Le 30 mars dernier, la Depp – Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance – publiait « L’indice de position sociale : un outil statistique pour décrire les inégalités sociales entre établissements ». Cette note s’est intéressée à l’étude des profils sociologiques des collèges, publics et privés sous contrat et à la corrélation possible de l’IPS à la réussite au DNB – Diplôme National du Brevet. Le constat est clair, les établissement les plus ségrégués socialement sont les établissements privés sous contrat – dont l’IPS est très élevé et ceux de REP dont l’IPS est le moins élevé. Les résultats aux DNB s’en ressentent considérablement.
Les IPS, indicateur du profil socioéconomique des élèves
« Quel est le niveau social moyen d’un collège ? Quel est le degré d’hétérogénéité sociale des élèves qu’il accueille ? Comment comparer ce collège à un autre, du point de vue de leur situation sociale ? L’indice de position sociale (IPS) est un outil construit pour répondre à ce type de questions » explique la Depp qui rappelle que le l’IPS « d’une PCS (Profession et Catégorie Sociale) donnée est ainsi le résumé quantitatif d’un certain nombre d’attributs socio-économiques et culturels favorables à la réussite scolaire, que l’on retrouve en moyenne pour cette PCS. L’IPS permet ainsi d’attribuer un « score » aux PCS en fonction de multiples dimensions favorables à l’apprentissage ». Ainsi, pour « apprécier le niveau social d’une établissement », il faut regarder du côté de l’IPS moyen de celui-ci mais aussi du côté de l’écart-type qui permet d’apprécier la différence entre l’IPS le plus élevé et le plus bas de l’établissement, donnant ainsi à voir si mixité il y a.
De fortes disparités géographiques
Des disparités en fonction du statut (public/privé) et du label Éducation Prioritaire (EP)
Dans le privé, l’IPS moyen d’un collégien est de 121, soit 20 points de plus que celui d’un élève scolarisé dans le secteur public qui affiche une moyenne de 101. Des disparités sont aussi soulignées en fonction de l’appartenance à un réseau d’éducation prioritaire (REP) ou à un réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+). « En effet, l’IPS moyen des élèves scolarisés dans des collèges en éducation prioritaire (EP) est de 74 en REP+ et de 85 en REP, tandis que celui des élèves du secteur public hors EP est de 106 ».
Dans 90% des collèges REP+, l’IPS moyen est inférieur à 83 alors que « 90 % des collèges du secteur public hors EP ont un IPS supérieur à 91 et 90 % des collèges du secteur privé ont un IPS supérieur à 101 ». « Si la quasi-totalité des collèges en REP+ et les trois quarts des collèges en REP ont un IPS inferieur à 90, cela ne concerne que 8 % des collèges publics hors EP et moins de 1 % des collèges privés sous contrat » ajoute le service de statistique ministériel.
Des collèges fortement ségrégés : en éducation prioritaire et dans le privé.
Des résultats aux DNB corrélés à l’IPS moyen de l’établissement
« Les résultats au DNB sont en moyenne meilleurs dans les collèges les plus favorisés socialement » indique l’organisme de statistique. « Le taux de réussite au DNB est ainsi de 97 % dans les collèges dont l’IPS moyen des candidats en série générale est supérieur à 130, soit 18 points de pourcentage de plus que dans les collèges les moins favorisés socialement, c’est-à-dire ceux dont l’IPS est inferieur à 80. De même, la note aux épreuves écrites du DNB est en moyenne plus élevée de 5 points (sur 20) pour les collèges les plus favorisés socialement, par rapport aux moins favorisés ». Pour reprendre les exemples des collèges Jeannine Manuel et Elsa Triolet, le premier (collège privé) affiche un taux de réussite au DNB de 100 %, avec une moyenne de 13,6 à l’écrit. Le second, 77% de taux de réussite et une moyenne de 6,2.
Un plan ambitieux pour lutter contre la ségrégation scolaire et sociale nécessite donc de jouer sur des deux leviers : obliger l’enseignement privé à participer à plus de mixité, renforcer et « désenclaver » l’éducation prioritaire. Pour rappel, le ministre de l’Éducation national annonce depuis plusieurs mois un plan pour la mixité sociale auquel les établissements de l’enseignement catholique sous contrat seraient associés. Et du côté de l’éducation prioritaire, le ministre doit aussi faire des annonces… qui tardent elles aussi.
Lilia Ben Hamouda
