Pas d’énième loi pour la rentrée, mais le maintien de la réforme des groupes de besoins en 6e et 5e avant une évaluation de cohorte sur deux ans. Pas de poursuite de groupes de besoin en 4e et 3e mais un dispositif d’accompagnement à mettre en place localement. Pas de brevet couperet pour le passage en classe de 2nde, mais un décret à venir pour entériner la mesure des groupes de besoin en 6e et 5e pour la rentrée 2025.
Elisabeth Borne envoie des signes d’apaisement, tant sur la politique éducative menée que sur les moyens dédiés avec l’annulation des 4000 suppressions de postes prévues par le budget Barnier. Va-t-on vers un ralentissement des réformes et un adoucissement du Choc des savoirs annoncé par Gabriel Attal ?
Les annonces de moyens pour la rentrée 2025
Lors du CSAMEN (Comité social d’administration ministériel), la ministre d’État Elisabeth Borne a annoncé vendredi 17 janvier 2025 ses mesures pour la rentrée : annulation de la suppression des 4000 postes prévue dans le budget Barnier, poursuite de la création de postes de CPE et AED. Au 1er janvier 2025, 150 postes de CPE et 600 postes d’AED avaient été créés auxquels 20 postes de CPE s’ajouteront à la rentrée 2025. « Reprendre 4 000 postes d’enseignants aurait fragilisé notre politique éducative » a déclaré la ministre. Les 4000 postes « sauvés » seront répartis à la fois entre les premier et second degrés et entre les académies. Une baisse de près de 92 000 élèves est attendue à la rentrée 2025 selon les prévisions du ministère, avec une baisse de près de 80 000 élèves dans le premier degré et de 11 900 dans le second degré dans le public.
Des moyens pour l’inclusion
La ministre Elisabeth Borne a annoncé la création de 2000 postes d’AESH et des mesures pour améliorer l’inclusion scolaire : création de nouvelles ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire), d’unités d’enseignement autisme et mise en place de PAS (pôles d’appui à la scolarité).
Dans le premier degré : annulation des 4155 suppressions de postes et amélioration du taux d’encadrement des élèves
Dans le premier Degré, les 3155 postes non-supprimés dans un contexte de baisse démographique de près de 80 000 élèves entrainent une légère baisse dans la moyenne des effectifs par classe.
Le ministère prévoit moins de 21,1 élèves par classe en moyenne quand il s’agissait de 21,4 élèves à la rentrée 2024. Le maintien des postes permet donc la baisse de la moyenne des effectifs d’élèves par classe (moins 2 élèves en moyenne par classe depuis 2017). La baisse du taux d’encadrement doit servir à « réduire les écarts de réussite » déclare le ministère. Le taux d’encadrement des élèves est légèrement amélioré avec une prévision de 6,13 professeurs pour 100 élèves à la rentrée 2025, contre 6,05 à la rentrée 2024. La ministre se félicite de la « progression historique des taux d’encadrement ».
Au collège : des groupes de besoin maintenus en 6e et 5e à la rentrée 2025
La ministre de l’Éducation nationale a confirmé le maintien des groupes de besoin en 6e et 5e pour la rentrée 2025 dans l’attente des évaluations du dispositif. L’évaluation doit couvrir deux années pour en faire un bilan, explique le cabinet de la ministre. Le bilan sera donc tiré pour la rentrée 2026. Un décret sera proposé en CSE fin janvier.
Pas de groupes de besoin en 4e et 3e
Les groupes de besoin ne sont pas étendus aux niveaux des classes de 4e et 3e. On parle désormais de dispositif d’accompagnement à destination des élèves les plus fragiles. Ce dispositif est laissé à la liberté et l’initiative des équipes pédagogiques sur leurs moyens. Le ministère annonce la création de 542 postes pour les dispositifs d’accompagnement.
Annulation du brevet obligatoire pour la classe de Seconde
Le brevet ne sera pas obligatoire pour accéder en 2nde. Le ministère précise que « le niveau d’exigence du brevet sera renforcé par la suppression des correctifs académiques et la nouvelle pondération ». Les épreuves écrites compteront pour 60% des épreuves terminales et 40% pour le contrôle continu (de la moyenne des notes de 3e), contre 50-50% aujourd’hui. Les classes prépa seconde existantes et leur expérimentation sont maintenues le temps d’en évaluer les effets.
Les annonces de la ministre Borne montrent un changement de cap et de méthode. Certes un signal positif pour l’Ecole traversée par les crises, positif mais certainement insuffisant. Dans sa déclaration, elle a glissé au sujet de la création de postes pour améliorer l’inclusion que c’était « un effort considérable » mais insuffisant « si nous ne repensons pas également notre modèle ». C’est vrai pour de nombreux points, comme la mixité sociale. Mais penser le modèle ne se passe pas de ses personnels, qui ont rejeté la réforme du Choc des savoirs dans sa version séparatiste. Et penser aux personnels renvoie aussi aux moyens. Et à la question des salaires en premier lieu.
Djéhanne Gani