Quelques heures après l’attentat d’Arras, Sophie Djigo professeur de philosophie dans l’académie de Lille, était la cible de cyberharcèlement et de menaces de mort de la part de la fachosphère. Son tort ? avoir mené un projet interdisciplinaire sur le thème de l’exil et des frontières avec une sortie pédagogique à Calais et des ateliers pour permettre aux étudiants de rencontrer des bénévoles au contact quotidien des migrants. C’était en janvier dernier, et déjà elle avait fait les frais d’une campagne de calomnie sur les réseaux sociaux.
Dans un article, le Huffingtonpost décrit l’enchainement des évènements le vendredi 13 octobre dernier. « Ce vendredi 13 octobre, il est midi et seize minutes quand Damien Rieu, cadre chez Reconquête ! en charge de la propagande numérique, publie un tweet visant à la fois l’enseignante et la journaliste qui lui a donné la parole. « Il y a 24 heures, la Voix du Nord et [Laurie Moniez] offraient une pleine page à une prof militante LFI dirigeante d’une association pro migrants pour expliquer que le danger à l’école, c’était les Parents vigilants de Reconquête. Aujourd’hui, un fan du Hamas frappe un lycée à Arras », tweete ce proche de Marion Maréchal Soit moins d’une demi-heure après la première alerte AFP sur l’attaque commise par Mohammed M., diffusée à 11 h 49. Ce samedi 14 octobre dans la matinée, ce message avait été vu plus de 350 000 fois, selon le compteur de vues affichées sur la publication. Puis c’est le compte de Pierre Sautarel, aux commandes du navire amiral de la fachosphère, Fdesouche, qui publie un tweet similaire, avec la même capture de l’article : plus de 480 000 vues. Une viralité qui a entraîné son lot de commentaires orduriers, voire de menaces à l’encontre de l’enseignante, comme l’a rapporté Libération. Ce samedi, il suffit de taper le nom de Sophie Djigo dans la barre de recherche de X (ex-Twitter) ou de consulter les citations de la publication de Damien Rieu pour constater que de nombreuses menaces sont toujours en ligne. « Sophie Djigo était encore sous le choc de ce qui venait de se dérouler au lycée Gambetta d’Arras lorsqu’elle a découvert ce torrent de haine. Elle nous indique avoir procédé à un signalement auprès des forces de l’ordre et dit accuser le coup », écrit Libération ».
Plusieurs syndicats, dont la FSU, le SNES-FSU, soutiennent l’enseignante.