Bonne nouvelle : les enseignants français n’ont pas les salaires les plus bas d’Europe selon la nouvelle édition du Teachers’ and School Heads’ Salaries in Europe, une publication d’Eurydice. Par contre la France se singularise par une lente évolution de carrière et surtout une stabilité réelle des salaires sur les 5 dernières années.
Un pays plutôt égalitaire…
La première révélation de cet atlas des salaires enseignants européens, c’est les écarts salariaux énormes entre enseignants européens. Si l’on prend cela va de 4189€ pour une enseignante de maternelle en Albanie à 93 042 pour une professeure de lycée au Lichtenstein.
Il y a en fait deux types de différences. Dans la plupart des pays européens (28/39), les salaires diffèrent selon le niveau d’enseignement. La France fait partie des 11 pays où les enseignants touchent (à peu près) la même paye de la maternelle au lycée. Les autres sont la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, le Montenegro et la Turquie. Partout ailleurs il y a des écarts, souvent en lien avec le niveau de diplôme demandé. Ainsi chez nos voisins belges le professeur de lycée touche 10 000€ de plus que celui du premier degré. En Suisse et au Lichtenstein il y a 20 000 € d’écart.
Dans la médiocrité salariale
La deuxième est dans le niveau de salaire. En France le salaire d’entrée dans le métier varie de 26 537€ dans le premier degré à 29 065 dans le second. Dans seize pays sur 39 les enseignants touchent moins qu’en France. Il s’agit principalement de pays pauvres d’Europe centrale : Albanie, Bulgarie, Serbie ou moins pauvres : Hongrie et Pologne par exemple. Nos voisins font généralement mieux : 51 695€ en Allemagne à l’école primaire, 59 935 en lycée; 30 550 dans le primaire et 34 121 en Espagne, 32 010 et 39 817 en Belgique française, 39 504 aux Pays Bas. Le record est détenu par le Luxembourg, la Suisse et le Lichtenstein. Les enseignants suisses de maternelle touchent 69 967€, 75 012 à l’école élémentaire, 83 606 au collège et 94 162 au lycée.
Une évolution de carrière très lente
Seconde particularité de la France : l’évolution de carrière y est particulièrement lente. Par rapport au salaire d ‘entrée dans le métier, au bout de 10 ans le salaire a augmenté de 13%, de 21% au bout de 15 ans. Il augmente de 70% mais seulement en fin de carrière.
Les taux d’augmentation sont plus forts dans la plupart des pays. Il y a tout un groupe de pays où dès 15 ans on a une forte revalorisation salariale. Ainsi aux Pays Bas les salaires augmentent de 75% dans les 15 premières années avant de faire plus que doubler en fin de carrière. En Irlande c’est 62 et 88%, tout comme en Pologne. Même au Luxembourg , où les salaires sont très élevés, la hausse est de 39% au bout de 15 ans et 75% en fin de carrière. Enfin il y a des pays où la hausse salariale est faible : l’Espagne par exemple où elle culmine à 42% en fin de carrière ou l’Allemagne avec 31%.
Stagnation salariale depuis 2014
Troisième particularité française : les enseignants français ont vu leur salaire stagner entre 2014 et 2020. Sur ces 5 années scolaires , la hausse salariale en France est de 2% dans le 1er degré en début de carrière et 3% dans le second degré. L’Italie n’a pas fait mieux. L’Espagne a fait le double. Partout ailleurs, sauf dans 8 pays où les salaires ont diminué, on a connu des hausses à 2 voire 3 chiffres. Champion de la revalorisation : la Roumanie : 198% de hausse, suivie par la Bulgarie (93%) et la Lettonie (70%). Le cas le plus courant est une hausse de 10 à 20%. Allemagne, Pologne, Autriche, Suède, Hongrie, Irlande sont dans ces eaux. Il reste 8 pays où les salaire sont baissé : -2% en Belgique et au Portugal, -1% en Norvège, -12% au Luxembourg.
François Jarraud