Alors que les nouveaux programmes d’EMC remettent le fonctionnement des institutions dans les priorités, l’association « Parlons démocratie » aide les enseignants à rendre l’exercice vivant. Avec elle, des hauts fonctionnaires interviennent en classe pour mettre de la chair à la figure de l’Etat et expliquer comment il agit. Des interventions qui vont jusqu’à la simulation de débats parlementaires ou de procès.
Lutter contre la crise démocratique
« On a à cœur de mettre en avant des figures de la méritocratie qui viennent dire que leur fonction est accessible à tous les élèves« . L’association Parlons démocratie fait intervenir près de 200 hauts fonctionnaires dans les salles de classe. Magistrats des différentes Cours, fonctionnaires du Sénat ou de l’Assemblée nationale, ayant tous une connaissance approfondie du fonctionnement réel des institutions, ils veulent faire comprendre aux jeunes français le fonctionnement de la démocratie et des institutions.
« On a des enseignants fers de lance de la République, profondément engagés, mais qui ne sont pas formés au fonctionnement des institutions. Ils ont une difficulté à transmettre car ils n’ont pas une connaissance de l’intérieur des institutions« , nous dit Raphaël Culliford, le délégué général de l’association. Pour lutter contre la crise démocratique et le désengagement des jeunes, l’association propose des interventions bénévoles dans les établissements.
Répondre aux interrogations face à face
« On traite les sujets en fonction de la demande de l’établissement », nous dit R. Culliford. « Les sujets évoqués le plus souvent sont le parlement, la justice, les collectivités locales, l’union européenne« . Sur ces sujets, « Parlons démocratie » peut faire intervenir un administrateur du Sénat, un juge de la Cour de Cassation, un cadre territorial, un juge de la Cour de justice européenne, par exemple.
L’association croit beaucoup dans la rencontre avec les élèves. « Les seules interactions qu’ont certains jeunes avec l’Etat sont perçues comme des contre exemples« , nous confie R. Culliford. « Par exemple, pour eux, l’Etat c’est la police. Montrer à ces jeunes que l’Etat c’est bien plus que ça, que c’est le bien commun et qu’il y a des gens qui ont des convictions et des parcours moins simples que ce que l’on croit, c’est important. C’est auprès de ces jeunes que l’on souhaite intervenir. Ils posent des questions piquantes. Mais le vrai problème ce ne sont pas leurs questions. C’est qu’il n’y a pas de réponses. Nos membres peuvent apporter des réponses détaillées. Ils peuvent montrer que leur fonction est accessible à tous les élèves« .
Lutter contre les préjugés et l’ignorance
L’association « Parlons démocratie » ne propose pas que ces face à face. Elle propose aussi des simulations de procès, de débat parlementaire ou de débat municipal. Pendant une heure les élèves incarnent par exemple un député sur un sujet qui les concerne. « On leur montre le fonctionnement des institutions, par exemple la fabrication de la loi, et on travaille le savoir débattre« , explique R. Culliford. Une autre intervention rencontre un certain succès : c’est la réécriture en commun avec les enseignants et les élèves du règlement intérieur de l’établissement. « Là les élèves vivent une vraie expérience démocratique. Ils prennent des décisions qui ont un impact sur la vie de leurs camarades. Et ils découvrent souvent que leurs propositions font l’unanimité« .
Pour « Parlons démocratie » , tous ces efforts « ce n’est pas une potion magique, mais ça aide« . L’association veut lutter contre le désintérêt envers le parlement et la vie démocratique. Elle le fait en démystifiant leur fonctionnement et en affrontant les préjugés. « Quand on explique le travail en commission à l’Assemblée ou au Sénat, par exemple, les jeunes comprennent à quoi sert le Parlement et ils comprennent aussi pourquoi les séances ne font pas toujours le plein. Ils distinguent la vérité de la rumeur« , ajoute R. Culliford.
L’association participe aussi à la formation des enseignants dans 21 académies. Les interventions dans les établissements sont gratuites, sauf défraiement. « Il suffit de nous contacter sur notre site Internet« .
François Jarraud
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