La récente publication des calendriers scolaires des 3 années à venir a reposé la question des vacances. La France compte-t-elle davantage de congés scolaires que ses voisins européens ? Les vacances d’été sont-elles particulièrement longues en France ?
Des congés d’été plus courts qu’ailleurs
La publication par Eurostat, l’organe statistique de la Communauté européenne, de « l’organisation du temps scolaire en Europe 2022/2023 » permet une comparaison à l’échelle du continent.
Contrairement à ce qu’on lit parfois, les congés d’été sont plutôt courts en France par rapport aux autres pays. Comme en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark, à une partie de la Belgique ou en Norvège, la France compte moins de 8 semaines de congés d’été. Partout ailleurs en Europe, les vacances d’été sont plus longues. 8 à 10 semaines en Europe centrale. 10 à 12 semaines en Espagne et dans les Balkans. Plus de 12 semaines en Italie, en Grèce, en Turquie et à Malte qui détient le record. Nos 7 semaines ne représentent plus que la moitié des vacances d’été de ces pays.
Une alternance à peu près régulière
La particularité de la France est ailleurs. C’est l’alternance régulière de 7 semaines de cours suivies de 2 semaines de congés. On a ainsi 4 congés intermédiaires de 2 semaines. Seule la Belgique francophone nous emboite depuis cette année le pas dans ce rythme. Et ils le font de façon plus régulière puisque le zonage amène à prendre des libertés pour les congés de printemps. Si on prend les congés d’automne, 19 pays n’ont qu’une semaine, certains 3 (République tchèque), d’autres rien du tout (pour 13 pays).
Clairement, la régularité française fait figure d’exception en Europe. Comme l’expliquait C Lelièvre dans un article publié par le Café pédagogique en 2017, cette régularité, selon un rythme 7-2, a été défendue par les chronobiologistes. Mais elle a eu beaucoup de mal à résister au lobby touristique. Ce sont les vacances de Toussaint qui historiquement ont posé problème aux ministres. Ainsi, en 1986, JP Chevènement fixe un calendrier régulier avec 2 semaines à la Toussaint. Calendrier remis en question dès 1987 par René Monory, ancien ministre de l’Industrie et du Commerce… Plus récemment, en 1994, F Bayrou, réduit les congés de la Toussaint et crée un congé de quelques jours à l’Ascension. Et pour les 3 années à venir, le lobby touristique vient d’obtenir que les congés de printemps soient décalés par zone.
Au total, tous les pays d’Europe comptent 100 à 120 jours de congés annuels. Seuls 7 pays excèdent 120 jours. La France en fait partie avec l’Estonie, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, Malte et la Roumanie.
Le problème du calendrier hebdomadaire
Mais la vraie singularité française est encore ailleurs. Il y a une certitude, donnée celle-ci par « Recommanded annual instruction time « une autre publication d’Eurostat : la France fait partie des pays qui comptent le plus d’heures de cours en Europe. On compte en France environ 9000 h d’enseignement obligatoire alors que la moyenne européenne est de 7 700. On a par exemple 4320 h de cours au primaire quand les Européens en ont en moyenne 2956 et 3784 h au collège contre 2956 en moyenne.
Mais on est aussi le pays qui compte le moins de jours de classe à l’école et au collège avec environ 162 jours (le calendrier officiel compte en semaines, pas en jours) contre de 170 à 190 en moyenne en Europe. Ces deux phénomènes conjugués établissent des horaires scolaires particulièrement lourds pour les élèves et les enseignants qui ne sont pas pour rien dans les difficultés et les inégalités constatées dans le système éducatif français.
François Jarraud