Et voilà une année scolaire qui se termine, dans un climat politique terrible et un début d’été grisailleux. Bref, pas de quoi avoir le moral au top malgré les congés qui s’annoncent ! Alors, pour s’évader quoi de mieux que la lecture ? Des ouvrages pour résister au morose et aux idées qui puent, voyager loin, découvrir l’ailleurs, regarder, s’éloigner, rêver et réfléchir. Les deux nous entrainent dans des contrées sauvages pas très loin du cercle polaire, dans la vie d’enfants proches de la nature qui insufflent le respect de la nature et l’amitié entre les peuples. Bon été à vous !
L’ours des Oroqen, de Blackrane, ill. Jiu Er, Ed. Rue du Monde
Quelque part près de la Mongolie et de la Russie, dans le Nord de la Chine, vivent les Oroqen, de chasse et de pêche au fil des saisons, dans des huttes de bois et de peaux. Une vie au plus près de la nature : les illustrations sublimes rendent compte des merveilleux paysages et de la faune sauvage, mais aussi du quotidien de ce peuple. Aya part à cheval en expédition avec son grand-père pour essayer d’apercevoir les ours. Une initiation attendue par l’enfant qui va traverser l’immense forêt en apprenant à mieux la connaître et la comprendre. La rencontre magique d’une ourse et de ses petits est cependant entachée par la présence de vieux détritus que le grand-père aura soin de faire disparaître afin de préserver le territoire des ours et respecter l’ordre naturel de la vie de la forêt. Connaître, comprendre et respecter le monde animal : ce livre raconte comment nous partageons le monde avec toutes sortes d’espèces vivantes et combien nous en sommes comptables. Une immense et magnifique évasion, une ode à la beauté de la nature, comme l’était déjà L’élan Ewenki, des mêmes auteurs.
Chasseur de glace, de Séraphine Menu, ill. Marion Duval, Ed. La Partie
Au bord du lac Baïkal vivent Youri et son père. Dans cette région « les voisins sont partis les uns après les autres »… Documentaire et fiction s’entremêlent, avec une écriture et des illustrations à la fois descriptives et poétiques, alternant planches documentaire, paysages et vie quotidienne. On y découvre, par la voix de l’enfant, la vie en Sibérie, avec « un blanc si blanc qu’il pique les yeux » et un froid qui sait aussi être moelleux. Au bord de ce lac on rencontre les oiseaux qui peuplent l’air, aigle impérial, tétras ou mouette rieuse, mais aussi les animaux de cette mer d’eau douce : poissons, écrevisses et phoques. Bouleaux, mélèzes, sapins et cèdres rampants abritent les zibelines, renards argentés, élans et ours bruns. Ce ne sont pas eux que chasse le papa de Youri, mais la glace : pendant les longs mois d’hiver, les robinets sont gelés et c’est le lac qui offre de quoi boire, une eau pure et propre, difficile cependant à récolter. Le texte est puissant et Marion Duval met toute sa palette de couleurs et de tendresse pour nous faire découvrir ces paysages incroyables et ceux qui y habitent. Dans ces contrées peu habitées, Youri rencontre aussi des enfants Bouriates avec qui il communique en souriant. Il se voit plus tard chasser la glace auprès de celle qui est aujourd’hui une fillette « avec des tresses et un chapeau fourré, aux joues rondes comme sa maison qu’on a envie d’embrasser ». Un joli message…
Marianne Baby