Œuvre au programme du français en 1ère, la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », écrite en 1791 par Olympe de Gouges, est une réécriture de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789. Le mot « homme » est-il ici, comme on l’a prétendu, un terme générique désignant l’espèce humaine et incluant les femmes ? Dans son nouvel ouvrage, Eliane Viennot démonte ce mythe en traquant l’étymologie, les définitions, les usages et les instrumentalisations du mot « homme », jusqu’à l’imposture récente de la majuscule. La langue française s’avère à nouveau masculiniste pour contrôler les esprits, la société, les lois. Et l’escamotage perdure : en 1948, les nations adoptent à Paris l’« Universal Declaration of Human Rights », mais « les hommes à la manœuvre en France conservent l’expression « droits de l’homme » dans sa version francophone », jusque dans le préambule de la Constitution de 1958. L’illusion selon laquelle le masculin serait générique produit d’autres ravages : « Les enfants à qui l’on présente des professions au genre grammatical inspiré des stéréotypes (infirmière, assistante sociale, mécanicien, docteur) se projettent préférentiellement dans celles qui semblent faites pour leur sexe, alors que les professions présentées aux deux genres « infirmier / infirmière) leur semblent plus accessibles. » Un opuscule décapant et salutaire.
Eliane Viennot, « En finir avec l’homme », Editions iXe, 2021, ISBN 1090062702
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Eliane Viennot dans Le Café pédagogique
