Le lundi 28 aout, dans sa conférence de presse de rentrée, Gabriel Attal annonce que le nombre de textes à étudier pour l’oral de français au bac sera réduit de 20 à 16 en voie générale. L’annonce sera saluée par la plupart des enseignantes et enseignants qui depuis des années réclamaient un tel aménagement de l’Epreuve Anticipée de Français via lettres ouvertes, pétitions en ligne, syndicats ou associations professionnelles …
La décision interroge cependant : pourquoi avoir longtemps répondu à ces demandes par un silence méprisant ? pourquoi ce qui était officiellement impossible hier le devient-il brutalement aujourd’hui ? pourquoi une fois de plus passer sous silence la voie technologique ? pourquoi avoir attendu la rentrée pour l’annoncer alors que beaucoup ont déjà conçu leur progression annuelle ? quid des autres revendications, par exemple sur l’artificialité de la question de grammaire ou la norme de l’approche linéaire ? quid des sanctions ou menaces de la session précédente contre celles et ceux qui avaient anticipé l’allègement ? la réduction du nombre de « morceaux choisis » n’invite-t-elle pas à repenser en 1ère la didactique de l’œuvre intégrale, donc le travail et/ou la pertinence de la dissertation sur œuvre ? en réalité, une telle approche uniquement quantitative peut-elle suffire ? …
Car, il faut encore le rappeler, la question du nombre de textes est le symptôme d’une maladie bien plus grave ; ce sont les programmes et les épreuves dans leur globalité qui sont à reconstruire, pour que les professeur.es cessent d’être traité.es comme des comptables et les élèves comme des perroquets, pour que l’apprentissage du français soit enfin, authentiquement, une expérience de la langue et des langages, de la littérature et du monde.
C’est d’ailleurs l’invitation lancée par l’Association Française pour l’Enseignement du Français en cette rentrée 2023 : « Si le lycée était l’aboutissement de l’enseignement du français depuis la maternelle, dans ses versants langue et littérature, nous serions en droit d’attendre que les élèves y aient une autre représentation de la littérature qu’un saucissonnage en textes choisis, et une autre représentation de la langue que des questions de grammaire peu contextualisées. » L’AFEF lance une réflexion collective pour redonner du sens à l’enseignement du français, interroger ses pratiques et finalités, favoriser « la logique d’un curriculum qui permettrait à tous les élèves d’acquérir progressivement les compétences de compréhension de l’écrit, indispensables à la réussite scolaire et professionnelle, mais également de développer le goût de la lecture et de la réflexion pour devenir des personnes et des citoyens éclairés par ce que notre discipline peut leur apporter .» Rendez-vous le 9 septembre pour un « laboratoire d’idées » et le 13 janvier pour une journée de rencontre-débat en vue d’une lettre ouverte et d’une demande d’audience au ministère.
Chiche ?
Jean-Michel Le Baut
Invitation de l’Association Française pour l’Enseignement du Français
Tribune de Viviane Youx dans Le Café pédagogique
Tribune d’Alain Boissinot via Le Café pédagogique