Dans une lettre adressée au Premier ministre, Gabriel Attal, le SE-UNSA se déclare inquiet. « Il y a seulement quelques mois, vous aviez admis que notre École, au regard de ses enjeux et de ses difficultés, devait bénéficier de mesures réunissant investissement, courage et réactivité. Qu’en est-il quelques mois plus tard ? Passé les remous médiatiques d’une succession de ministres, c’est un calme anormal et inquiétant qui règne sur le plus gros ministère de notre pays. Toute urgence semble être devenue moins urgente », écrit le syndicat.
Il pointe notamment l’absence de réponses à la crise d’attractivité pour les métiers de l’enseignement. « Vous l’aviez annoncé comme votre chantier prioritaire en septembre 2023, la pénurie de personnels, principal frein à la réussite de tout dispositif visant à faire réussir l’École, ne s’est vue apportée aucune réponse. Les constats sont largement partagés, les leviers efficaces à activer aussi. L’exemple le plus flagrant est le déplacement, dès 2025, des concours deux ans plus tôt qu’actuellement pour les personnels enseignants et d’éducation. Alors que tout le monde sait dire que ce déplacement contribuerait à réaugmenter de façon significative les viviers de candidats, les annonces se font attendre depuis de longs mois. Or l’heure tourne et ne joue pas en la faveur de cette mesure pourtant essentielle mais nécessitant du temps de construction et d’articulation. Le gouvernement jouerait-il la montre pour s’éviter de choisir entre la santé de l’École et un autre fléchage des moyens de l’Etat ? »
Le SE-UNSA appelle aussi à l’abandon du plan Choc des savoirs, « Décalage avec les besoins réels, investissement au rabais, temps de mise en œuvre insuffisant et dialogue suspendu, tout plaide pour un renoncement du plan Choc des savoirs. Concernant les groupes de niveau, la ministre a beau tenter de rassurer, jouant sur les mots et les chiffres, plus rien ne les justifie tant ils sont devenus impopulaires faute d’avoir su convaincre de leur efficacité. Les moyens que vous vous êtes satisfaits d’obtenir en janvier, malgré tout très insuffisants, doivent permettre aux équipes de gérer la diversité des besoins des élèves sur la base de leur expertise et de leur choix les plus adaptés, et non sur la base de cadres contraints inadaptés et dommageables ».
Sur la question de l’École inclusive, là aussi, le syndicat pointe les manquements du gouvernement. « L’École pour tous n’a pas les moyens de bien accueillir, elle le fait donc au détriment des élèves et des personnels. Cependant, alors que là aussi les propositions pour améliorer la situation de l’École inclusive existent, le SE-Unsa en a fait, et alors que ce dossier doit urgemment être échangé et travaillé, le dialogue est au point mort. Mais visiblement pas pour tout le monde. Ce dossier interministériel réunit certains acteurs et continue d’avancer mais sans les personnels concernés de l’Éducation nationale ! Qu’en penser si ce n’est une volonté de prendre des mesures qui seront à rebours de ce que les personnels dénoncent depuis des années et à rebours de leur capacité à accueillir une partie des élèves. Qu’en penser si ce n’est un acte II de l’École inclusive qui, sans les personnels, ne pourra qu’aggraver la situation actuelle déjà trop douloureuse ».