« Nous voilà fin août, déjà. Après une année épuisante, ces vacances pleines de projets sont passées bien vite, même s’il en reste encore un peu, dont je compte bien profiter jusqu’au bout ». Professeure de mathématiques, Claire Lommé partage ses préoccupations à quelques jours de la rentrée. « Cela fait quelques jours que l’idée de rentrer a pris sa place, tranquillement », dit-elle. Tranquillement, vraiment ?
J’ai la chance de ne pas être soumise au stress du 1ier septembre. Je prépare mon cartable avec autant de soin que lorsque j’étais enfant, mais je dors aussi bien qu’alors. Je peux donc profiter, en évitant de penser l’incontournable moment où il faudra programmer un réveil récurrent. J’ai choisi avec gourmandise mon agenda, mon cahier de programmation. J’ai restructuré mes progressions, pensé l’organisation de la classe, le retour des rituels d’entrée, réfléchi aux projets de l’année : les projets confortables, déjà rôdés et reconduits, et puis des projets ponctuels ou nouveaux.
Cette année, je voudrais enfin me lancer vraiment dans Regards de géomètre. Les contacts pris avec les services municipaux des espaces verts de ma commune l’année dernière vont me servir en ce sens ; j’exploiterai mes découvertes de cet été : du Centre Pompidou, du Musée des Illusions, de la Villa Cavrois… Là, aujourd’hui, je me projette sur des ambitions pour mes élèves qui me semblent en même temps réalisables et raisonnables, mais aussi valorisantes et épatantes. Mais ça, c’est aujourd’hui. Parce que j’ai appris une chose au moins, en plus de vingt-cinq ans de métier : je suis du genre enthousiaste et optimiste. Une fois devant la réalité, c’est parfois très différent de ce que j’ai imaginé. Mais ce n’est pas grave : je suis une rêveuse mais j’ai les pieds sur Terre, la tête dans mon monde et les semelles sur le lino de la classe. Et puis peut-être irons-nous moins loin que prévu, ou ailleurs. Ou même nulle part, au pire. C’est un « pire » acceptable : quand on expérimente, on prend le risque d’échouer. C’est envisageable aussi, sans déshonneur.
J’ai aussi bien réfléchi à ma première séance. C’est important, la première séance : pas décisif, mais on envoie un message. Je n’ai pas résolu mon problème, à ce sujet : j’ai préparé beaucoup trop de premières séances, alors que par définition, il n’y en a qu’une. Il va me falloir choisir, et donc abandonner des idées. Ou les reporter, certes.
Autre facette de mon activité, que je goûte particulièrement : le club maths. Il s’est considérablement enrichi, récemment. J’ai bien travaillé, pendant l’été, en testant méthodiquement toutes les dernières acquisitions. Je suis au point pour expliquer les règles, conseiller telle ou telle activité selon les profils et les besoins des élèves. Et je me suis bien amusée. Mon bureau, qui a vécu l’été dans un désordre tel qu’il débordait sur la pièce d’à côté, a repris des allures civilisées, et ce sont à présent de gros sacs qui attendent de découvrir ou retrouver la classe, emplis de jeux, de livres, d’affiches, de bricolages.
La classe… Quand je regrette la perspective de la fin des vacances, je me dis qu’il y en aura d’autres, et puis je pense à ma classe. L’espace de cours, la grande table de bricolage, le coin lecture, la ludothèque… Je la parcours en pensée, et finalement il ne manque que des élèves ! Alors la rentrée me paraît avoir des qualités considérables. Tiens, d’ailleurs, ai-je imprimé les productions des CM2 de l’année dernière, des élèves de l’école d’à côté, pour qu’ils les retrouvent dans le hall pour leur entrée en 6e ? Et mes recueils de super-héros mathématiques, les ai-je embarqués dans les sacs ? Et la pile de livres de ma bibliothèque de classe, emmenés pour les relire et pas ouverts de l’été, je les ramène tels quels ? Que de questions !
Évidemment, vous aurez remarqué que je n’évoque pas les conditions sanitaires. Non que je fasse comme si covid et toutes ses conséquences, de dérangeantes à dramatiques, n’existent pas. Mais l’année dernière m’a appris plus de lâcher prise. Je n’ai aucune idée de ce à quoi cette année-ci ressemblera, sur ce point. Alors je fais des plans et je les adapterai ou je les modifierai si besoin. J’en assez des plans A, B, … J’ai dépensé trop d’énergie ainsi : on verra.
Enfin, il y a la formation : des formations programmées, loin de chez moi mais en distanciel, pour des enseignants de premier degré, des interventions aux Journées Nationales de l’APMEP de Bourges (oh, j’ai hâte de retrouver les copains de maths !!!), à destination de professeurs des écoles, aux vacances de la Toussaint. Des formations que je vais suivre, comme par exemple les Journées nationales de la société Belge des Professeurs de Mathématique d’expression française. Ah tiens, au moment où vous me lisez, elles ont commencé…
Je vous laisse, j’ai une valise à préparer !
Claire Lommé