Comment rendre visible l’histoire des femmes dans la Résistance, souvent effacées des récits officiels ? Avec l’atelier participatif « Wikifier la Résistance », le musée de la Résistance à Saint-Brisson propose une démarche collaborative intéressante qui pourrait donner lieu à des prolongements pédagogiques dans les établissements scolaires.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Aurore Callewaert et je suis directrice du musée de la Résistance à Saint-Brisson et du mémorial de Dun-les-Places. Je suis par ailleurs historienne spécialiste de l’histoire des femmes dans la Résistance. Mon engagement professionnel et personnel converge vers un objectif clair : transmettre cette histoire méconnue et permettre au grand public de s’en approprier les récits.
Quels sont les objectifs et le fonctionnement de l’atelier « Wikifier la Résistance » proposé au musée de la Résistance à Saint-Brisson ?
Il s’agit au départ d’une idée de Sandrine SAULE, l’une de nos adhérentes qui est par ailleurs archiviste. Cet atelier vise à valoriser l’histoire des femmes dans la Résistance, notamment celles du Morvan, à travers la plateforme Wikipédia. En partant du constat que ces figures féminines sont sous-représentées en raison du manque de sources scientifiques accessibles, l’atelier s’engage dans un travail méticuleux pour documenter et rendre ces histoires visibles en ligne.
Le déroulé repose sur une participation ouverte dès 10 ans, avec des activités adaptées à chacun : de la recherche de sources à la rédaction de biographies. Cet atelier est aussi une réponse aux défis de l’intelligence artificielle, en nourrissant le web avec des données fiables et pertinentes.
Comment cet atelier s’adapte-t-il à un public dès 10 ans ?
L’objectif est de rendre ce projet inclusif, quel que soit l’âge ou le niveau des participants. Enfants et adultes peuvent contribuer selon leurs capacités : compilation de données, réalisation d’inventaires ou rédaction d’articles. Cette flexibilité favorise une dynamique collaborative tout en sensibilisant un large public à l’histoire des femmes résistantes. La démarche repose sur la transmission intergénérationnelle et sur l’envie de découvrir ensemble une facette oubliée de l’Histoire.
En quoi cet atelier complète-t-il l’enseignement de l’histoire en milieu scolaire ?
L’atelier offre une approche concrète et immersive. Grâce aux archives, aux objets et aux récits individuels, il rapproche les participants des réalités vécues par les résistantes. Ce lien tangible aide à comprendre la grande Histoire à travers des anecdotes personnelles marquantes. Par ailleurs, cette méthode complète les cours traditionnels en intégrant des activités participatives et en favorisant un apprentissage actif et mémorable.
Quels conseils donneriez-vous aux enseignants qui souhaiteraient intégrer ce type d’approche dans leurs classes ?
L’atelier « Wikifier la Résistance » incarne un travail d’enquête historique passionnant, proche d’une investigation scientifique. Je recommande aux enseignants de cibler des figures locales pour faciliter la recherche et d’organiser des ateliers sur plusieurs séances, en parallèle des cours. Il me semble également important d’insister sur la nécessité d’une préparation rigoureuse pour accompagner et encourager l’implication des élèves dans ce processus. Il s’agit en effet rien de moins que de les former à devenir de jeunes historiens et historiennes.
Propos recueillis par Mickaël Bertrand
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