Le 1er mars dernier, le CSP – Conseil Supérieur des Programmes – a donné un aperçu de l’orientation qu’il donne donner aux futurs programmes de français et mathématiques en cycle 1 et 2 dans des lettres d’intention.
Pour les programmes de français
« Les programmes des cycles 1 et 2 répondront à une exigence de concision et de clarté du propos afin qu’ils soient un outil fonctionnel pour les professeurs, mais aussi lisibles par les parents d’élèves », indique le CSP.
La structure des projets de programme devrait être déclinée par classes d’âges et par niveaux d’enseignement. Elle devrait être introduite par un « tableau récapitulatif des temps d’apprentissage impartis ainsi que de la régularité et la cadence de certains apprentissages et/ou de certaines activités » et une « présentation des grands enjeux des domaines d’enseignements ». La structure donnera « principes pour conduire un enseignement efficace qui sera adapté à chacune des composantes du programme ». Elle sera « présentée de façon tabulaire, de manière à indiquer précisément pour chacune des composantes de la discipline, les objectifs d’acquisitions et des exemples de réussites qui permettront de fixer des attendus ». Elle se clôturera par « des attendus de fin de cycles conformes aux items des évaluations nationales de début de CP et de début de CM1 ».
En maternelle, les projets de programme de l’école maternelle pour le français se structurent autour de deux grands axes : « acquérir le langage pour s’exprimer et comprendre » et « se préparer à apprendre à lire et à écrire ». « Ce programme est centré sur ce que les élèves doivent savoir et savoir-faire avec des repères par classes d’âges ».
En cycle 2, les projets de programme apportent des précisions sur l’écriture avec des exercices réguliers de copie dans toutes les disciplines et le déploiement d’exercice d’écrits courts et de plus en plus longs. En lecture, le CSP précise que les projets de programme s’inscrivent dans « le droit fil des guides Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP / au CE1 ». « Ils mentionnent l’apprentissage de la lecture par l’entrée graphémique ainsi que la nécessité d’un rythme soutenu, en début de CP, de l’apprentissage des correspondances grapho-phonémiques. L’exercice régulier de la lecture à voix haute sera aussi prescrit ».
Pour le vocabulaire et la grammaire/orthographe, le CSP indique que ces « enseignements sont désormais dissociés afin de mettre en valeur un enseignement du lexique explicite et structuré complémentaire de l’enseignement de la grammaire et de l’orthographe ».
Pour les programmes de mathématiques
En maternelle, les mathématiques sont abordées quotidiennement, rappelle le CSP. «Toutes les occasions devant être saisies pour mobiliser et renforcer les habiletés mathématiques L’acquisition des premiers savoirs et savoir-faire mathématiques s’effectue à travers différentes modalités dont la manipulation et le jeu. Cependant, la manipulation et le jeu ne sont sources d’apprentissage que s’ils sont rattachés à des objectifs clairement identifiés ».
Si la progressivité du programme de mathématiques du cycle 1 est organisée selon l’âge des enfants, liberté est laissée aux enseignants d’aborder une notion dès qu’ils ont pu observer l’acquisition par leurs élèves des prérequis nécessaires.
Le CSP indique qu’il y a peu de « nouveautés par rapport au programme actuel ». La construction du nombre est abordée à travers ses fonctions cardinale et ordinale. Quant à la résolution de problèmes, elle sert à « l’utilisation des nombres et à la mise en œuvre de procédures de calcul ».
Les formes géométriques sont introduites progressivement à partir d’objets du quotidien, puis des solides géométriques. Et c’est progressivement que les élèves de l’école maternelle sont familiarisés aux notions de longueur et de masse.
En Cycle 2, le programme est organisé en année scolaire.
« La partie sur les nombres entiers évolue peu par rapport au programme actuel, mais des repères infra-annuels sont indiqués », écrit le CSP. « Il est notamment attendu de traiter dès la rentrée scolaire le programme de l’année en cours sans refaire, à destination de toute la classe, des parties complètes du programme de l’année précédente ».
Parmi les nouveautés, « les fractions sont introduites dès le CE1 afin de laisser quatre années (du CE1 au CM2) aux élèves pour se familiariser progressivement avec ces nombres d’un type nouveau ». Les nombres décimaux sont également introduits dès le CE1, « dans le cadre d’un travail sur la monnaie, comme c’est le cas dans de nombreux pays ». Les quatre opérations continuent d’être travaillées dès le CP.
Une partie spécifique du programme est dédiée à l’enseignement explicite de la résolution de problèmes. « Elle propose des repères précis sur les types de problèmes que les élèves doivent savoir résoudre à un niveau donné. Elle donne également des exemples de représentations à enseigner afin de soutenir la modélisation mathématique des problèmes ».
La partie la plus « revisitée » est celle du calcul mental. « Elle distingue les faits numériques à mémoriser des procédures de calcul mental à maîtriser. Les faits numériques à mémoriser (tables d’addition et de multiplication, doubles et moitiés de certains nombres, quelques multiples de 25, etc.) sont explicitement mentionnés pour chaque année. De la même façon, les procédures de calcul mental que les élèves doivent connaître sont indiquées. Retenues en raison de leur efficacité, ces procédures constituent un tronc commun exigible, s’enrichissant d’année en année, mais leur mention dans le programme ne signifie pas qu’il est interdit d’utiliser des procédures plus personnelles ».
Le CSP annonce aussi l’interdiction des calculatrices cycle 2, elles seront réservées « aux élèves en situation de handicap ou à besoins éducatifs particuliers dans le cadre de compensations prescrites ».
Les autres parties du programme – Espace et géométrie, Grandeurs et mesures, Calcul posé – seront allégées afin de « libérer le temps nécessaire au traitement des nouveautés ».
La FSU-SNUipp inquiète
Interrogée, la FSU-SNUipp, principal syndicat des enseignants du premier degré, exprime des craintes. « Il y a une confusion entre les programmes et les outils à mettre en œuvre » nous dit Guilsaine David, porte-parole. « Les programmes deviendraient une feuille de route à suivre et les attendus définis en fonction des évaluations nationales. Ce qui réduirait considérablement les compétences attendues aux ITEMS et de fait l’ambition des programmes. C’est dans la logique du tri social engagé dans le choc des savoirs, il y aura donc les élèves dont le capital culturel des familles compensera et puis les autres … »
La responsable syndicale s’inquiète aussi de la référence du CSP à des « pratiques pédagogiques les plus éprouvées ». « La pression récente du CSEN sur l’enseignement explicite risque de peser fortement sur les outils mis à disposition par le CSP alors même que la recherche en pédagogie est très critique concernant cet enseignement« .
Lilia ben Hamouda