités ne protègent pas les personnels : « au lieu de cela, au lieu par exemple de prévenir la cellule d’écoute rectorale contre les VSS et d’engager des procédures, au lieu de la soutenir face à des élu·es sortant de leur rôle, notre collègue est radiée de son poste de directrice ». Le syndicat demande la réintégration de la directrice sur la liste d’aptitude.
Djéhanne Gani