Présente au Forum des Enseignants innovants, Narjiss Aoukach (Professeure de français à Montréal, au secondaire 1 et 2 – élèves de 12-13 ans), s’expose à Poitiers pour nous partager son projet d’utilisation pédagogique des outils numériques. Elle s’avoue influencée par des actrices et acteurs de la classe inversée français qu’elle apprécie de croiser ici au Forum, et ailleurs. Son usage du numérique éducatif peut l’amener jusqu’à chercher à profiter de la plus-value apportée par des applications spécialisées et des plateformes d’apprentissage en ligne. Une approche qui selon elle, stimule l’engagement, développe les compétences technologiques et crée une communauté d’apprentissage interactive pour préparer les apprenants aux défis du monde moderne.
Quel constat initial a motivé la mise en place du projet ?
En 2012-2013, je souhaitais mettre à disposition de mes élèves des ressources de manière simple et contrôlée. Je désirais intégrer ce souhait à la mise en oeuvre d’un dispositif d’apprentissage stimulant, dynamique. Pour ce dernier, j’ai recherché des expériences menées par d’autres collègues, et ai découvert le dispositif de classe inversée. Pour ma pratique professionnelle, j’ai voulu renforcer les notions de collaboration et d’inclusion. La personnalisation des propositions pédagogiques me semblait une bonne voie, appuyée par un partage au sein d’une communauté. Ce projet ICR (iPad/Classe inversée/Réseaux sociaux) est opérationnel depuis environ 6 ans. Il permet notamment aux élèves de préparer le contenu à la maison, libérant du temps pour des échanges approfondis, des activités collectives en classe.
L’idée diffuse-t-elle au sein de l’établissement ?
Le versant classe inversée ne rencontre pas un énorme succès. La gestion de classes hétérogènes a surtout encouragé les collègues à développer l’usage des tablettes, conformément à ce que précise le « cadre de référence de la compétence numérique » diffusé par le gouvernement du Québec. La pression liée à l’évaluation régionale du système éducatif existe aussi au sein des établissements.
Pour ma part, l’utilisation d’une application de gestion de classe, me permet de tout voir, de personnaliser les aides, de contrôler individuellement les activités des enfants sur les tablettes. Je considère ces dernières comme des outils d’apprentissage, sur lesquels les jeunes réalisent les dictées, déposent leurs productions écrites…
Quelles réactions des familles par rapport à l’usage des réseaux sociaux ?
Lors des rencontres avec les familles, je partage les informations sur mon projet. L’utilisation raisonnée des réseaux (YouTube, Instagram, TikTok) nous permet de partager, sous contrôle, les moments forts de nos séances. Les parents s’abonnent à mon compte, des comptes élèves et classe sont utilisés. Ils participent ainsi à une vraie communauté virtuelle où nous partageons les idées, collaborons, posons les questions. Cet usage favorise une interaction continue, et contribue à la compréhension de ce qui se passe en classe, et à la réussite scolaire.
Propos recueillis par Jean-François Liaudiois